Et si tout changeait de Isis/SV/PG13/CHLEX/15 chap

Et si tout changeait…













Disclaimer : L’univers de Smallville et ses personnages ne m’appartiennent pas.

Note : Cette fic se situe dans la première saison. Il n’y a pas d’évènements particuliers à retenir, si ce n’est quelques fois des allusions à certains épisodes, mais sans grande importance.

Genre : Romance sur fond de drame.

Couples : Chloé-Lex, Lana-Clark

Résumé : Chloé s’est faîte agresser. C’est d’abord vers Clark qu’elle se tourne, mais c’est finalement Lex qui va lui porter secours…

Feedbacks : Oui s’il vous plaît, c’est rapide et ça fait toujours plaisir ! N’hésitez pas à les envoyer, à isis111@voilà.fr !

Bonne lecture !










Chapitre 1














L’orage grondait au dehors et la pluie ne s'était pas arrêtée depuis le début de l'après midi. La lune, pâle, n'éclairait personne par cette nuit déserte, et pas un des réverbères n'étaient allumé - l'orage ayant certainement privé la ville de courent pour un certain temps.



Un bruit sourd se fit entendre à la porte d'entrée. Quelqu'un de normalement constitué n'aurait pas même bougé un cil, mais Clark Kent se réveilla en sursaut. Il se leva d'un bond et couru jusqu'à l'entrée. Une crainte l'envahissait: s’il y avait eu le moindre problème, on aurait frappé à la porte, mais ce n'était pas des coups qui l'avaient réveillé... Alors qu'était-ce? Inquiet, il ouvrit la porte et aperçu avec effroi une forme noire allongée sur le sol, contre la porte. Il se pencha lentement et découvrit avec stupeur une Chloé meurtrie de bleues, qui respirait difficilement et avait peine à ouvrir les yeux. < Mon dieu! > Il la prit rapidement dans ses bras et l'emmena à l'intérieur. Il l'allongea sur le canapé et s'approcha d'elle : < Chloé, qu'est ce qui s'est passé? Je t'en pris il faut que tu me le dises... > Elle entrouvrit les lèvres mais n’articula que trois mots : <Plus tard Clark... >Voyant que ce n'était pas la peine d'insister, il entreprit de l'examiner. Ce qu'il découvrit le laissa sans voix : elle portait un nombre incalculable de traces de coups sur les bras et les jambes, et Clark était prêt à parier qu'il y en avait sur tout le corps. <Oh mon dieu, oh mon dieu... > Il ne pouvait croire à ce qu'il voyait. Son cœur se souleva lorsqu'il regarda le visage de son amie : les hématomes y étaient également très marqués, et son visage d'ordinaire si gai et si vivant n'exprimait à présent que souffrance et tristesse. Elle ouvrit lentement les yeux, et lorsqu'elle vit qu'il était en train de la fixer, elle lui dit d'une voix enraillée : < Clark... je sais que je suis belle mais... sois plus discret... s'il te plait... > Elle acheva sa phrase dans un souffle mais réussit tout de même à laisser s'échapper un sourire crispé. Chère Chloé! Même dans les moments les plus douloureux, elle ne s'effondrait pas.

Cependant, Clark ne savait plus quoi faire. Ses parents, absents pour trois jours à Metropolis pour un rendez-vous important, ne l'appelleraient pas au moins avant demain matin, et quand bien même ils le feraient avant, ils ne pourraient rien faire à distance... < J'appelle l'hôpital! >, s'écria-t-il à haute voix.





<_Non! , avait presque crié la jeune fille.



_Chloé! Il fait faire quelque chose et c'est la seule solution Mes parents sont absents et il est hors de questions que tu restes ici sans te faire soigner!



_Clark, tu... tu ne comprends pas. Il... il me retrouvera là bas et je... Et puis je serais obligée de parler, d'expliquer et je ne peux pas le faire... Je n'en ai pas... le droit... Je t'en pris Clark, si je suis venue ici, c'est... pour que tu m'aides, pas... pas pour aller à l'hôpital... J'aurais très bien pu y aller toute seule! Il faut que personne ne soit au courent... Tu entends Clark? Personne ! >

Ce flot de paroles lui avait arraché une grimace de douleur et des larmes perlaient au fond de ses yeux. Elle les laissa s'échapper pendant qu'elle reprenait son souffle Clark s'approcha d'elle. Il la prit dans ses bras et la berça doucement, comme il l'aurait fait pour un petit enfant... < Chut Chloé... Chut, c'est finit tout va bien... Tu es là, avec moi et il ne pourra plus rien t'arriver... Ne t'en fait pas, je suis là... > Chloé pleurait doucement sur son épaule, et se laissa totalement aller contre lui au son de ses paroles. Quelle ironie du sort! Il fallait qu'elle se fasse agresser et rouer de coups pour que Clark la prenne enfin dans ses bras. Mais il aime Lana, se dit-elle, et tu ne pourras jamais rien faire contre ça ma vieille! Alors autant accepter le destin et essayer de se tourner vers autre chose... Il ne t'embrassera jamais et tu le sais! Il faut te faire une raison Chloé! Il ne t'embrassera ja... Une pression sur ses lèvres interrompit le fil de ses pensées. Enfin! Clark s'était décidé à faire ce qu'elle n'aurait jamais imaginé! Et pourtant... Quelque chose au fond de Chloé s'alarmait, et la rendait plus triste encore que si son ami avait continué de se comporter en tant que tel... Car au fond d'elle, elle savait bien que si Clark l'embrassait aujourd'hui, c'était par pitié et parce qu'il ne distinguait plus l'amitié forte de l'amour. Elle savait également que c'était Lana qu'il aimait, et qu'elle seule pouvait prétendre au titre de petite amie de ClarK Kent. Elle ne lui en voulait pas. Bien au contraire, elle savait qu'il ne pensait que bien faire et qu'il n'envisageait pas un seul instant de la faire souffrir. Alors elle profita pleinement de peut être l'unique moment d'intimité qu'elle aurait avec son ami.

Clark ne savait plus ce qu'il faisait. Il s'était approché de Chloé, l'avait enlacé dans le seul but de la consoler e s'était retrouvé en train de l'embrasser fougueusement... Il se dit tout d'abord que c'était une possibilité qu'il n'avait jamais envisagé et qu'après tout pourquoi pas... Mais le doux visage de Lana lui venait sans cesse à l'esprit. Il se sentait coupable, mais de quoi? Lana sortait avec un autre, il avait tout à fait le droit d'en faire autant... Sa culpabilité venait surtout du fait qu'il n'aimait pas Chloé. Il l’aimait, bien sûr, mais pas comme ça, pas de cette manière la… Alors, tout doucement, il s’écarta du visage meurtri de son amie et balbutia quelques mots.





<_Je… Je n’aurais pas dû, je sais. Je suis désolé Chloé.



_Chut… Clark , ce n’est rien, ce n’est rien je t’assure.



_Ecoute Chloé, tu ne peux pas rester ici. Une lueur d’effroi passa dans les yeux de la jeune fille. Tu veux que personne ne soit au courant de ce qui t’est arrivé, mais tu as besoin d’être soignée ! Mes parents vont revenir tôt ou tard et eux ne te laisseront certainement pas ici… Il y a toujours plein de monde qui passe chez moi pour commander des choses et ta présence ne passera pas inaperçu…



_Alors cache-moi dans la grange! Clark je t’en pris… Il fait que tu m’aides ! La détresse qui se lisait sur son visage dérouta Clark, il ne savait plus quoi répondre.



_Mon père est toujours dans la grange… Chloé TU AS BESOIN DE SOINS !

Une larme coula au coin de l’œil de Chloé. Ses yeux se perdirent dans le vague et elle articula faiblement : <Si tu savais Clark… Si tu savais…



_Justement Chloé, dit-moi ce qui s’est passé ! Dit-le moi et je pourrais t’aider !



_Non ! Je ne peux pas Clark ! Tu peux comprendre ça ? Je ne peux pas…>

Sa voix se perdit au milieu de ses sanglots. Réfléchissant à toute allure, Clark s’écria soudain : < Lex !



_Quoi ?



_Tu vas aller chez lui ! C’est le seul endroit où tu pourras être soignée sans que personne ne sache où tu es !



_C’est hors de question. Je ne veux pas que Lex soit au courant.



_Chloé je t’en pris… Pour une fois dans ta vie, n’en fait pas qu’à ta tête et fait confiance aux autres. Je te promets qu’il ne t’arrivera rien, compte sur moi. >

La jeune fille poussa un long soupir - qui lui arracha une nouvelle grimace de douleur. <D’accord Clark, je te fais confiance. >

Elle l’entendit s’éloigner et décrocher un téléphone.

Chapitre 2












La sonnerie fit sursauter Lex. Qui pouvait bien l’appeler à une heure pareille?





<_Allô Lex ?



_Clark ? Qu’est-ce qui se passe ?



_C’est Chloé. Il faut que tu viennes tout de suite chez moi.



_D’accord j’arrive, ne bougez pas. >



Sans chercher à en savoir plus, Lex enfila les premiers vêtements qui lui tombèrent sous la main et sauta dans sa voiture. Il conduisit plus vite que d'ordinaire - ce qui, connaissant l'ordinaire, n'est pas peu dire ! - et faillit tomber dans un ravin à deux reprises. Mais cela ne l'effraya pas le moins du monde. Au contraire, il aimait ça. Jouer avec la mort, une des dernières choses sur cette Terre que ne s'inclinait pas devant lui, mis à part son père, Clark et le père de Clark. Et Chloé. Clark n'avait pas voulu (ou n'avait pas eu le temps) de lui dire ce qu'il se passait. Il espérait qu'elle allait bien et qu'il ne lui était rien arrivé, mais l'heure tardive (ou très matinale) de l'appel ne lui fit rien présager de bon. Il aimait beaucoup Chloé, pour sa franchise et sa spontanéité. Elle ne jouait pas un rôle en sa présence et cela le flattait plus que tous les compliments hypocrites qu'il recevait sans cesse.

Il arriva chez les Kent très rapidement et frappa fort à la porte. Ce fut un Clark livide qui lui ouvrit et Lex comprit tout de suite que la situation devait être alarmante.





<_Qu'est-ce qui se passe Clark?



_Lex, il faut que tu m'aides.



_Bien sûr à quoi faire? Et que vient faire Chloé la-dedans?



_Est-ce que tu peux l'héberger chez toi quelques temps?



_Oui évidemment!



_Je veux dire... Sans que personne ne le sache.



_Quoi? Clark dis moi ce qu'il se passe!



_Chloé a...vient avec moi.>



Lex suivit Clark dans le salon, vit Chloé allongée sous une épaisse couverture mais ne comprit pas tout de suite la situation. Ce ne fut que lorsque Chloé tourna la tête vers lui qu'il comprit.< C'est gentil de me rendre une petite visite Lex! > Le jeune homme se précipita vers elle.



<_Mon dieu Chloé, qui t'a fait ça?



_Elle ne veut rien me dire, intervint Clark. Elle m'assure qu'elle n'en a pas le droit et que personne ne doit être au courant, sinon " il " le saura... Elle est terrorisée, Lex! Mais je ne peux pas l'emmener à l'hôpital et elle explose en sanglot dès que je parle d'avertir quelqu'un! J'ai vraiment besoin de ton aide!



_Clark, si quelqu'un s'aperçoit de quelque chose... Il s'interrompit et repris d'une voix plus ferme: Je le ferais. Pour toi et pour Chloé.



_Je te le revaudrais Lex, je te le promets!



_Clark, je fais ça en tant qu'ami, je ne te demande rien. Et ne t'en fait pas pour Chloé, je ferais appel aux meilleurs médecins que je connaisse. Je veillerais sur elle comme sur ma propre vie et je ne laisserais personne s'en approcher, je te le jure! >

Chloé intervint pour la première fois depuis le début de leur conversation.

<Merci Lex. Merci pour tout. > Lex lui prit la main.



_C'est normal Chloé. Je te promets que je veillerais sur toi.

Elle esquissa un pâle sourire.

Il la prit doucement dans ses bras et alla la déposer dans sa voiture.



_Ne t'en fait pas Clark, personne ne sera au courant. Je sais être discret, comme tout le monde chez moi.



_Merci Lex. Tu es un vrai ami.



_Je fais ça pour toi Clark, mais je le fais aussi pour Chloé. >



Il ajouta avant de s'engouffrer dans sa voiture de luxe < Et ne te tracasse pas pour ses parents, je m'en occupe. > Clark lui fit un sourire reconnaissant.

Il regarda la voiture s'éloigner, tout en se demandant ce qu'il ferait sans Lex et ce qu'il adviendrait si leur précieuse amitié tournait mal. Mais cela n'arriverait jamais.





Dans la voiture, Lex observa Chloé plus attentivement et fut stupéfait du nombre de marques qu'il découvrit sur son visage. Une partie de son bras était visible et il y vit d'autres traces de coups. Une haine l'envahit contre le malade mental qui lui avait infligé ça. Elle ne le méritait pas. Pas plus que n'importe qui d'ailleurs. Il entendait sa faible respiration qui s'essoufflait au moindre mouvement trop brusque de la voiture, qui lui était douloureux. Mais il n'entendit pas une plainte. Il admira son courage.





<_Je fais peine à voir, non? , articula-t-elle doucement.



_Tu es plus courageuse que la plupart des gens que je connais. >





Elle sourit. Pâle, mais c'était un sourire quand même.

Il conduisait prudemment, et Chloé remarqua qu'il était très bon conducteur. Pourtant elle l'avait également vu arriver comme un fou en se garant de manière suicidaire. Pourquoi jouer ainsi avec sa vie? Mais elle savait bien au fond d'elle que Lex ne jouait pas avec sa vie, il flirtait avec la mort. Et elle pensait aussi savoir pourquoi. Malgré ses nombreux contacts, Lex était quelqu'un de très seul, qui devait sans arrêt faire face aux compliments ou aux injures de tout le monde. Rencontrer de si près la mort devait lui permettre de se sentir vivant, et d'être traité sans aucun ménagement. Pour la première fois, Chloé ressentit un élan de réelle sympathie à l'égard du jeune milliardaire, qui lui venait en aide sans rien demander. Il ne l'avait même pas questionnée. N'importe qui d'autre aurait immédiatement insisté pour en savoir plus et ne se serait jamais engagé sans savoir ce qu'il s'était passé exactement. Pas Lex. Et c'était ce respect pour sa vie privée qui touchait particulièrement Chloé.

Celle ci était d'ailleurs tellement plongée dans ses pensées, qu'elle ne voyait pas les beaux yeux bleus de Lex l'observer furtivement dans le rétroviseur.

Il pensait à ce qu'elle avait subi, et non plus à celui qui le lui avait fait ni à a manière dont cela s'était passé. Elle ne lui en avait rien dit et il n'avait pas insisté. Il n'entamerait pas de recherche et ne préviendrait personne si elle ne le lui demandait pas. Il attendrait qu'elle se confie, à lui ou à n'importe qui. Il savait que ce n'était pas lui qui ferait changer d'avis Chloé Sullivan si cette dernière ne voulait pas parler. Et pour le moment, il se contentait de chercher au plus profond de son cerveau quel serait le meilleur médecin pour elle. Et il était aussi en train de se dire qu'elle était bien plus jolie que ce qu'il avait déjà remarqué, et que Clark avait été trop aveuglé par Lana pour s'en rendre compte (ce qui était tout de même compréhensible car Lana possédait un charme magnétique envoûtant dont elle n'était même pas consciente et qui en ferait souffrir plus d'un).

La nuit s'était encore épaissie lorsqu'ils arrivèrent au manoir. Lex sortit rapidement de la voiture et prit de nouveau Chloé dans ses bras. Celle ci s'était endormie mais se réveilla au contact du jeune homme. Les yeux dans le vague et le visage crispé de douleur pendant qu'il marchait, elle le regarda dans les yeux un long moment sans rien dire avant de détourner la tête et d'observer le manoir. Si elle ne le fixait plus, c'est parce qu'elle avait peur que Lex lise dans son regard la découverte qu'elle venait de faire. <Je savais qu'il était beau mais pas qu'il me plaisait..., songea-t-elle. Il a des yeux magnifiques et paraît presque vulnérable sans son air supérieur... qui le rend si attirant!> Elle chassa ces pensées de son esprit et se laissa aller dans les bras de Lex, épuisée. Celui ci était d'ailleurs arrivé dans une chambre, communicante avec la sienne. Il déposa délicatement Chloé sur le lit et, voyant qu'elle s'était endormie, l'allongea dans les draps satinés avant d'aller ouvrir la porte communicante. Il s'approcha d'elle une dernière fois, et l'embrassa doucement sur le front. <Dors bien princesse.>

Chapitre 3










Chloé ouvrit lentement les yeux et chercha instinctivement son réveil pour l'éteindre Le silence qui régnait dans la pièce et surtout ses membres endoloris lui rappelèrent la triste histoire de la veille. De grosses larmes roulèrent le long de ses joues mais elle ne fit pas un geste pour les

essuyer. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée là, à pleurer en silence mais lorsque de légers coups se firent entendre à la porte, ses joues et ses yeux étaient secs. Elle dit faiblement <entrez> et Lex s'avança dans la chambre. Il était habillé et fraîchement lavé. Chloé ne savait pas s'il avait remarqué quelque chose, mais s'il avait vu des traces de larmes sur son visage, il n'en laissa rien paraître.<Déjà habillé?

Il sourit à cette remarque.



_Comment te sens-tu?



_A merveille. Si vous faîte abstraction des courbatures de chaque parties de mon corps et de...ah!

Elle avait essayé de se tourner pour être en face de lui mais ce mouvement lui avait arraché une exclamation de douleur. Elle se contenta de tourner la tête vers lui.



_J'ai fait venir un excellent docteur Chloé. Il est tenu au secret et il va t'examiner le plus vite possible, si tu n'y vois pas d'inconvénient.

Elle secoua négativement la tête. Il ajouta:



_Et... Il est ici pour te soigner, c'est tout. Il ne me dira rien de ce qu'il verra. C'est à toi de parler.



_Lex, merci infiniment de tout ce que vous faîtes pour moi. Si Clark ne vous avait pas pour ami... Il l'interrompit:



_Chloé, je veux que ce soit clair: je ne fais pas cela pour Clark. Tu n'es pas un objet au milieu de notre amitié. Je veux réellement t'aider, toi et toi seule tu entends?



_Oui j'entends Lex. Et je ne peux que vous en remercier encore plus. Sincèrement.

Un nouveau sourire passa sur le visage de Lex.



_Je te laisse avec le médecin>

Et il gagna la porte. Mais avent de s'en aller, il se retourna: <Chloé...



_Oui?



_Tu peux me tutoyer tu sais...>





Et sans attendre la réponse, il referma la porte derrière lui. Un homme venait justement d'arriver. Lex lui montra la chambre.





< _Soignez-la du mieux que vous pourrez. Vous viendrez ensuite dans mon bureau pour que nous discutions de vos honoraires. Souvenez-vous: je ne veux rien savoir. Qu'elle aille bien est la seule chose qui compte, ne me dites rien de ce que vous découvrirais.



_ Vous devez beaucoup tenir à elle pour faire appel à mes services... Qui est-ce?.



_Mêlez-vous de vos affaires, docteur et laissez-moi les miennes.>





Sur ce, Lex tourna les talons, laissant derrière lui un docteur médusé.



Les yeux fixés sur l'écran de son ordinateur portable, Lex ne cessait de penser aux traces de larmes qu'il avait vu sur le visage de la jeune fille.

Il aurait aimé la prendre dans ses bras et la consoler si longtemps qu'elle oublierait toute cette histoire et ne ferait plus que sourire... Mais il était resté de marbre, cachant comme toujours ses sentiments sous un masque qui le rendait invulnérable. Il n'y avait pas son pareil pour feindre et dissimuler, mais il se sentait comme un débutant lorsqu'il s'agissait de montrer ce qu'il ressentait vraiment. Son père lui avait toujours dit que la force de ses ennemis résultait de ses propres faiblesses, et que c'était pour cela qu'il lui fallait cacher tous ses sentiments. Son père... Il l'aimait et le haïssait à la fois. A moins que ce ne soit uniquement du respect et de la crainte que ce dernier lui inspirait... Lex ne savait vraiment qu'une seule chose à propos de son père: pour rien au monde il n'aurait aimé lui ressembler. Sa passion du travail et de la réussite lui faisait oublier l'amour et l'amitié, et c'était précisément ce à quoi Lex attachait le pus d'importance... Mais il chassa son père de son esprit et entrepris de se replonger dans son travail. Quelques minutes plus tard (ou était-ce quelques heures?) trois légers coups à la porte lui firent lever la tête. <Entrez!> Le médecin ouvrit doucement la porte et entra.





<_Comment se porte-t-elle?



_Elle a subit... Mais il s'arrêta brusquement, se souvenant des ordres de Lex. Elle va se remettre. Il faudra faire changer ses pansements tous les jours et lui donner les médicaments que je lui ai prescris. Elle a également besoin de beaucoup de repos.



_J'engagerais une infirmière.

Lex fit un geste vers une chaise en face de son bureau.



_Asseyez-vous, je vous en pris. C'est tout?



_Oui. Elle n'a aucune fracture ni troubles psychologiques, d'après ce que j'ai pu constater. C'est tout ce dont elle a besoin.



_Parfait. Je ferais le nécessaire. Et je compte sur votre discrétion docteur. Si maintenant nous parlions de ce que je vous dois?>



L'homme sortit une facture de sa blouse qu'il déposa sur le bureau de Lex. Le jeune homme regarda le chiffre exorbitant qui y était inscrit sans bouger un cil, sortit un chéquier d'un tiroir fermé à clé et remplit rapidement le chèque sans la moindre hésitation. Il le tendit au docteur qui le prit en silence, le plia et le mit dans sa poche. Les deux hommes se levèrent, se serrèrent la main et se saluèrent. Lex ajouta avant que le docteur ne franchisse la porte: <Merci de vos services docteur.>

Une fois l'homme parti, Lex voulu rendre visite à Chloé mais se souvint de ce que le docteur lui avait dit:elle avait besoin de repos. Alors il se résigna à attendre.



Chloé se morfondait dans son grand lit en attendant le visite de Lex qui ne venait pas. La visite du docteur l'avait soulageait. Il ne lui avait posé aucune question concernant les causes de son état, et elle supposait que c'était une directive de Lex. Elle ne savait pas, en revanche, si le docteur avait réellement gardé le silence sur ce qu'il avait vu et déduit. Mais quelque chose au fond d'elle voulait lui faire croire à la sincérité du jeune homme. Et elle y croyait bien plus fort qu'elle ne l'aurait voulu. Elle finit par s'endormir, épuisée. Mais avant de plonger dans le sommeil, elle murmura doucement: <projet 444... Chambre 12...>











Chapitre 4












Clark était désorienté lorsqu'il arriva le lendemain au lycée. Il avait passé la nuit à se demander ce qui était arrivé à Chloé. Il avait énuméré dans sa tête toutes les solutions possibles, imaginant pour chacune le pire de ce qu'avait put subir Chloé. Toutes lui brisait le cœur et le laissait les larmes aux yeux. Il avait donc abandonné, préférant se dire que Lex veillait sur elle et que plus rien ne pouvait lui arriver. Il eut un serrement au cœur lorsqu’en montant dans le bus, il ne vit pas le visage souriant de son amie. En revanche, Pete était dans le bus et lui ne savait rien. Clark réalisa soudain qu'il n'avait pas prévu ce qu'il lui dirait. Mais il repensa au visage effrayé de Chloé qui lui disait, suppliante <Il faut que personne ne soit au courant. Tu entends Clark? Personne!> Et il décida de ne rien dire. De plus, si Pete avait sut que Chloé se trouvait chez Lex, il serait allé la chercher et l'aurait ramené tout de suite. Pete n'aimait pas Lex. C'était surtout son père, Lionel, qu'il détestait, car il avait causé des problèmes en tout genre à sa famille. Mais pour lui, un Luthor en valait bien un autre. Clark ne comprenait ce raisonnement. Que l'on puisse juger les gens d'après les actions de leurs parents le dépassait. Lex était quelqu'un de bien, il le savait et c'était tout ce que comptais. Lorsqu'il s'assit à coté de Pete, celui-ci lui demanda s'il savait où était Chloé. <Je ne sais pas, elle ne m'a rien dit. Elle doit être malade je suppose...> Clark se sentait coupable de mentir ainsi à son meilleur ami, mais il n'avait pas le choix. En arrivant au lycée, il vit au loin Lana dans une discussion passionnée (pour ne pas dire enflammée) avec Whitney. Elle semblait nerveuse et fatiguée. Clark ne put s'empêcher de penser qu'elle était très belle en colère. Il voulait plaindre Whitney, mais n'y parvenait pas. Il pensait malgré lui que si les choses tournaient mal avec lui... Il s'en voulait toujours d'avoir laissé passer ce moment unique chez lui, dans le loft. Ils avaient été sur le point de tout se dire, de s'avouer ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre. Mais il avait laissé s'échapper cette occasion, il avait parlé de Whitney et avait tout gâché. Pourtant, au fond de lui, il savait qu'il avait bien agit et il pensait même que si c'était à refaire, il le referait... Il regarda de nouveau vers le couple, et s'aperçut que Lana était partie, laissant Whitney désemparé, triste et seul.

Plus tard, dans les couloirs, il croisa la jeune fille, qui paraissait soucieuse. Elle leva les yeux sur Clark et une lueur de bonne humeur s'alluma dans ses yeux.





<_Clark! Salut. Comment ça va?



_Bien... Mais toi, ça n'a pas l'air d'aller, je me trompe?



_Oh... C'est rien.



_Lana écoute...tu sais que tu peux te confier à moi. Je vois bien que ça ne va pas et... je t'ai vu parler avec Whitney tout à l'heure.

Elle sourit, résignée.



_C'est vrai.



_Qu'est-ce qui est vrai?



_Que j'avais oublié qu'on ne pouvait rien cacher au grand Clark Kent! Et c'est aussi vrai que ça ne va pas en ce moment avec Whitney. Il ne s'intéresse qu'au sport, à ses nouveaux amis et... et j'en ai par-dessus la tête!



_Tu connais Whitney, il a ses humeurs et il viendra peut être demain avec le plus beau cadeau que tu n'ais jamais eu!

Elle dit doucement <Celui là, je l'ai déjà eu et ce n'était pas de Whitney!>

Clark ne savait pas si elle faisait référence au cinéma en plein air qu'il lui avait offert un soir et qui lui avait rappelé ses parents. Il l'espérait, et au fond de lui le savait. Lana continua:



_C'est justement ça que je ne peux plus supporter. Ses états d'âme. Je n'ai pas envie de m'adapter à chacune de ses humeurs...

Elle allait ajouter quelque chose lorsque la cloche retentit.



_Je dois y aller! Merci Clark.



_De quoi?



_D'être là quand j'ai besoin de toi.>

Et elle s'en alla, laissant également Clark désemparé et seul. Mais heureux.

Au cours de la journée, Clark repensa maintes fois à Chloé mais il savait qu'il ne pouvait rien faire pendant ses heures de cours. Alors il pensa à Lana. Et à tout ce qu'elle représentait pour lui. Il avait dut l'aimer dès sa sortie de maternelle et n'avait cessé de penser à elle depuis lors. Il ne savait pas ce qu'elle avait de plus que les autres files. Elle était belle, très belle même, mais elle n'était pas la seule dans ce cas. Elle était également d'une gentillesse et d'une générosité sans égale - du moins aux yeux de Clark. Et puis elle s'appelait Lana Lang, et cela suffisait. Il l'aimait, c'était tout ce qui comptait. Lorsque la cloche retentit, Clark se précipita dans les bureaux de La Torche afin d'y découvrir quelques informations concernant des évasions de prisonniers ou de délinquants récentes. Il ne trouva absolument rien, mais la tête d'un ancien jeune retenu onze mois auparavant dans une maison de redressement lui sauta aux yeux. Il connaissait ce visage. Et pour cause! Le garçon était au lycée. Il s'appelait Tom Parquer et été dans le même cours de biologie que Clark. En y réfléchissant, Tom était bien le genre de petit rebelle qui n'hésiterait pas à franchir les règles pour obtenir ce qu'il voulait. Mais de là à en venir à l'agression... Pourtant, il avait été dans une maison de redressement... Clark ne savait plus quoi penser. Une voix derrière lui le fit sursauter, en le tirant de ses réflexions.





< _Clark, qu'est-ce que tu as?



_Lana? Je ne t'avais pas entendu entrer. Je...

Lana ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.



_J'ai vu que tu n'étais pas bien ce matin... Et maintenant tu regardes des articles sur des prisonniers et des délinquants pour des agressions. Alors je te le demande: qu'est-ce qui se passe?



_Lana, je ne peux pas te dire...

Elle l'interrompit.



_Clark, tu me dis sans arrêt de me confier à toi, que je peux te faire confiance. Alors pourquoi tu ne fais pas la même chose avec moi? Pourquoi tu me tiens toujours à l'écart?



_Mais j'ai confiance en toi Lana...



_Alors dit moi ce qu'il se passe!

Clark était désemparé. Il ne voulait pas trahir Chloé, mais mentir à Lana était au-dessus de ses forces. Il prit le partie de tout lui révéler. Il jeta un coup d’œil vers la porte, pour vérifier qu'elle soit bien fermée et, rassuré, il commença:



_Chloé s'est faîte agressé la nuit dernière.

Lana ouvrit des yeux effarés. Mais Clark continua, ne lui laissant pas le temps de parler.



_Elle est venue chez moi pour chercher de l'aide mais elle ne voulait prévenir personne. J'ai bien tenté de le faire, ajouta-t-il lorsqu'il vit le léger froncement de sourcil de son amie. Mais si tu l'avais vu... Elle pleurait et jurait qu'il la retrouverait si elle parlait. Alors j'ai appelé Lex. Il l'a emmenée chez lui, a appelé un médecin tenu au secret. Il la soignera jusqu'à ce qu'elle aille mieux. C'était le seul moyen de faire soigner Chloé sans qu'elle se mette à hurler. Et je recherche un suspect possible.>

Lana était sous le choc.



<_Oh mon dieu! Clark c'est...



_Je sais.

Le regard de Lana retrouva soudain toute sa lucidité.



_Je t'aiderais Clark. Je te promets que je t'aiderais. Tu as un suspect?



_Pas vraiment. Mais Tom Parquer a été dans une maison de redressement pendant onze mois.



_Tom Parquer? On peut commencer par lui... >









Chapitre 5














Le son d'une voix dans la chambre adjacente à la sienne réveilla Lex. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre que cette voix était celle de Chloé, mais seulement une fraction de seconde pour se précipiter dans la pièce voisine. Il crut tout d'abord à un cauchemar ou, au pire, à une crise de somnambulisme, mais il resta stupéfait lorsqu'il vit Chloé parfaitement consciente, assise sur son lit, les genoux repliés sous le menton, qui murmurait des mots qu'il jugea incompréhensibles. Il s'approcha doucement de la jeune fille et s'arrêta net lorsqu'il comprit le sens de ses paroles.<projet 444...chambre 12...oui c'est ça, dans cette pièce, chambre 12...le sujet n'est pas au courant...projet 444....chambre 12...projet 444 !!! ...CHAMBRE 12 !!! ... PROJET444 !!! .......> Chloé hurlait à présent en se tenant la tête entre les mains. Elle se balançait lentement, les mains crispées sur les genoux et ses cris se perdirent enfin dans un murmure de sanglots. Elle chuchotait, d'une voix devenue presque inaudible et dans un rythme saccadé :< Projet 444...chambre 12...> Lex, abasourdit, s'approcha lentement d'elle et plaça sa main sur la sienne. A ce simple contact, Chloé hurla de surprise (<de terreur?>, se demanda Lex) pour finalement reconnaître le visage du jeune milliardaire en face d'elle. <Lex!> Elle se jeta à son cou et lui l'enserra de ses bras protecteurs. Elle pleurait silencieusement sur son épaule et il lui caressa doucement ses cheveux blonds. Il sentait les larmes de la jeune fille mouiller son propre visage et il ressentit sa peine et son désarroi. Il lui murmurait des paroles réconfortantes et elle s'agrippait à lui comme s'il fut son unique moyen de survie. Elle ne savait pas ce qui lui était arrivé, mais elle savait simplement qu'elle avait eu peur, très peur et que lui avait été là, tout près d'elle pour la protéger et la consoler. Finalement, après ce qui pût aussi bien être des minutes que des heures, il la lâcha délicatement et lui demanda d'une voix douce:<Ca va aller?> Chloé secoua affirmativement la tête. Il lui sourit et attendit qu'elle se fut rallongée dans son lit pour s'éloigner vers la porte. Il allait franchir celle ci lorsqu'elle le rappela faiblement:





<_Lex...



_Oui Chloé?



_Ne...ne me laisse pas toute seule, s'il te plait.

Il se figea, indécis, mais elle continua.



_C'est que...j'ai trop peur quand je suis seule. Je ne veux plus jamais être seule... S'il te plaît, Lex?

Il s'approcha d'elle d'un pas vif et s'agenouilla près du lit:



_Alors je ne te laisserais plus jamais seule, Chloé Sullivan. Je te le promets.>





Elle eut une ébauche de sourire. Le jeune homme s'allongea près d'elle et l'entoura de ses bras. Elle se blottit contre son torse, le visage niché au creux de son coup et ressentit le plus fort sentiment de sécurité qu'elle n'avait jamais éprouvée. La chaleur de ses bras lui donnait le sentiment d'être plus forte, et lui fit ressentir une étrange sensation, qui parcourut tout son corps. Elle qui n'avait eut d' yeux que pour Clark durant de longues années, elle s' endormait dans les bras d'un autre - et pas des moindres ! Mais après tout, il ne faisait que la consoler. Ce n'était que la pitié qui lui inspirait ce geste, au mieux l'amitié, et elle n'avait aucune raison de chercher à comprendre quelque chose qui n'avait pas besoin d'être élucidé. Ah! Chloé et son éternel acharnement à vouloir tout savoir, tout contrôler! Elle s'en voulait d'être ainsi, mais on ne change pas les gens et encore moins sois-même. Alors elle s'abandonna dans les bras protecteurs qui l'entouraient et se laissa aller à leur douceur sans plus se poser de questions.

Lex entendit la respiration de la jeune fille devenir régulière et il comprit qu'elle s'était endormie. Lui n'y parvenait pas, torturé par trop de questions demeurées sans réponse. Qu'était-il arrivé à Chloé la nuit dernière? Quel genre de crise venait-elle d'avoir? Avait-il fait tout son possible pour la soigner? Mais une surtout revenait, effaçant toutes les autres et s'insinuant peu à peu dans son esprit pour y occuper la place centrale : Que ressentait-il pour Chloé? Quels sentiments avaient-ils à l'égard de cette jeune femme blessée qu'il tenait, endormie, dans ses bras? Les sensations qu'il éprouvait lorsqu' il posait les yeux sur elle ou qu' il pensait tout simplement à cette jeune beauté blonde étaient nouvelles et étranges pour lui. Elles l'agaçaient au plus haut point car il ne pouvait pas les contrôler, ni même leur donner un nom... Son emprise sur les choses et les gens n'existait plus lorsqu'il regardait Chloé et c'est à peine s'il réussissait à conserver sa légendaire maîtrise de lui-même. Il n'osait pas définir le bouleversement qui s'opérait en lui depuis qu'il avait vu la tête meurtrie de Chloé se tourner vers lui. Elle n'avait pas versé une larme, pas même une plainte, seulement une phrase ironique, traduisant son incroyable courage et sa volonté de s'accrocher à la vie quoi qu' il arrive. Elle l'avait impressionné. Et rares sont les gens qui impressionnent Lex Luthor. Mais son admiration avait décidée de ne pas s'arrêter en si bon chemin, et s'était peu à peu muée en un sentiment plus fort, que Lex avait qualifié en lui-même de compassion lorsqu'il avait embrassé le front de la jeune fille la nuit de son agression. Mais aujourd'hui, Chloé dans ses bras, vulnérable et apeurée, il sentait que c'était autre chose. Une chose qu'il ne voulait pas admettre, qu'il n'aurait jamais osé s'avouer. L'amour ne faisait pas partie du vocabulaire des Luthor. <Comme l'amitié...> lui souffla une voix venue des profondeurs de son cerveau obscur. <Et pourtant tu es ami avec Clark... Il est même le meilleur ami que tu n'ais jamais eu...> Lex fit taire cette voix gênante. Il ne voulait plus penser à tout ça, il voulait seulement s'endormir, en tenant une des plus jolies filles de la ville dans ses bras... Avant de sombrer dans le sommeil, il songea que c'était la première fois qu'il passait la nuit avec une fille sans que rien ne se passe. Mais peut être se passait-il justement plus de chose maintenant que les autres fois. Et sa dernière pensée fut que c'était peut être ça, l'amour...







La lueur du jour glissa doucement sur les paupières de Chloé, qui ouvrit des yeux ensommeillés. Elle observa le décor autours d'elle, mais cette fois ne fut pas surprise de se trouver au manoir. Elle se rappelait de tout. Depuis son agression jusqu'à cette étrange nuit qu'elle venait de passer. Etrange était le mot qui convenait... où peut-être n'y avait-il pas de mot qui aurait pût convenir pour qualifier cette nuit et les sentiments qu'elle éprouvait depuis. Elle ne sentait plus la présence réconfortante de Lex - trop réconfortante pour être sans importance - et elle se retourna pour découvrir une grande place vide à coté d'elle. Le sentiment de dépit qu'elle éprouva l'agaça profondément. Après tout, Lex avait sa vie, son travail et des milliers de préoccupations plus importantes qu' elle à gérer! Elle n'avait quand même pas crû qu'il resterait près d'elle à attendre sagement qu'elle se réveille? <Mais dans quel monde vis-tu ma pauvre Chloé! Et puis quelle importance que Lex assiste à ton réveil ou non?> Bien sûr quelle importance?

La porte s'ouvrit doucement.



<_Clark!

Son ami se jeta littéralement sur elle, mais elle l'arrêta avant qu'il ne la serre trop fort et ne réveille ses courbatures .



_Chloé!!! Comme je suis content de ... Oh oui pardon, je ne t'ai pas fait mal j'espère?

Elle secoua la tête. Clark perdit son sourire enjoué en lui demandant:



_Comment vas-tu?



_A merveille Clark, je t'assure. En fait, je crois que je ne me suis jamais mieux portée depuis...



_Chloé!



_Excuse-moi. C'est que...je n'ai pas très envie d'en parler. C'est trop... récent.

Le visage de Clark se renferma.



_Comme tu voudras.

Chloé sentit que le jeune homme était blessé.



_Clark c'est... ça n'a rien avoir avec toi! Je te fais confiance, tu le sais! Mais je ne peux pas parler. Ne m'en veux pas je t'en prie...

Assis au bord du lit, il se pencha vers elle et lui prit le visage entre ses mains.



_Même si je le voulais, je ne le pourrais pas Chloé !

La jeune fille plongea ses yeux dans les yeux de l'homme qui avait hanté ses nuits des années durant... Elle n'y vit qu'amitié et confiance. Et c'est également ce qu'elle découvrit en sondant son propre cœur... La fraternité avait remplacé le désir. Que les choses pouvaient changer en si peu de temps! Cette découverte la fit sourire et Clark l'enlaça tendrement.

C'est le moment que choisit Lex pour faire son apparition.










Chapitre 6














Clark vit Lana descendre les escaliers du lycée d'un pas précipité. Il la rattrapa avant qu'elle n'atteigne la salle de classe.





<_Lana! Lana attend!

_Clark! Je ne t'avais pas vu.

Et pour cause! les yeux de la jeune fille étaient remplis de larmes. Ils étaient rouge de tous les pleurs qu'elle avait déjà dû verser. Le cœur de Clark se brisa. Il se retint de ne pas la prendre dans ses bras et l'embrasser tendrement pour la liberer de tout ce qui pouvait lui causer de la peine. Au lieu de ça, bien sur, il se contenta de demander, l'air inquiet:



_Lana! Qu'est-ce qui se passe?



_C'est rien Clark... Je t'assure que ce n'est rien.



_Lana, dis moi ce qu'il se passe, s'il te plaît. Je suis ton ami, tu sais que tu peux tout me dire...>

Elle sourit tristement, et dit avant de passer la porte:< Je sais Clark.>



Résigné, Clark dut prendre sur lui pour ne pas entrer dans la classe de Lana, en faire sortir celle ci, l'emmener dans son loft et lui faire dire ce qui la mettait dans un tel état. Il pensa à Whitney. Cela devait sûrement avoir un rapport avec lui. Lana avait de plus en plus de mal à supporter le footballeur. Après la mort du père de ce dernier, elle avait été là pour lui et s'était montrée attentionnée. Lui avait également fait très attention à elle les premiers temps, mais s'était brusquement détaché de celle-ci, trouvant probablement des centres d'intérêt plus intéressants à ses yeux. Lana supportait mal cette décision et voyait la fin de leur histoire se rapprocher, rapidement et inexorablement. Tout cela, Clark le tenait bien sûr de la jeune fille elle-même qui était venue dans son loft la veille. Ils avaient tout d'abord parlé de Chloé, mais la conversation avait finalement dérivé sur les problèmes de couple de Lana et cette dernière s'était confiée à Clark comme elle ne l'avait jamais fait. Elle lui avait tout raconté: l'attitude de Whitney, ce qu'elle croyait qu'il pensait, ses propres états d’âme, tout. Elle avait vu en Clark un ami, lui avait vu la femme de sa vie en pleure. Mais bien sûr il s'était contenté de l'écouter attentivement et de défendre Whitney, du moins au début. Cependant la conversation l'avait éclairée sur Whitney et ses nouvelles décisions, et Clark s'était demandé si le footballeur méritait vraiment Lana. Ce serait de toute façon à elle de décider. Mais il avait pourtant cessé d'argumenter en faveur de Whitney. Il l'avait consolé, lui avait dit que tout s'arrangerait bientôt et la conversation s'était arrêtée là.



C'est pourquoi le fait qu'elle se taise aujourd'hui le laissait profondément mal à l'aise. Il se sentait impuissant et inutile. Et ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait en ce moment... D'abord Chloé, qui se taisait sur les sordides évènements qui lui étaient arrivés, ensuit Lex qui avait eu l'air de lui en vouloir ce matin, lorsqu'il avait rendu visite à Chloé et maintenant Lana, qui se taisait elle aussi. Clark n'avait d'ailleurs pas compris l'attitude de Lex. Celui ci l'avait accueillit comme à l'accoutumé, souriant et de bonne humeur. Il l'avait rassuré sur l'état de Chloé et lui avait dit de monter, en ajoutant qu'il les rejoindrait bientôt. Mais lorsque Lex avait franchit la porte de la chambre, Clark avait sentit une pointe d'hostilité. Il ne savait pas si elle lui était destinée, et ne savait pas non plus pourquoi Lex était subitement devenue si froid. Mais il avait dû partir au lycée et n'avait pas eu le temps de s'interroger sur la question. Maintenant, il était seul, désemparé devant l'attitude de ses amis et ne sachant plus quoi faire. Une main se posa sur son épaule.

<_Et Clark, ça va pas?



_Pete! Je ne t'avais pas entendu!



_C'est ça! Tu entends Lana Lang arriver à 1 kilomètre à la ronde, mais rien pour tes vieux amis! Tu vieillis Clark, fait attention!

Clark sourit. Au moins un de ses amis qui n'avait pas changé!



_Alors Clark! Tes impressions?



_Heu...à propos de quoi?



_Des vacances mon vieux! T'as pas oublié quand même? Ce soir... les vacances!

Les vacances! Clark avait faillit les oublier!



_Ah oui bien sûr, les vacances... Et bien... vivement qu'on se voit!



_Allôôô.... Clark, je pars pendant les vacances! Je vais chez mes cousins en France, tu te rappelles? Mais de quelle planète tu viens aujourd'hui?

Clark soupira.



_De très loin Pete...



_O.K Clark, j'ai compris, je m'en vais et je te laisse te replonger tranquillement dans tes pensées...



_Pete attend! Je suis désolé. Je suis un peu fatigué en ce moment et ça ne va pas très bien avec Lana alors...

Pete sourit, pas vexé le moins du monde.



_Bien sûr Clark, je comprends comme toujours... Et comme toujours, c'est Lana et encore Lana!



_Pete je...



_Allez Clark, c'est bon. Si j'avais dû me vexer à chaque fois que tu parles de Lana, je crois que j'aurais fait une crise de nerfs depuis longtemps! Mais laisse moi te dire une chose mon vieux: arrête de tourner autours d'elle comme un lion en cage et fonce! Tu as toutes les vacances alors profites-en!



_Pete...



_Je te préviens Clark, quand je reviens, soit tu es seul mais fixé, soit tu formes avec Lana le plus beau couple du lycée!



_Pete...



_C'est compris?

Clark sourit. Pete était vraiment quelqu'un d'exceptionnel.

Alors il dit, n'en pensant pas un mot:



_D'accord Pete, je lui dirais...



_Ok Clark, c'est sympa de le dire même si tu ne le penses pas! Bon, il faut que j'y aille, c'est ma dernière heure de cours et ensuite j'embarque chez mes cousins! Tu diras au revoir de ma part à Chloé quand tu la verras, je n'ai pas le temps de passer chez elle...



_Bien sûr, pas de problème! Passe de bonnes vacances et n'oublie pas de téléphoner!



_T'inquiète Clark, je penserais bien à vous du haut de la Tour Eiffel! >

Pete eu une mimique comique et il ajouta dans un parfait français:

<Au revoir Mr Kent!> Sur ce, il tourna le dos à son ami et s'en alla la tête haute...pour revenir dans la seconde qui suivit:



<_Oh fait, tu sais pas la nouvelle, Tom Parquer s'est fait arrêter... Il paraît qu'il aurait agressé une fille il y a quelques jours...



_Quoi?!



_Ouais... C'est moche, hein? Bon il faut que j'y aille, je suis en retard!

A bientôt Clark!>

Et sans laisser à son ami le temps de répondre, il s'en alla en courant et se précipita dans sa classe, laissant Clark abasourdi.

Tom avait été arrêté... Avant ou après l'agression de Chloé? Y était-il pour quelque chose? Il fallait que Clark réussisse à lui parler...Mais comment?



Le jeune homme rentra chez lui préoccupé. Il n'avait aucune moyen d'aller parler à Tom. Il se dit que si Lana était là, ils trouveraient peut-être une solution ensemble mais elle n'avait apparemment pas le temps de se préoccuper des légers problèmes de Chloé. Il s'en voulut aussitôt de penser une chose pareil. Lana aimait beaucoup Chloé, et il savait qu'elle ferait tout son possible pour l'aider. Elle avait des problèmes avec Whitney et cela ne devait pas être facile pour elle non plus. Mais même en essayant de se persuader, Clark savait qu'il avait été blessé de la façon dont Lana l'avait écarté au lycée.

Plongé dans ses pensées, il était monté dans sa grange sans vraiment y réfléchir et s'était assis sur le canapé. Il allait partir, lorsqu'un léger bruit se fit entendre.

Il vit Lana qui montait les escaliers et aperçut la même expression de peine sur son visage que celle qu'il avait vue dans l'après-midi.



_Lana! Qu'est-ce que tu fais là?



Celle-ci paraissait embarrassée.



_Je suis venue m'excuser Clark. De t'avoir repoussé tout à l'heure alors que tu m'offrais ton aide, une fois de plus.



_Ce n'était pas...



_Non laisse moi finir.

Lana s'approcha du canapé et s'assit aux cotés de Clark.



_ Lorsque je suis revenue chez moi hier, après t'avoir parlé, Whitney était à la maison. Il m'a parlé comme il ne l'avait jamais fait, comme je ne l'en aurais jamais cru capable. Il m'a dit que j'étais devenue de trop dans sa vie, qu'il n'aimait pas la fille placide et naïve - ce sont ses mots - que j'étais... Bref, il m'a aussi dit qu'il avait de nouveaux amis plus intéressants que moi. Et il a ajouté qu'il ne voulait pas me faire de la peine! Tu te rends compte? De la peine! Je savais qu'il avait changé, mais à ce point là! Je ne pensais vraiment pas ça possible!>

Lana étouffa un sanglot qui s'échappait de sa gorge et continua.

<Oh Clark, j'étais tellement furieuse! Je...Tout s'embrouillait dans ma tête et quand tu es arrivé, je venais de croiser Whitney dans le couloir... Il ne m'avait même pas regardé! J'étais désemparée! C'est pour ça que je n'ai pas voulu te parler tout de suite... excuse-moi, je suis désolée. Tu es une des rares personnes qui ne m'aient jamais déçue et... je n'aurais pas dû.



Clark se sentait fondre. S'il n'avait pas été assis, il aurait certainement chaviré - et cela n'avait rien à voir avec le collier en météorite de Lana, puisqu'elle ne le portait pas.

Lana s'était presque inconsciemment rapprochée de Clark, et elle se tenait maintenant tout contre lui. Elle voulait empêcher les larmes qui lui venaient aux yeux de couler sur ses joues mais ce fut plus fort qu'elle. Alors Clark la prit doucement dans ses bras, et elle posa son visage contre son épaule réconfortante. Elle ferma les yeux et se laissa aller contre Clark, l'homme qui savait l'écoutait, l'homme qui la comprenait et...l'homme de sa vie. Cette brusque révélation intérieure ne la surprit pas puisque au fond, elle l'avait toujours un peu sût... Whitney n'existait plus, le monde autours d'elle n'existait plus et elle-même se sentait inexistante. Seuls comptaient à présent les bras de Clark autours d'elle et leur visage qui se rapprochaient inévitablement. Lorsqu'elle sentit les lèvres de Clark se poser doucement sur les siennes, elle se demanda comment elle avait pu être aveugle aussi longtemps. Comment avait-elle réussit à refouler le désir qu'elle éprouvait pour Clark au point de ne pas s'en rendre compte elle-même? Pourquoi cette passion qui bouillonnait en elle, et qui se réveillait à cet instant précis n'avait-elle pas fait irruption plus tôt? Mais surtout, elle se demanda de quelle façon elle allait continuer à survivre lorsque Clark arrêterait de l'embrasser. La réponse fut plus rapide qu'elle ne l'aurait imaginé. Quand Clark s'éloigna finalement d'elle, Lana le rattrapa doucement et lui rendit le plus passionné des baisers. Surpris de cette réaction, mais néanmoins plus heureux que tous les hommes de cette Terre réunis, Clark profita de ce moment qu'il avait si patiemment attendu depuis qu'il avait réussit à différencier les filles des garçons. Mais parce que tout a une fin, les deux adolescents se retrouvèrent finalement face à face et le sentiment de gêne qui s'était installé était presque palpable.

Ce fut Lana qui parla la première:



<_Clark je...



_Oui moi aussi. Je suis désolé...



_Moi non.

Le jeune homme se demanda s'il avait mal entendu. Mais en regardant au plus profond des yeux de Lana, il se dit qu'en fin de compte, il n'était peut être pas si sourd que ça. La suite de ses paroles le confortèrent dans cette idée.



_Je ne le regrette pas et je ne le regretterais jamais.



_Mais... Whitney...



_Ne me parle plus de lui! C'est de toi que je veux parler maintenant. Whitney s'amuse avec ses nouveaux amis et m'a déjà oublié. Mais toi, tu ne m'as jamais oublié! Clark, comment ai-je pu être aussi aveugle? Aussi longtemps? C'est toi que je veux et plus rien désormais ne me fera jamais changer d'avis!

Elle baissa les yeux et ajouta plus doucement:



_Mais...je ne sais pas si toi... Si tu veux encore de moi.>

Clark était abasourdi. Lana Lang. Lana Lang lui demandait s'il voulait encore d'elle! Il en aurait pleuré! Même la peur que ces mots ne soient dus qu' à l'abattement qu'elle ressentait à cause de l'attitude odieuse de Whitney ne vint tarir le sentiment d'immense bonheur qui l'habitait en cet instant. Pour toute réponse, il s'approcha d'elle et l'embrassa de nouveau comme il n'avait jamais embrassé personne. Lorsqu'il releva la tête, il lui sourit, découvrant des dents d'une blancheur sans égale, et lui murmura à l'oreille:



<_Cette preuve vous convient-elle, Mlle Lang?

Lana sourit.



_Il faut avouer que vous êtes assez convaincant Mr Kent...

Elle éclata de rire et contre tout attente, se jeta dans ses bras.



_Oh Clark! Merci de tout ce que tu fais pour moi, pour tout le monde, pour Chloé... Chloé!

Elle s'écarta brusquement de Clark.



_Comment va-t-elle?



_Elle va mieux. Je suis passé la voir au manoir ce matin, mais elle ne voulait toujours rien me dire à propos de l'agression.



_Et pour Tom Parquer? Il est absent depuis quelques jours et je ne sais pas du tout où...



_Il a été arrêté.



_Quoi?



_C'est Pete qui me l'a dit tout à l'heure au lycée.



_Pete est au courant pour Chloé et...



_Non. Chloé ne voulait rien dire à personne. Tu es la seule à qui j'en ai parlé.

Lana sourit, heureuse au fond d'elle car elle savait à quel point Clark tenait à Pete.



_Et qu'est-ce que Tom a fait?



_Il a agressé une fille...

Lana releva la tête, surprise.



_Quand?



_Je n'en sais rien, Pete n'a rien dit de plus. Il était pressé. Je n'ai aucun moyen de contacter Tom... je ne sais même pas s’il connaît Chloé!



_Il la connaît, affirma Lana.



_Pourquoi dis-tu ça?



_Je les ai vus parler une fois ensemble. Ils ont rigolé, il avait un article de journal avec lui. Je suppose que ça devait être pour La Torche... mais quand elle est partie, je l'ai vu la regarder avec un air...bizarre.



_C'est à dire?



_Je sais pas trop... Il y avait du désir dans ses yeux Clark, j'en suis sûr! Il la regardait...comme un objet dans une vitrine qui te plaît et que tu es sûr d'acheter un jour!Ca peut paraître stupide, mais c'est ce qui m'est venu sur le moment.



_Pourquoi tu ne m'as rien dis?



_A quoi bon? C'était il y a pas mal de temps et je ne m'en souvenais pas... C'est en parlant de Tom en train d'agresser une fille que cela m'est revenu. Tu crois que Tom aurait pu...



_Je n'en sais rien. Je n'en sais rien du tout!

Clark faillit donner un coup sur la table, mais retrouva heureusement le contrôle de lui-même avant de pulvériser la table en un millier de morceaux sous les yeux de Lana.



_Clark, calme-toi. On va retrouver celui qui a fait cela, je te le promets!

Clark leva la tête et regarda longtemps la jeune fille dans les yeux. Il savait qu'elle pensait ce qu'elle disait, et il lui en était reconnaissant. Lorsque finalement il lui sourit, elle s'approcha lentement, plaça sa main sur sa joue en signe de réconfort et l'embrassa d'un baiser doux et calme.



_Je ne te laisserai jamais tomber Clark...

Ce dernier ne parvint pas à savoir exactement à quoi faisait allusion la phrase ambiguë de Lana.

Chapitre 7










Le curseur clignotait inlassablement sur l'écran vide de l'ordinateur. Il clignotait, clignotait et ne faisait que ça depuis au moins une heure. Exédé, Lex referma violemment le portable et le poussa dans un coin de son bureau. L'écran de son ordinateur, les papiers qu'il devait remplir et tout ce qu'il avait touchait depuis ce matin restaient inlassablement vierges. Pas exactement depuis ce matin. En fait, cela datait de son entrée dans la chambre de Chloé. Lorsqu'il avait vu les deux adolescents tendrement enlacés. C'était précisement cela qui l'avait mis dans un tel état de jalousie qu'il en était malde. Et c'etait aussi cette jalousie elle-même que Lex ne pouvait pas supporter. Ce sentiment de ne plus pouvoir se maîtriser, de ne plus avoir le contrôle de ses émotions et de ses actes, ce sentiment d'impuissance mettait tout simplement Lex hors de lui. Il avait déjà eu du mal à se remettre de cette nuit passé avec Chloé - mais s'en était-il vraiment remis?

Lorsqu'il s'était réveillé près d'elle ce matin, il l'avait regardé dormir et une envie folle, impensable lui était venue. Il s'était un instant imaginé en train d'attendre patiamment qu'elle ouvre les yeux, pour qu'il soit la première personne de la journée qu' elle apperçoive . Mais un nom - son nom- lui était brusquement apparut devant les yeux, brouillant sa vision de Chloé endormie. Il avait repris ses esprits et s'était brusquement souvenue qu'il s'appelait Lex Luthor, qu'il avait 22 ans et qu'il était milliardaire. La jeune fille qui dormait à cotê de lui s'appellait Chloé Sullivan, avait 16 ans et son père était employé à Luthorcorp. S'il lui venait en aide aujourd'hui, c'etait seulement parce qu'elle était l'amie de Clark! <Mais tu sais que ce n'est pas uniquement pour cela...> lui chuchota de nouveau cette petite voix envahissante. Lex l'avait fait taire, une fois de plus. Il s'était levé brusquement, avait fait le vide dans sa tête et était partit dans sa chambre.

Lorsqu'il était desçendu dans son bureau, quelques minutes plus tard, il s'était mis en tête de travailler comme un forcenné pour tout oublier: Clark, Chloé, son père, et pourquoi pas lui-même... Mais il n'y était bien sûr pas parvenu. Seul le visage térrifié de la jeune blonde, qui avait remplaçé le doux visage souriant qu'elle arborait d'ordinaire, lui était venu à l'esprit. Et cette vision, qui aurait dû simplement l'émouvoir, lui avait déchiré le coeur. N'y tenant plus, il avait décidé de monter, simplement pour vérifierque tout allait bien (du moins s'en était-il persuader) lorsque Clark était arrivé. Lex l'avait acceuillit comme si de rien n'était, souriant et enjoué comme à son habitude. Et comme d' habitude, il n'avait laissé paraître de ses sentiments que ce qu'il voulait bien montrer. Il avait finalement décidé de laisser Clark seul un moment avec son amie, et de monter les rejoindre quelques minutes plus tard.

En vérité, Lex avait eu peur de son attitude face à Chloé. Il avait craint de se trahir, car il avait maintenant compris le fait qu'il n'était plus le même en présence de la jeune fille. Il l'avait compris, mais pas accépté.

Plus tard, il était monté rejoindre les deux jeunes gens.

Mauvaise idée.

Il avait ouvert la porte et avait surpris les deux amis dans les bras l'un de l'autre... Une vision qui, attendrissante pour toute autre personne que le jeune milliardaire, fut pour ce dernier un véritable suplice, qui réveilla en lui un démon dont il avait céssé de se préocuper depuis bien longtemps dèjà: la jalousie. Lex avait presque oublié les effets devastateurs qui pouvaient être causés par ce terrible vice. Mais il avait eu tôt fait de s'en rappeler, lorsque Clark l'avait apperçut et s'était joyeusement écarté de Chloé en souriant. Une envie insensée s'était subitamment emparée de Lex, et il avait ressentit le besoin d'attraper sauvagement l'odieux garçon qui osait lui faire face et de l'éloigner par tous les moyens du lit de Chloé. Ce lit était à elle - à eux - et personne n'avait plus désormais le droit de s'y assoire! Pour qui se prenait-il, ce vaurien, ce garçon de ferme, pour oser porter la main sur une jeune fille telle que Chloé? Il n'en avait pas le droit, personne n'en avait le droit, à part lui! C'était lui, Lex Luthor, qui la soignait et qui l'avait consolée la nuit dernière, pas Clark... PAS CLARK!!

Mais Lex s'était pourtant repris, comme de coutume. Il avait sourit du mieux qu'il en avait été capable, avait vaguement prononcé un <Bonjour Chloé, tu vas mieux aujourd'hui?> et avait entendu une réponse qui ressemblait étrangement à un <Oui Lex, ça va mieux, je te remercie.>

Clark tiqua face au tutoiement, mais personne ne sembla le remarquer.

Lex avait dès lors écouté les deux jeunes parler de choses et d'autres, ne manifestant un intérêt que lorsque Clark s'était décidé à partir. Il l'avait raccompagné, en profitant ainsi pour sortir le plus rapidement possible de cette chambre où se mêlaient étrangement l'odeur de Chloé et son propre parfum, mélange qui ne le mettait que plus mal à l'aise...



Et maintenant il était là, marchant dans son bureau comme une bête en cage, cherchant des réponses à des problèmes qu'il ne voulait même pas nommer. Un mot - un seul - lui venait à l'esprit. Chloé. Pourquoi ne pouvait-il plus faire un pas sans penser à elle? Pourquoi avait-il ressentit une inimitié aussi forte à l'égard de Clark? Pourquoi tenait-il tant à monter à l'étage, pour voir ne serait-ce qu'une seconde l'éclat de ses yeux bleus? Pourquoi...

Stop.

Lex inspira une grande bouffée d'air, ferma les yeux quelques secondes et s'approcha de la fenêtre. Il contempla l'immense jardin qui s'offrait à ses yeux, le lierre sauvage qui grimpait le long des murs du manoir, qui s'enroulait sur les arbres et leur donnait des teintes variant du rouges sombre au vert éclatant. Les fleurs à peine écloses, qui s'épanouissaient lentement au doux contact du soleil. La fontaine où s'écoulait sans arrêt une eau claire et transparente. Il se promit d'y emmener Chloé lorsque celle ci irait mieux. Chloé, de nouveau.

Mais qu'est ce qu'il lui arrivait? Lui, Lex Luthor, il s'éprenait d'une jeune fille encore mineure, la meilleure amie de Clark Kent, la fille de son employé Gabe Sullivan! Car il était peut être obstiné, mais il était loin d'être stupide. Il n'ignorait pas ce que signifiaient les sentiments qui naissaient en lui. Seulement il ne pouvait les accepter. Ni les contrôler. Et un Luthor se doit de maîtriser ses émotions. Il doit dresser en permanence un mur infranchissable entre lui et ses sentiments, afficher un masque impassible destiné à tromper ses ennemis. Il ne peut pas se permettre la moindre faiblesse, le moindre écart qui risquerait de lui coûter cher. <Mais Chloé n'est pas une ennemie... Et l'amour n'a jamais été une faiblesse. > Faux. L'amour est une tare. Il vous prend, vous possède, vous ôte tout contrôle sur votre vie et s'en va pour vous laisser plus seul et plus triste encore qu'avant. < En es-tu sûr? N'est-ce pas plutôt ce que t'as raconté ton père? > Non! Mon père n'a jamais eu et n'auras jamais la moindre influence sur ma vie! C'est moi et moi seul qui pense et qui agit comme je l'entend! <Hypothèse intéressante. Intéressante mais fausse. Ton père est un être machiavélique qui t'as manipulé, toi et toutes les personnes qui ont eu le malheur de s'en approcher un jour...> C'est faux! < Tu crois ça? Alors comment expliques-tu le fait que tu te consumes lentement de passion et d'amour pour cette jeune fille, et que tu ne puisses même pas lui sourire sans te sentir coupable? Comment explique tu cela? L'influence de on père...>



_Tais-toi!



Abasourdi, Lex se rendit compte qu'il avait parlé à voix haute. Il s'assit dans son fauteuil du cuir noire, tentant de mettre de l'ordre dans toutes ses pensées confuses que se bousculaient dans sa tête. Et soudain, il comprit. Cette petite voix gênante qui le mettait si mal à l'aise n'était autre que sa conscience, qu'il avait refoulé depuis tant d'année... Depuis la mort de sa mère, en fait. Il l'avait reléguéé tout au fond de son être, l'ignorant délibérément et n'écoutant à sa place que les paroles de son père ou son propre désir d'être différent de ce dernier. L'éducation stricte et implacable avait, depuis ce tragique évènement, remplacé les principes justes et moraux que lui avait enseigné sa mère. Et aujourd'hui, alors qu'il ne comprenait pas encore tout à fait ce qu'il lui arrivait, la pensée nette et distincte de cette femme lui revenait en mémoire. Il se rappelait la fois où celle-ci l'avait emmené dans le jardin, simplement pour écouter la nature, disait-elle, et où elle lui avait fait promettre d'être toujours loyal et fidèle envers chaque personne qu'il rencontrerait, de n'écouter que son coeur quoi qu'il arrive. Et il avait promis. C'etait peu de temps avant qu'il n'apprenne qu'elle était malade, et Lex réalisa soudain que ce jour là déjà, elle savait ce qui allait arriver. Elle avait anticipé sa mort et avait prévu ce que ferait Lionel. Elle l'avait mis en garde, mais lui n'avait pas compris. Il n'avait rien compris de tout ce qu'elle lui avait enseigné. Au cours de sa vie, il avait seulement appris la définition de pouvoir, richesse et contrôle. <Et amitié.> Lex sourit. Oui, et l'amitié. Les actions de son père avaient finalement servies à quelque chose, puisqu'il avait rencontré Clark et avait appris plus de chose pendant ces quelques mois avec lui que durant toute sa vie.

Et Chloé.

Bien sûr il avait rencontré Chloé, et c'était une des choses qui comptaient le plus à présent.

Oui, il avait enfin réussit à définir ce changement radical qui s'opérait en lui, et l'avait résumé en un seul mot. L'Amour. Et ce n'était pas sa conscience qui affirmait cela, c'était lui, le milliardaire, Alexandre, l'homme qu'il était. Et maintenant que ces deux syllabes s'étaient imposées à son esprit, plus rien ne pourraient les effacer, il en était sûr. Cependant il ne pensait pas être préparé pour faire face à cela. Lui qui était riche, jeune, arrogant et puissant, il ne se sentait pas de taille à affronter ce que son père lui avait toujours présenté comme l'une des plus grandes faiblesses du monde. Et tout au fond de lui, Lex ne savait pas si ce sentiment d'incertitude était destiné à ce nouvel amour qu'il venait de se découvrir, ou au fait qu'il allait peut être défier son père sur un sujet que ce dernier prenait très à coeur...

Le doute, que Lex connaissait si mal, s'insinuait à l'intérieur de sa tête, et le jeune milliardaire n'avait aucune idée de l'attitude à adopter face à Chloé ou face à son père.



Il est de choses que l'argent ne peut ni acheter, ni effacer.



Et Lex venait seulement de s'en rendre compte...







Assise dans son grand lit, Chloé songeait. Ou du moins repensait-elle aux événements de la journée, en essayant de ne pas se rappeler ceux de la nuit précédente.

Lex lui avait parut très froid ce matin, et la jeune fille en avait été affectée durant toute la journée. Elle ne comprenait pas cette attitude adoptée par le milliardaire, mais elle n'essayait pas moins d'en trouver les raisons. Lex, qui lui avait paru si tendre et si affectionné la veille, lui avait fait l'effet d'une douche froide lorsqu'il avait passé la porte. Elle avait apperçut son visage dès qu'elle s'était éloigné de Clark, et avait tout de suite était surprise par le regard hostile qu'il affichait. Si elle ne connaissait pas les sentiments de Lex à l'égard de Clark, elle aurait pu qualifier son expression d'haineuse. Pourtant, Lex avait continuer de sourire, s'était assis près d'eux et avait écouté leur conversation comme si de rien n'était.

Lorsque Clark était parti, Lex n'avait pas seulement jeté un regard vers Chloé. Il était sortit en même temps que son ami et n'était plus réapparu de toute la journée, laissant Chloé perplexe, plus préoccupée que ce qu'elle l'aurait voulu.

Ce que la jeune fille ne parvenait pas à comprendre, c'était ce qu'elle avait éprouvé lorsque Lex avait placé ses bras autours d'elle la nuit dernière. Les frissons qui avaient parcouru le corps n'avait rien eu à voir avec la crise indéfinissable dont elle avait été victime. Et le plus incroyable, c’était qu'elle mourrait d'envie que Lex la prenne de nouveau dans ses bras, et qu'il ne la lâche que lorsqu'il se serait assuré que plus rien ne pourrait lui arriver. Cette envie irrépressible la frustrait et la mettait mal à l'aise, mais à quoi bon lutter contre ses sentiments? Elle n'essaierait pas, cette fois, de se mentir à elle-même comme elle l'avait dèjà fait pour Clark. Cela ne servait à rien, et elle l'avait parfaitement compris. Refouler ses sentiments ne signifiait pas les oublier, mais seulement les cacher pendant un temps pour qu'ils ressortent un jour ou l'autre renforcés et incontrôlable. Il fallait les accepter et s'adapter à eux, quoi qu'il arrive. C'était ce qui donnait à Chloé sa si grande force de caractère: elle n'essayait pas de dominer ses sentiments, mais s'en servait pour avancer. Et c'était aussi pour cela qu'elle était si décontenancée face à ce qu'elle ressentait envers Lex. Elle savait qu'elle ne pouvait se permettre de tomber amoureuse d'un milliardaire plus âgé qu'elle, patron de son propre père, arrogant et...si attentionné!

Car malgré tous ses défauts, Lex était avant tout quelqu'un de fidèle, qui ne trahissait ni ses amis ni ses principes et qui pouvait se montrer d'une gentillesse sans limite - lorsqu'il en avait décidé ainsi. Et c'était cette partie là de Lex qui plaisait à Chloé, le Lex qui l'avait délicatement emmené dans sa voiture, qui l'avait doucement déposé sur le lit et qui l'avait consolé la nuit dernière. C'était lui qui faisait rougir la jeune fille lorsqu'elle le regardait trop longtemps, lui qui occupait presque toutes ses pensées. Et c'était également face à que Chloé devait se montrer maîtresse de ses sentiments. Elle devait à tout prix éviter de se laisser envahir par eux, de se laisser consumer lentement par ce désir de plus en plus vivace qui naissait en elle. Mais cette tâche devenait d'autant plus difficile que Chloé n'avait aucune envie de détourner ses pensées du jeune milliardaire qui l'avait hébergé si promptement. Elle ressentait une attirance pour lui qui n'avait rien à voir avec les millions de dollars qui se trouvaient sur son compte en banque, ni le coté sombre et séducteur que Lex prenait plaisir à afficher. Sans pour autant détester l'homme cynique et glacial qui faisait aussi partie du jeune homme, elle appréciait l'être vulnérable et seul qui se cachait derrière ce masque, mais savait que pour rien au monde Lex Luthor ne permettrait qu'on s'en approche de trop près. <De toute façon Chloé, Lex Luthor ne permettra pas que tu t'approches de lui tout court!> Bien sûr! Ses pensés l'avaient menées trop loin, comme toujours et elle avait oublié l'espace d'un instant qu'elle parlait du ténébreux Lex Luthor, l'unique. <Oublie-le Chloé, ce type là n'est pas pour toi!> se dit-elle presque à contrecœur. <Et il a sûrement beaucoup plus intéressant à faire que de se soucier d'une gamine comme toi!> Parce que c'était sûrement ce qu'elle était à ses yeux: une gamine à qui il venait en aide... Oui évidemment, elle n'était rien d'autre et elle l'avait maintenant compris, alors à quoi bon se torturer l'esprit avec autant de questions?





Et c'est parce que Chloé était plongée dans ses réflexions que le cri de surprise qu'elle poussa fut si strident.

Chapitre 8












Lex sursauta.

Il lui semblait avoir entendu un cri, mais lorsqu'il écouta de nouveau, aucun son ne lui parvint. Il décida de se replonger dans son travail qu'il avait finalement entamé, lorsqu'il entendit cette fois plus distinctement un cri aiguë venant de l'étage. Sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, il bondit hors de son bureau et couru au premier, dans la chambre de Chloé, persuadé que le cri venait de là.< S'il lui arrive quelque chose, je ne me le pardonnerais jamais!> ne cessait-il de se répéter. Il arriva enfin devant la porte, et l'agitation qui régnait à l'intérieur de la pièce lui confirma le fait que tout venait de là.

<Chloé!> hurla-il en ouvrant brusquement la porte.

Il apperçut une horde de domestique qui s'agitaient frénétiquement près de la jeune fille en proie au même genre de crise qu'elle avait fait la veille. Les visages égarés de ces pauvres gens qui ne savaient que faire eurent pour seul effet de le mettre dans un état de rage à peine contenue.

<_Sortez!

Une vieille femme s'avança:



_Monsieur, nous ne savons pas ce qu'elle...



_J'ai dit SORTEZ!! Tous!



_Bien monsieur...>



A ces mots, Lex se désintéressa totalement des personnes encore présentes dans la pièce. Il s'avança vers Chloé qu'il retrouva dans la même position que la fois précédente, recroquevillée sur le lit, les genoux sous le menton. La crise était passée, car maintenant la jeune fille pleurait doucement, seule et désorientée. Lex s'assit sur le grand lit à coté d'elle et comme la veille, la prit dans ses bras. <Chut Chloé, tout va bien je suis là, ne t'inquiète pas je suis là... Il ne peut plus rien t'arriver... Calme toi Chloé, c'est fini...>



Lex s'inquiétait. Rien n'était fini, tout venait à peine de commencer et Chloé le savait. Comment se déclenchaient ces crises, en quoi consistaient-elles, n'étaient-elles pas le résultat psychologique de son agression? Trop de questions que le jeune milliardaire ne pouvaient absolument pas résoudre sans l'aide volontaire de la petite blonde. Et Lex Luthor avait peur. Peur de ce qu'il adviendrait de Chloé s'il ne trouvait pas de réponses, peur de perdre encore une fois une des rares personnes à qui il tenait, peur de ne pouvoir protéger la jeune fille contre elle-même. Car il avait peut être les moyens de la protéger contre tous les dangers de l'extérieur, mais il était totalement impuissant lorsqu'il s'agissait de la défendre contre ses propres démons, lui qui n'arrivait même pas à se débarrasser des siens...



Il aurait tout le temps de se préocuper de ces questions plus tard. Ce qui comptait à présent, c'était que Chloé se sente en sécurité et surtout, qu'elle arrête de pleurer. Lex resserra légèrement son étreinte et sentit la tête de la jeune fille se poser doucement sur son épaule. Les deux jeune gens ne surent dire combien de temps ils restèrent ainsi, mais peu à peu, les sanglots étouffés de Chloé s'espacèrent et le silence se fit. Ce fut elle qui prit le parti de parler la première.



<_Ca va aller Lex, je te remercie...



_Non Chloé. Cela n'ira pas et tu le sais.

Surprise, la jeune blonde leva les yeux vers lui. Lex ne se laissa pas démonter par le regard décontenancé qu'elle lui jeta, et continua d'une voix qu'il voulu ferme.



_Il faut que tu me parles. Que tu me racontes ce qu'il t'est arrivé cette nuit là. Que tu m'en dise plus sur ces crises que tu fais , que...



_Je n'en sais rien!

Chloé avait presque hurlé en interrompant le jeune homme. Elle refoula les larmes qui lui venaient de nouveau aux yeux, et murmura plus doucement:



_Je n'en sais absolument rien! Je...je ne sais pas ce que c'est.



_Dis moi simplement ce dont tu te rappelles. Je t'en prie Chloé, si tu ne m'aide pas, je ne pourrais rien faire. Parle moi.

La jeune fille soupira et lança un regard autours d'elle.



_Je les ait tous fait partir. Nous sommes seuls et tu peux me parler. Je ne dirais rien, je t'assure.



_Je sais.

Chloé n'avait pu s'empêcher de prononcer cela, les mots lui avaient échappés malgré elle. <Quelle idiote! Il va se douter de quelque chose...>



Lex se sentit profondément touché par cette révélation. Elle avait confiance en lui! Pourquoi en avait-il douté?



Elle inspira longuement et commença à parler.



_J'ai des sortes de flash...je ne sais pas exactement ce que c'est. Ca paraît si réel! Je me trouve dans une grande pièce blanche, et je ne suis pas seule. Il y a des hommes en blouse blanche près de moi. Je les entend parler comme toi je t'entend! C'est..une sensation très étrange. Parfois j'ai l'impression de leur répondre, comme si je faisais moi aussi partie du décors. Il me regardent, me parlent comme si j'étais l'une des leur, mais je n'arrive pas à me rappeler ce qu'ils disent... C'est si effrayant! Je ne peux pas bouger, tout ce que je dis ne vient pas de moi, c'est comme si...comme si je n'avais aucun contrôle sur mon corps! Et je ne sais pas comment m'en échapper...J'ai peur de devoir passer le restant de mes jours là-bas, avec eux, de n'être plus qu'une ombre dans un corps incontrôlable! C'est terrifiant Lex!



Une larme avait roulé sur sa joue, et Lex approcha sa main du visage de Chloé pour l'essuyer. La jeune fille posa sa propre main sur celle de Lex et lui sourit tristement.

Peut être qu'après tout, c'était un peu plus que de la pitié... Lorsqu'elle sentit les doigts du jeune milliardaire se refermer sur les siens, cette simple pensée se mua en une certitude absolue. Oui, Lex semblait s'occuper d'elle beaucoup plus tendrement que ce que la simple générosité le demandait.

Et maintenant, il ne semblait pas du tout disposé à lâcher sa main. Au contraire, elle le voyait se rapprocher lentement d'elle. Lorsqu'il fut assez près, il caressa de sa main libre ses cheveux blond et approcha doucement sa tête de la sienne... Elle sentait son souffle sur sa bouche et observa un instant le beau visage de l'homme qui s'apprêtait à l'embrasser, avant de fermer les yeux et de s'abandonner complètement à lui.





Des voix. On parlait. Qui? Les hommes en blancs, bien sûr! Oh non... Pas ça, pas encore! Chloé sentait la panique la gagner de nouveau. Elle essaya malgré tout de se concentrer sur ce qu'il se passait autours d'elle. Elle entendait la voix de ces hommes, elle s'entendait même leur répondre , mais ne comprenait pas un mot de ce qu'elle leur racontait. Et au loin, dans ce qui semblait être un recoin de son imagination, elle entendait un hurlement - son hurlement. La voix de Lex lui parvenait, distante et à peine audible... Perdue. Elle se sentait perdue. <Mon dieu... faîtes que cela cesse! Je Vous en prie, faîtes que... CLARK!>



Chloé ouvrit brusquement les yeux. Le visage inquiet de Lex apparut devant ses yeux, et elle se jeta à son cou.



<_Oh Lex! J'ai vu...



_Clark. Je sais.

Elle s'écarta brusquement.



_Comment...



_C'est toi qui l'a dis. Tu as crié, puis tu as répété plusieurs fois "chambre 12, projet 444" et d'autres mots qui n'avaient pas vraiment de sens. Et tout d'un coup tu as hurlé le prénom de Clark. Qu'est-ce qui s'est passé?



_Je ne sais pas... Je ne me rappelle pas! J'ai...j'ai simplement la sensation d'avoir vu Clark là-bas. Non attend... Une photo! C'est ça, ces hommes avaient une photo de Clark! lls parlaient de quelque chose mais... je n'arrive pas à me rappeler... je ne me souviens plus!



_Ce n'est pas grave Chloé. Ce qui compte, c'est que tu ailles bien.



_Mais je ne vais pas bien, Lex! Ca ne te paraît pas évidant? Je suis en train de devenir folle! Je...



_Arrête!>

La jeune fille stoppa son discours, et leva des yeux étonnée vers lui. Le ton qu'il avait employé avait été plus agressif qu'il ne l'aurait voulu, mais les mots étaient presque sortis involontairement de sa bouche.



<_Excuse moi. Mais je ne supporte pas de t'entendre dire ça. Tu n'est pas, et tu ne seras jamais folle, Chlo! >

Chlo! Il l'avait appelé Chlo! Seul son père l'appellait comme ça! Enfin, son père et... Aucune importance.

Lex l'avait nommé ainsi. Et elle n'aurait jamais cru cela possible un jour. Il avait également essayé de l'embrasser avant que... Au souvenir effrayant de ce qui venait de se passer, Chloé sentit de nouveau les larmes lui monter au visage. Elle tenta de se reprendre, mais ce fut plus fort qu'elle, une larme s'échappa.

Pourquoi pleurait-elle autant?! Lex ne devait plus voir en elle qu'une gamine pleurnicheuse! <Mais non Chloé, reprend toi, Lex sait ce que tu as traversé, il comprend ton chagrin et il ne veut que t'aider...> Elle essuya sa joue d'un geste brusque, regarda Lex dans les yeux et lui offrit le plus beau sourire qu'elle pouvait afficher en de pareilles circonstance.



<_Lex je... je ne sais pas comment te remercier de tout ce que tu fais pour moi. Mais je voudrais comprendre. Pourquoi est-ce que tu te donnes autant de mal? Je veux dire, rien ne t'oblige à m'aider comme tu le fais et...



Le jeune homme ne lui laissa pas le temps de finir. Il se pencha vers elle et effleura ses lèvres si vite qu'elle n'eut pas le temps de faire un mouvement.



_C'est que le jeu en vaut la chandelle...> murmura-il doucement en plongeant ses yeux dans ceux de la jeune fille. Puis il se leva rapidement et quitta la chambre, non sans lui avoir dit auparavant qu'il ne resterait pas loin au cas ou elle aurait besoin de lui. La porte se referma sur une Chloé interdite, encore sous le choc non pas de ses crises mais du baiser de Lex.

Chapitre 9














Lex descendit rapidement les escaliers qui menaient à son bureau. Il ne savait pas ce qui lui avait pris. Une impulsion. Depuis quand Lex Luthor cédait-il à une impulsion? <Depuis que Lex Luthor est amoureux.>

Non! Enfin peut être. Mais il n'aurait pas dû. Il n'aurait même jamais dû accepter d'héberger Chloé chez lui. Oui, il aurait dû prévoir ce qui allait se passer, anticiper les faits comme il l'avait toujours fait. Mais il en avait été incapable, car déjà Chloé occupait son esprit et brouillait ses pensées. <Alors maintenant c'est la faute de Chloé si tu ne parviens plus à te maîtriser?> Non. Bien sûr que non, Chloé n'y était pour rien. C'était lui, encore et toujours lui qui était en cause. Mais la vraie question était de savoir si Chloé embrouillait réellement ses pensées ou si au contraire elle lui permettait de voir plus clair au fond de lui-même. Encore une question qui demeurerait sans réponse... <En est tu certain?> Non. Lex n'était plus sûr de rien ces derniers temps. Pourtant, il voulait croire en ce sentiment profond qui l'habitait et qui faisait désormais partie de lui... Il avait besoin d'y croire. Et c'est en repensant à ce qu'il avait éprouvé lorsque Chloé lui avait sourit qu'il sût qu'il n'avait jamais eu les idées aussi claire qu'à ce moment précis. Le mouvement spontané qui avait suivie et qui lui avait fait embrasser Chloé avait été des plus rationnel, puisqu'il lui avait permis d'exprimer ses sentiments à la jeune fille. Cette pensée le rassura et ce fut d’un geste calme qu’il ouvrit la porte de son bureau. Il se dirigea vers son luxueux fauteuil de cuir noir et s’y assit, pensif.









Chloé rêvait. Ce n’était pas un rêve ordinaire, c’était un rêve éveillé. Elle s’imaginait Lex Luthor pensant à elle, seul dans son grand bureau sombre. Elle le voyait distinctement devant l’écran de son ordinateur, perdu dans des pensées qui le dirigeaient vers elle, Chloé Sullivan. <Tu t’emballes trop vite Chloé, c’est de Lex Luthor qu’il s’agit…> Oui en effet, il s’agissait de Lex Luthor, l’homme qui l’avait embrassé. Bien sûr, cela n’avait pas été un long baiser romantique échangé sur une plage au coucher du soleil, mais la définition du mot baiser était on ne peut plus claire pour Chloé. Jusque là, elle avait toujours cru que son attirance pour le jeune milliardaire était loin d’être réciproque, mais l’attitude de ce dernier laissait pourtant croire le contraire… La confusion qui régnait dans l’esprit de la jeune fille la troublait, car Chloé aimait avoir les idées claires et ordonnées. Le fait de passer touts ses journées allongée dans cette chambre n’arrangeait certainement pas les choses, car la solitude et l’ennuie commençaient à peser lourd pour la jeune reporter, avide d’espace et de liberté. Elle balaya la chambre du regard, et ses yeux s’arrêtèrent sur la grande fenêtre qui éclairait la pièce. De son lit, Chloé ne voyait pas grand chose, et elle décida de se lever pour aller ne serait-ce que jeter un coup d’œil au jardin. C’était la première fois que Chloé sortait de son lit depuis qu’elle était arrivée ici. Ses blessures, bien que soignées tous les jours, se réveillèrent dès qu’elle posa un pied par terre et ravivèrent en elle des souvenirs bien plus douloureux. Pourtant le désir de voir l’extérieur fut plus fort. Encouragé par son incroyable capacité à surmonter le pire, Chloé oublia ses douleurs physiques et tenta de chasser celles morales, sans toutefois y parvenir entièrement. Elle avança lentement jusqu’à la fenêtre, et promena ses yeux sur le magnifique jardin qui s’offrait à elle. Elle admira le nombre impressionnant de fleurs qu’elle y vit, la hauteur des arbres, la grandeur du parc et la beauté de la fontaine qui trônait au milieu de ce paradis. Alors, comme pour chasser définitivement tous ses mauvais souvenirs, elle ouvrit la fenêtre et écouta les bruits qui lui parvinrent. Un brusque sentiment de plénitude l’envahit, et elle oublia l’espace d’un instant ce qu’il lui était arrivé et où elle se trouvait. Les seconde passèrent et Chloé, sentant la douce chaleur de l’après midi l’envelopper doucement, crut entendre son nom dans le chant des oiseaux et dans le bruit de l’eau qui jaillissait de la fontaine. La tentation devint trop forte. La jeune fille se dirigea vers la petite chaise à coté de son lit, où était posées ses vêtements et s’habilla le plus rapidement possible. Elle ouvrit doucement la porte de sa chambre, et se glissa sans bruit dans le couloir. Ignorant si son état lui permettait ou non de sortir, elle préféra se faire discrète. - non pas qu’elle craigne les reproches du médecin, mais elle voulait à tout prix éviter ceux de Lex. Il avait apparemment une plus haute estime d’elle que ce que la jeune fille avait pensé, et Chloé ne supporterait pas l’idée de le décevoir. Elle tourna un long moment dans ces couloirs déserts qui font à la fois le charme et le sinistre des manoirs, pour enfin arriver devant une petite porte qui donnait sur l’extérieur. Là encore, Chloé ne vit personne et se risqua donc à s’aventurer dehors. Elle franchit la porte et se retrouva sur une immense terrasse en pierre, recouverte, comme les murs du manoirs, de lierre rouge sombre qui lui conférait un aspect chaleureux. Malgré la fatigue qui commençait à se faire sentir et ses membres de plus en plus douloureux , Chloé s’avança au milieu de cette imposante terrasse et observa le paysage qui l’entourait. Le parc qu’elle avait admiré quelques minutes plus tôt s’étendait à présent tous autours d’elle, sous elle, pour être exacte. La jeune blonde s’accouda à la balustrade et contempla un long moment ce somptueux jardin vivifiant. L’air lui fit du bien et lui permit de remettre en place le désordre qui avait pris place dans sa tête.

Malheureusement, cet ordre nouveau permit également à Chloé de repenser à ce qu’elle aurait bien voulu oublier. Les chants des oiseaux, si accueillant quelques instants auparavant, se transformèrent en longues plaintes sinistres qui firent courir des frissons dans le dos de Chloé. Le doux bruit de l’eau se mua en un bruit de torrent déchaîné qui semblait emporter tous les hommes, quels qu’ils soient, au fond de son abysse impitoyable. Elle aurait voulu s’empêcher de pleurer, mais depuis quelques jours ses larmes coulaient contre sa propre volonté. Elle se surprit une fois de plus à sangloter, oubliant le magnifique paysage et ne voyant plus à travers ses larmes que la scène qui s’était déroulée cette nuit là.

Une main réconfortante se posa sur son épaule, mais Chloé ne se retourna pas. Peu lui importait qui était la personne qui avait pitié d’elle, elle souffrait et elle était seule. Alors elle sentit un bras lui enserrer la taille et Lex la fit doucement tourner vers lui. Il l’avait vu s’aventurer dans le jardin, et n’avait pu aller contre l’envie irrépressible de sortir la rejoindre. Il essuya son visage en larme et lui caressa tendrement les cheveux. < Ne pleure plus Cho. Je t’en pris ne pleure plus. > Il sentit que la jeune fille essayait de se maîtriser, et fit un effort surhumain pour ne pas se rapprocher d’elle et l’embrasser. Il se contenta de poser délicatement une main sur sa joue et de la regarder dans les yeux, tout simplement. Au bout de quelques secondes et à son grand étonnement, elle prit la parole.



<_Il faisait très sombre cette nuit là. >



Lex comprit immédiatement à quelle nuit elle faisait allusion, et jugea plus prudent de l’écouter sans l’interrompre. Car si Chloé avait finalement choisit de se confier à lui, le moindre geste aurait pu brusquement la faire changer d’avis .



<J’étais restée tard au lycée parce que je devais terminer des articles pour La Torche. Tu sais que mon père rentre tard et qu’il n’y a personne d’autre chez moi. Alors bien sûr, personne ne s’inquiète de l’heure à laquelle j’arrive. Lorsque je suis sortie dans la rue, j’ai eu la sensation que quelqu’un me suivait, mais je n’ait pas pris ça au sérieux,. Après tout, ajouta-t-elle avec un faible sourire, ce n’était rien d’autre qu’un délire paranoïaque de mon bizarre esprit de reporter ? >

Son sourire s’effaça lorsqu’elle continua.

<Mais je me trompais. Je suis montée dans ma voiture, et j’ai prit la direction de chez moi. Pendant le trajet, je me suis aperçut que quelque chose clochait avant même que la voiture derrière moi ne me double à une vitesse folle. Mais c’est lorsque le conducteur s’est mis en travers de ma route et que j’ait dû m’arrêter brusquement que j’ai commencer à avoir peur. J’ai vu une ombre sortir de la voiture en face de moi, et elle s’est dirigé vers ma portière. Une voix d’homme m’a dit de sortir . Comme je refusais, il a dit qu’il avait perdu le contrôle de sa voiture sans aucune raison, et que celle-ci était inutilisable désormais. Il m’a assuré qu’il était désolé de s’être arrêté brusquement, qu’il espérait que je n’avais rien, et que je pourrais peut être l’aider. Il m’a supplié tant et tant que j’ai finalement cédé. Je suis sortie et ensuite … c’est le trou noir. Du moins jusqu’à ce que je me réveille, les mains attachées dans le dos, les yeux bandés, perdue au milieu de la forêt. J’ai d’abord cru que j’étais seule, et crier est la première pensée qui me soit venue à l’esprit. Mais lorsque j’ai commencé à appeler au secours, un homme est arrivé derrière moi. Il m’a attrapé par les cheveux et m’a juré que si je criais encore une fois, il n’hésiterais pas à me tuer. A sa voix, j’ai reconnu l’homme de la voiture. J’étais paniquée, mais j’ai obéis. Alors j’ai entendu parler une femme près de moi. Elle demandait à l’homme ce qu’il comptait faire. Elle a dit que si le projet avait été abandonné, c’est qu’il y avait certainement de bonnes raisons et qu’il n’avait pas le droit de faire… ce qu’il comptait faire. Mais l’homme ne l’écoutait même pas. Il a simplement répondu d’une voix qui m’a terrifiée:<J’ai tous les droits.> Ils n’ont plus parlé pendant un long moment, et je crois que j’aurai encore préféré les entendre. L’homme semblait préparer quelque chose, mais je n’ai aucune idée de ce que cela pouvait bien être. J’entendais des bruits de flacons, mais je n’y ai pas vraiment fait attention. Ils avaient sûrement du me frapper à la tête pour m’assommer, parce que j’avais très mal et je sentais du sang couler sur mon front. Lorsque l’homme a repris la parole, il a simplement dit : <C’est près.> La femme lui a demandé s’il était certain de ce qu’il faisait, et l’homme a dit :<Oui. La science est comme tout, elle exige des sacrifices.> J’avais tellement peur ! Ils parlaient comme si je n’existait pas, comme si je n’étais…qu’un instrument au milieu de leur projet ! C’est lorsque je l’ai sentit s’approcher de moi que j’ai réellement paniqué. Je me suis débattue lorsqu’il a posé sa main sur mon bras, et il m’a frappé à la tête. J’ai recommencé à hurler, j’ai essayé de me détacher, mais plus je bougeais et plus il frappait fort. Il ne prononçait pas un mot, c’était comme s’il ne voulait pas que j’entende sa voix. Je crois que c’est ce qui m’a le plus effrayé. Ce calme qu’il parvenait à garder alors même qu’il…qu’il me frappait. Quand j’ai compris que je ne pouvais rien faire, je suis restée immobile et j’ai attendue le suite. Je l’ai sentie qui s’avançait vers moi, et je sens encore son haleine sur ma figure…Il m’a dit :<Fait de beaux rêves Chlo.> Et il m’a planté une aiguille dans le bras. J’ai à peine crié lorsque j’ai sentit la seringue s’enfoncer brutalement, mais je ne me suis pas débattue. A quoi bon, n’est-ce pas? >

La jeune fille avait levé son triste visage mouillé vers Lex. Lui raconter les faits tels qu’ils s’étaient déroulés lui demandait énormément d’effort, et Lex en avait parfaitement conscience. Mais il fallait qu’il sache. Il l’encouragea d’un sourire.



<_Continue Chlo.

_Je pensais que c’était finit. Qu’ils avaient réalisé leur expérience et qu’ils allaient me laisser partir, mais l’homme n’était apparemment pas de cet avis. Il m’a…Il a caressé ma joue et a dit à la femme derrière moi :<Elle est plus belle que ce que je pensais.> La femme lui a dit qu’il n’était pas sérieux, qu’il ne songeait tout de même pas à…>

Chloé ne put achever sa phrase . Elle continua cependant:<L’homme lui a répondu d’aller au diable, et qu’elle pouvait partir si elle le souhaitait. La femme a dit qu’elle ne voulait pas assister à cela… J’ai cru l’espace d’un instant qu’elle essaierait de le résonner, ou qu’elle tenterait de l’empêcher de me faire du mal…mais elle est tout simplement partie et m’a laissée seule avec lui. Alors il a commencé à m’embrasser le visage, à me caresser les cheveux et puis il a… Enfin il m’a…>



Chloé chancela et s’effondra dans les bras du jeune homme. Elle tremblait de la tête aux pied et pleurait sans pouvoir s’arrêter. Abasourdi, Lex la serra contre lui et lui murmura doucement :



<_C’est bon Chloé, c’est finit. N’y pense plus ma Chlo, plus rien ne pourras t’arriver Tu es en sécurité ici…>

Cette révélation l’avait consterné, et il ne parvenait pas à admettre ce qu’il venait d’entendre . Violée. Un homme – un monstre – avait violé Chloé, cette jeune fille presque femme qui était la joie même de vivre . Pourquoi…Mais l’heure n’était pas aux réflexions. Car si lui était stupéfait, Chloé , elle, était non seulement à bout de nerfs mais aussi à bout de force. Constatant avec surprise que la nuit approchait, il la conduisit dans la chambre et la glissa dans les draps satinés. Ils se regardèrent un long moment dans les yeux, et sans un mot, Lex s’allongea près de la jeune fille. Il l’enlaça comme la fois précédente, et attendit qu’elle se fut blottie contre lui pour lui murmurer à l’oreille :<Je suis désolé Chlo. Vraiment désolé. > Pour toute réponse, il sentit la jeune fille se serrer d’avantage contre lui, leur visage n’étant plus qu‘à quelques centimètres. Alors, tout doucement, il se rapprocha d’elle jusqu’à ce que leurs lèvres se touchent et l’embrassa tendrement. Le baiser qu’il échangèrent fut doux et passionné. Lex se sentit frissonner, chose qui ne lui était jamais arrivé dans les bras d’une fille. L’étrange sensation qui parcouraient son corps était agréable, mais complètement nouvelle pour lui. Et il appréciait d’autant plus l’instant qu’il sentait également Chloé frissonner contre lui. La jeune fille lui rendait passionnément son baiser, et avait noué ses mains autours de son cou. Elle s’abandonnait complètement à l’étreinte experte du milliardaire, oubliant pour quelques instants ses douleurs et ses craintes. Lorsqu’ils se séparèrent une première fois, Lex ne put s’empêcher de reprendre immédiatement possession des lèvres de Chloé, comme s’il eut craint de la perdre en la laissant s’éloigner de lui. Et lorsque leur étreinte prit fin, il la tint serrée contre lui comme si sa vie dépendait de sa proximité. La jeune fille avait retrouvé ce sentiment de sécurité qu’elle appréciait tant et qu’elle ne ressentait que dans les bras de Lex. Epuisée, elle n’hésita pas un seul instant à se blottir près de lui et s’endormis presque immédiatement, ayant encore à l’esprit les images du merveilleux moment qu’elle venait de vivre. Lex s’endormit lui aussi, bercé pas la respiration régulière de celle qui venait de changer sa vie. Car pour Lex, ce baiser avait non seulement été l’expression de son désir le plus profond, mais aussi l’anéantissement total de tout ce qu’avait été l’enseignement de son père. Sa vraie nature, chargée d’émotions nouvelles, surgissait brusquement et le submergeait totalement. Bien sûr, le Lex qu’il connaissait et qui faisait tout autant partie de lui était encore là, cependant quelque chose avait changé. Quoi ? Il tenta de trouver la réponse exacte à cette question, mais ses yeux se fermèrent et il s’endormit lui aussi, tenant toujours tendrement Chloé dans ses bras.

Chapitre 10






Lex ouvrit lentement les yeux et eut la surprise de sentir la douce lueur du jour lui caresser le visage. Il ne se rappelait plus la dernière fois qu’il avait fait la grasse matinée, mais cela devait datait de quelques années déjà… Cette sensation apaisante de se sentir délivré de toute obligation lui avait manqué, et il appréciait le fait de la ressentir à nouveau. Mais ce qu’il appréciait le plus en cette matinée ensoleillée, c’était la présence de Chloé à ses côtés. Le fait de l’avoir ainsi près de lui, dans ses bras, était sans nul doute la sensation la plus agréable qu’il eut connu mis à part, bien sûr, le baiser passionné qu’ils avaient échangés cette nuit. Oui, Lex avait enfin laissé libre cour à ses sentiments, et le résultat lui faisait envisager de poursuivre dans cette voix. Il sentit Chloé bouger légèrement contre lui, et ses pensées allèrent vers la jeune reporter, et à ce qu’elle avait subit. Il avait bien sûr envisagé toutes les possibilités de scénarios lorsqu’il l’avait amené au manoir, et avait évidemment songé à cette éventualité. Mais ayant écarté cette idée avec tant de force et de conviction, il avait finit par la considérer comme fausse. Et voilà qu’elle resurgissait, inacceptable, dérangeante et choquante.

Cependant, Lex ne devait en aucun cas montrer sa surprise et sa haine envers l’individu qui avait fait cela à Chloé. Il fallait qu’il se montre fort et souriant, pour aider la jeune fille et lui faire oublier ce qui s’était passé. Oui, il le ferait pour Chloé. Mais celui qui avait fait cela paierait un jour ou l’autre, Lex en faisait le serment ici même. Il ne laisserait pas cet acte abominable impunis, parce qu’un malade mental doublé d’un violeur ne peut pas se promener librement dans la nature, et parce qu’il était amoureux de celle qui en avait été victime. <Amoureux ? Enfin tu te décides à l’accepter ?> Non! Il n’était pas amoureux, et ce qu’il ressentait envers Chloé n’était autre que de l’attirance pure et simple. Oui, de l’attirance uniquement. Son regard se posa sur elle. Non, c’était bien plus que de l’attirance, et il le savait parfaitement. Alors pourquoi luter contre des sentiments d’une telle ampleur? Cela ne pouvait que le conduire vers une défaite certaine, et il ne supporterait pas de perdre. Il n'avait plus le choix - mais l'avait-il eu un jour? C’est en acceeptant ces sentiments qu’il lui faudrait désormais continuer à vivre.

Il passa doucement sa main dans les cheveux de Chloé, ramenant une mèche égarée derrière son oreille. Il sourit lorsqu’il la vit se réveiller lentement, et l’image de ce sourire fut la première chose qu’elle aperçut en ouvrant les yeux.



<_Bien dormis princesse?

Mais que faisait-il là?



_Oui, très bien pourq....



Subitement, tout lui revint en mémoire. Son récit, la peur et la tristesse qu'elle avait montré en revivant ces atroces moments et, surtout, le baiser qu'elle avait échangé avec Lex. Cette pensée, dominante, effaça tous les sombres souvenirs de la veille et laissa Chloé rêveuse et apaisée. Elle lui sourit à son tour:



_Il faut dire que j'étais très bien entourée...

Lex n'était pas dupe. Il avait vu les yeux de la jeune fille s'assombrir avant qu'elle n'affiche ce sourire enjôleur. Mais il fit comme si de rien n'était, non seulement parce qu'il ne voulait pas raviver de mauvais souvenirs, mais aussi parce qu'il ne pouvait résister à ce sourire si charmeur. Il se pencha vers elle et posa ses lèvres sur les siennes. De nouveau ils s'embrassèrent mais cette fois ci, ni peur ni larmes dans ce baiser. Seulement l'expression de deux êtres s'avouant quelque chose d'inavouable, préférant les gestes explicites aux paroles confondues.

Lex savait parfaitement ce qu'il faisait, et ne regrettait pas un seul instant son geste. Cette fille était bien plus qu'une simple conquête, bien plus que tout ce qu'il avait connu jusqu'à présent. Celles de son passé n'avaient été que des passades, à peine plus que des pâles imitations de Chloé. C'était avec cette jeune blonde qu'il voulait être, car c'était avec elle qu'il se sentait vivre. Il ne la laisserait pas partir, comme il avait laissé partir sa mère, et il veillerait sur elle mieux que sur lui-même. Oui, Lex Luthor était amoureux, et Lex Luthor l'acceptait enfin.

Chloé se laissait aller dans les bras du jeune milliardaire, à la fois heureuse et déconcertée. Si elle avait désormais compris que Lex ressentait autre chose pour elle que de la simple compassion, elle avait pourtant du mal à l'accepter. Pourquoi un homme tel que Lex Luthor, qui pouvait avoir toutes les femmes, tout le luxe de ce monde se contentait-il d'elle, une adolescente encore mineure, inconnu de tous et rédactrice en chef d'un journal de lycée? Et si elle n'était rien de plus pour lui qu'une nouvelle conquête, à affichée sur son impressionnant tableau de chasse? Mais l'intensité du baiser qu'ils étaient en train d'échanger lui fit soudain prendre intimement conscience que cela n'était pas le cas. Lex avait des sentiments pour elle. Peut être différents des siens, ou peut être semblables. Mais ils étaient présents. Comment pouvait-il en être autrement?

Rassurée, elle répondit avec ardeur à son baiser, et lui fit cadeau de son plus beau sourire lorsqu'ils s'éloignèrent. Mais le jeune homme n'eut pas la réaction escomptée, et commença gravement:



_Chloé à propos d'hier soir...

Elle l'arrêta d'un geste.



_Non Lex. Ne parle pas d'hier soir, je t'en pris... C'est mieux comme ça.

Le jeune homme dut prendre sur lui pour réprimer toutes les paroles réconfortantes qui lui étaient venues à l'esprit, et ne put qu'admirer le courage de la jeune fille.



_C'est entendu.

Une réplique folle lui vint à l'esprit, et il continua presque malgré lui:



_Mais mon silence ne sera pas gratuit...

Avait-il été trop loin? Apparemment non, car la jeune fille s'approchait déjà pour l'embrasser à nouveau. Face à ce baiser si spontané, Lex crut perdre le contrôle de lui-même. Il passa ses mains dans ses doux cheveux blonds, et la fit tendrement rouler sur le dos. Ses lèvres descendirent plus bas dans son cou, et il aurait volontiers continué dans cette direction si une voix à peine audible ne lui avait pas murmuré au plus profond de lui-même :< Doucement Lex, elle n’a que 16 ans… Ne brûle pas les étapes, ou tu risques de la perdre elle aussi…> Prenant brusquement conscience de ce qu’il faisait, il remonta lentement vers les lèvres de Chloé et l’embrassa plus passionnément encore.



C’est dans cette position que Clark les trouva lorsqu’il entra dans la chambre de son amie. Il resta stupéfait devant le spectacle qui s’offrait à lui, ne sachant si ce qu’il voyait était bien réel ou s’il avait oublié de se réveiller ce matin là.



Les deux amoureux levèrent brusquement la tête au léger bruit de la porte, et aperçurent Clark dans l’embrasure, stupéfait et immobile. Son regard se posa tour à tour sur Lex, puis sur Chloé et revint finalement sur le milliardaire.

Ce dernier put lire ce qu’il n’aurait jamais cru voir un jour dans les yeux de son ami, du dégoût et de la déception.



<_Clark je…

Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase. Clark avait déjà tourné les talons et descendait rapidement le grand escalier qui menait à la sortie. Comment… ? Non, pourquoi ? Pourquoi avait-il été témoin de ce qu’il venait de voir ? Qu’est ce qui avait bien pu pousser ses deux meilleurs amis à agir ainsi ? Lex. Oui, bien sûr, cela ne pouvait être que la faute de Lex, cet homme si persuasif, si attirant ! Chloé n’avait pas pu résister, elle avait été bien trop bouleversée pour pouvoir raisonner normalement… Et Lex en avait profité ! De quel droit ? Clark se reprochait désormais de ne pas avoir écouté les conseils de son père, de ne pas s’être méfié d‘avantage de celui qu’il croyait être son ami. Mais une fois de plus, il avait voulu croire en ses propres convictions, et s’était laissé berner et manipuler par cet homme !

Il était arrivé près de la sortie et s’apprêtait à ouvrir la porte lorsqu’une voix le retint.





<_Clark !

Ce dernier ne se retourna pas.



_Clark il faut que tu m’écoutes.

Cette fois ci, le garçon fit volte face.



_Pourquoi ? Tu comptes me mentir encore une fois ? Comme tu m’as mentis en me promettant de prendre soin de Chloé ?

Il continua, ne laissant pas à Lex le temps de répliquer.



_Que se passe-t-il Lex, tu as des problèmes pour mettre les femmes dans ton lit ? A moins qu’elles ne soient trop vieille pour toi ?



_Clark, ce n’est pas du tout…



_Ce n’est pas quoi ? Ce que je crois ? Ne joue pas à ça avec moi, je te connais trop bien, Lex.



Comment peut-il prétendre me connaître alors que je ne me reconnais plus moi-même ? , pensa Lex.



_Qu’est ce que tu veux que je te dise Clark ? Oui, j’aime Chloé. C’est ce que tu voulais entendre, non ?

Le sourire sceptique du garçon lui fit penser que non.



_Je ne veux que la vérité Lex, rien de plus. Je t’avais confié Chloé pour que tu t’occupes d’elle, pas pour que tu couches avec !



_Alors c’est vraiment ce que tu penses ? Que je ne veux que coucher avec elle ?



_Disons que c’est ce qui m’a semblé le plus évidant lorsque je t’ai vu allongé sur elle. Alors à moins que tu n’ais une bonne explication à me fournir, je ne vois vraiment pas ce que…



_Clark, interrompit le milliardaire excédé, pourquoi refuse-tu d’admettre que je puisse avoir des sentiments pour cette fille ?

Clark éluda la question et jeta un regard noir à l’homme qui lui barrait la route. Il réfléchit rapidement à ce qu’il comptait faire et décida finalement de rebrousser chemin.



_Je n’ai pas envie de te parler maintenant, Lex. Je suis venue pour voir Chloé , alors c’est ce que je vais faire. Et je ne te conseille pas de m’en empêcher…> , ajouta-t-il en voyant que le milliardaire s’apprêtait à dire quelque chose.

Ils s’affrontèrent un court moment du regard, et Lex s’effaça pour laisser passer Clark, sans toutefois le lâcher des yeux. Ce fut Clark qui détoura le regard, lorsqu’il se dirigea vers l’escalier qu’il venait de descendre quelques secondes plus tôt. Arrivé à l’étage, la colère qu’il affichait fit vite place à la tristesse qui l’habitait véritablement. Il détestait se disputer avec Lex, et se sentait d’autant plus déçu qu’il avait la nette impression d’avoir été trahis. Mais comme il l’avait dit à Lex quelques instants plus tôt, il était venu pour parler à Chloé et ne repartirait pas sans l’avoir fait. Seulement, il devait se montrer raisonnable dans ses propos, car il ne connaissait pas l’état actuel de la jeune fille et ne voulait surtout pas dire ou faire quelque chose qui risquait de lui faire du mal. Il prit une profonde inspiration, et c’est l’air calme et décidé qu’il entra dans la pièce.

Il trouva son amie assise sur le lit, qui l’attendait patiemment.



<_Clark !> s’exclama-t-elle en l’apercevant. Je commençais à me demander si tu reviendrais un jour ! Entre vas-y, continua-t-elle en le voyant hésiter.

En réalité, c’était plus par surprise devant son enthousiasme que par timidité que le garçon avait eu un moment d’hésitation. Une fois plus proche de la jeune fille, il constata avec soulagement que les marques sur son corps disparaissaient peu à peu. <Mais les plus profondes sont encore visibles…>, ne put-il s’empêcher de penser. N’y tenant plus, il laissa échapper presque malgré lui :

_Chloé, est-ce que tu peux m’expliquer ce que tu faisais avec Lex ?

Le sourire enjoué de la reporter s’effaça, mais elle ne se laissa pas démonter.



_Ce que nous faisions ensemble me paraît pourtant clair…



_Tu sais très bien de quoi je parle.



_ Je le sais parfaitement Clark, et je me permet de te rappeler que ce que je fais avec Lex ne concerne que lui et moi ! Alors ne viens pas me donner des leçons de morale, parce que je sais très bien ce que je fais !



_Chloé…



_Non Clark. Je ne suis plus une gamine, et je peux prendre des décisions sans ton appui figure toi ! Je ne chercherais pas à me justifier, alors ou tu es venu ici pour prendre de mes nouvelles, ou ce n’est pas la peine que tu restes.>

Résigné, Clark se tut et s’assit sur la chaise qui se trouvait près du grand lit. <Cette histoire n’est pas encore terminée…>, pensa-t-il malgré son silence.

Chloé l’avait également deviné, mais elle ne voulait pas affronter les reproches légitimes de Clark. Car elle savait pertinemment que ce qu’elle faisait était une folie, mais c’était bien la plus agréables des folies qu’elle n’avait jamais eu à faire… Et bien que les accusations de Clark soient justifiés, elle ne voulait seulement pas les entendre, de peur que ce qu’il dise ne la fasse renoncer à ce qu’elle venait tout juste de commencer.



Après un long silence pesant, Clark prit finalement la parole :



<_J’en déduis que tu vas mieux ?



_Clark !



_

_Excuse moi. Comment vas-tu ?



_Je vais beaucoup mieux, je te remercie. Et même si dès que je bouge, j’ai l’ impression que tout mon corps va exploser en un millier de petits morceaux , je crois que ça pourrait être pire ! , conclut-elle dans un sourire.

Clark lui rendit son sourire sans se forcer. Il retrouvait, du moins pour l’instant, la Chloé qu’il connaissait et cela suffisait à le dérider.



_Je suis content que tu ailles mieux.

Il marqua une courte pause.



_Chloé je…

Il hésita de nouveau. Fallait-il lui dire pour Lana ? Etant donné les circonstances, le moment semblait plus que mal choisis. Non, il lui annoncerait la nouvelle plus tard, lorsqu’il aurait lui-même réalisé ce qu’il était en train de vivre avec la belle jeune fille brune. Il décida donc de se taire et préféra aborder un autre sujet, plus sombre.



_J’ai fait des recherches sur des évasions récentes.

Le regard de la jeune journaliste s’éveilla brusquement.



_Et qu’est-ce que tu as trouvé?



_Je n’en sais encore rien mais…Est-ce que le nom de Tom Parquer signifie quelque chose pour toi ?



_Tom ? Bien sûr mais je ne vois ce qu’il…

Un éclair de compréhension passa dans les yeux de Chloé.



_Tu ne crois quand même pas que Tom aurait pu… Enfin Clark, je sais que Tom n’est pas un ange, mais de là à en venir à…

Elle s’arrêta, ne pouvant continuer. Clark perçu son trouble et voulu encourager son amie à parler. Il devait savoir ce qui était arrivé cette nuit là, et il ne pourrait le faire sans l’aide de la jeune fille.



_Je pense que tout serait beaucoup plus facile pour toi si tu décidais de te confier à quelqu’un… Tu sais que je suis là et que tu peux tout me dire, n’est-ce pas ?

Elle sourit de sa touchante attention, mais garda cependant le silence . <Merci Clark, mais je me suis déjà confié.> , eut-elle envie de lui répondre. <Et c’est vrai que tout va beaucoup mieux depuis… > Mais elle ne pouvait pas lui parler, pas de ça et pas à lui. Malgré toute l’amitié qu’elle avait pour Clark, Lex était l’unique personne à qui elle voulait s’ouvrir, l’unique personne capable de la réconforter comme il le faisait. Et elle ne se sentait pas prête pour faire un second récit de sa triste mésaventure, pas plus qu’elle ne voulait de la pitié de Clark . Elle n’aimait pas que les gens la plaigne, et ne supporterait pas de voir ce sentiment, qui la faisait pourtant chavirer chez Lex, dans les yeux de son ami. Alors elle se tût, et Clark comprit qu’il valait mieux ne pas insister.



<_Tom était dans une maison de redressement, enchaîna-t-il, feignant d’ignorer le lourd malaise engendré par sa question.

Il vit les yeux de Chloé s’agrandir de surprise.



_Et il a été arrêté il y a peu de temps pour…pour agression.

La jeune blonde était interloquée. Elle connaissait vaguement Tom, pour lui avoir parlé au sujet d’un article de La Torche qu’elle avait écrit sur Eric, le lycéen qui s’était retrouvé du jour au lendemain doté d’une force spectaculaire. Le sujet avait apparemment plu à Tom, et ils en avaient discuté quelques minutes. Il ne lui avait pas fait une mauvaise impression, au contraire puisqu’elle l’avait même trouvé assez sympathique. Comment aurait-elle pu se douter que sous ses apparences aimables se cachaient des instincts aussi bas et cruels ? Les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent, tu devrais le savoir maintenant Chloé… Oui, Tom était peut être l’homme qui l’avait agressé, mais comment en être sûre ? Le seul fait de repenser aux sombres événements du soir de l’agression la faisait trembler d’effroi, alors comment pourrait-elle supporter de regarder en face celui qui lui avait fait subir cela ? Elle ne pouvait de toute façon pas se déplacer, et il était peu probable que Tom lui rende une visite de courtoisie au manoir…

Comme s’il avait lu dans ses pensées, Clark la rassura immédiatement en lui certifiant qu’il s’occuperait de tout.



_Je trouverais un moyen de lui parler Chloé, je te le promet.



_J'ai un contact à Metropolis qui pourrait peut être t'aider... Je te donne son numéro, dit lui que tu appelles de ma part, il t'obtiendras peut être une entrevue avec Tom.

Clark ne cacha pas sa surprise.



_Tu sais que tu m'étonneras toujours?

Chloé sourit, flattée de se remarque.



_Et oui, je suis une fille pleine de ressources! Son visage redevint grave lorsqu'elle ajouta :Fait attention à toi Clark, je ne voudrais pas qu'il t'arrive quelque chose par ma faute...

Le jeune homme sourit à son tour, reconnaissant.



_C'est gentil de t'inquiéter pour moi Chloé, mais je saurais me défendre, ne t'en fait pas.



_C'est vrai que le grand Clark Kent parvient toujours à se sortir des situations difficiles...>, déclara la jeune reporter d’un air entendu.

La conversation prenait un tour dangereux pour Clark, et cela lui fit repenser à sa dispute avec Lex. Sentant la rage de la trahison l’envahir à nouveau, il préféra prendre congé de son amie, craignant s’il restait de laisser s’échapper une parole maladroite ou blessante.

Après avoir noté le numéro du contact de Chloé, il se leva et bafouilla une excuse improvisée pour partir au plus vite. Il sentit la jeune fille blessée par ce départ précipité, pourtant il n’avait pas le choix. Il voulait aider Chloé, bien sûr, mais ne pouvait accepter l’idée qu’elle tombe sous le charme de Lex, connu pour être un impitoyable séducteur. Et le fait qu’elle refuse d’avoir une conversation à ce sujet avec lui ne faisait qu’attiser sa colère naissante. Partir était pour l’instant la meilleure des solutions face à ce problème qui dépassait de loin tous ses pouvoirs et devant lequel il était totalement impuissant. Les deux adolescents échangèrent un dernier sourire avant que le jeune homme ne franchisse la porte, mais l’atmosphère tendue qui régnait dans la pièce rendit ces sourires tristes et faux.

Clark descendit par le grand escalier et traversa rapidement l’immense salle qui menait à la sortie. Lex était assis dans un fauteuil, un verre à la main, et se leva lorsqu’il entendit les pas de son ami. Clark passa devant lui sans même lui accorder un regard, se dirigea vers la porte qu’il ouvrit d’un geste brusque et la referma sur lui tout aussi bruyamment. Lex demeura seul, son verre à la main, le visage crispé sous l’effet de la surprise et de l’humiliation.

Chapitre 11










Clark monta rageusement les escaliers qui le menaient à sa grange. Sa colère ne l’avait pas quitté depuis qu’il était sorti du manoir, et il devait contenir ses mouvements pour ne pas faire voler en morceau la moindre porte. Pourquoi ? Oui, là était la principale question. Pourquoi avait-il vu que ce qu’il avait vu ? Qu’est-ce qui avait poussé ses deux amis à agir ainsi ? Mais ces questions, restées sans réponse, demeuraient vide de sens.

Arrivé à l’étage, il s’approcha de l’ouverture béante qui faisait office de fenêtre, et observa les immenses champs qui s’étendaient à perte de vue devant lui. Loin de le calmer, les jaunes cultures de blé lui rappelèrent les cheveux blonds de Chloé, et l’image de son amie en train d’embrasser Lex s’imposa de nouveau sous ses yeux. Il sut retenir sa colère, mais ne pu empêcher les pensées d’affluer vers son esprit, la principale étant qu’il ne comprenait pas bien. En réalité, il ne comprenait même pas du tout. Pourquoi – cette question finirait probablement par le rendre fou – pourquoi Lex prendrait-il le risque de mettre en puéril la relation d’amitié qu’ils entretenaient, et à laquelle il semblait attacher tellement d’importance, dans le seul but de satisfaire une simple envie ? Car c’est tout ce que cela pouvait être, une envie. Sinon, pourquoi un homme tel que Lex Luthor embrasserait-il une fille comme Chloé ? Car même si Clark aimait beaucoup Chloé, elle n’était qu’une adolescente, passionnée, certes, et peut-être quelque peu reconnu dans le milieu journalistique, mais encore mineure… Cette dernière pensée rendit de nouveau Clark furieux. Peut-être que c’était cela, après tout, qui avait plu à Lex. Sinon, quoi d’autre ? Une phrase qu’avait prononcé le milliardaire lui revint tout à coup en mémoire. < Oui, j’aime chloé. C’est ce que tu voulais entendre, non ? > Simple stratégie pour te faire fléchir, Clark ! Possible. Pourtant quelque chose clochait, ne cadrait pas avec la situation. Peut-être était-ce le fait que Lex n’était pas du genre à dire des choses pareilles, quand bien même il ne les pensait pas. Mais il est si facile d’affirmer ce qu’on ne pense pas… Ou peut-être était-ce l’accent de sincérité que le garçon avait perçu dans la voix du jeune homme, qui le rendait si perplexe. Mais Lex est quelqu’un de très convaincant, et sait mieux que quiconque dissimuler ses véritables sentiments, tu devrais pourtant le savoir ! Mais pourquoi…

Clark abattit rageusement son point sur le bord de sa fenêtre, contenant son geste au dernier moment pour ne pas laisser de marque trop visible. Un léger renfoncement dans la matière apparut, mais Clark n’y prêta pas la moindre attention. Trop de questions auxquelles il ne trouvait pas de réponse satisfaisante envahissaient son esprit, et il sentait un frustrant sentiment d’impuissance le gagner peu à peu. < Mais peut-être que tu ne te poses pas les bonnes questions, tout simplement, murmura une voix douce au fond de lui-même. Peut-être que Lex t’a dit la vérité. Après tout, il est ton ami n’est-ce pas ? > Cette voix rassurante n’était pas inconnue de Clark. C’était même la seule voix qu’il désirait entendre à ce moment précis, la seule capable de l’orienter alors qu’il ne savait quoi faire. C’était…





<_Clark ?



_Lana ! , s’écria le jeune homme, qu’est-ce que tu fais là ?

La jeune fille parut surprise de sa question.



_Tu m’avais dit que tu passerais au manoir, alors je suis venue prendre des nouvelles de Chloé… Tu es sûr que ça va ? ajouta-t-elle en apercevant l’expression tourmentée de son visage.

Celui-ci sourit et répondit un peu trop rapidement :



_Bien sûr ! Pourquoi ça n’irait pas ?



_ Je ne sais pas >, continua-t-elle en grimpant les dernières marches qui la séparaient encore de lui. <Mais tu sais que tu peux tout me dire, n’est-ce pas ? >



Clark observa un instant la jeune fille qui lui faisait maintenant face. Son visage attentif, ses yeux suppliants suffirent à le faire céder, et il commença à parler. Il pouvait se mentir à lui-même, au monde entier s’il s’en sentait le courage, mais pas à elle. Pas à elle. C’était bien au-dessus de ses moyens, et c’était d’ailleurs pour cela que toutes ses piètres tentatives de mensonge pour garder le secret sur ses pouvoirs avaient lamentablement échoué.

Si, à l’heure actuelle, Lana n’était toujours pas au courent, c’était parce qu’elle ne voulait pas savoir. L’amour sans borne que lui portait Clark lui suffisait, et elle savait qu’un jour ou l’autre, ce dernier se confierait à elle. Elle était patiente, alors elle attendrait. Mais pour l’heure, il ne s’agissait plus de Clark ou d’elle-même, mais de Chloé – et de Lex, d’après les dires de Clark.





< _ …alors je suis parti du manoir, acheva celui-ci, sous les yeux ébahis de la jeune fille.



Chloé et Lex ensembles ? Elle aurait probablement tout imaginé sauf ça ! Même si, en y réfléchissant, l’idée ne lui paraissait pas si folle. Après tout, Lex était bien sûr réputé pour être un incroyable séducteur, mais c’était peut-être et tout simplement parce qu’il n’avait pas trouvé la femme qui lui convenait… Et Chloé, qui n’avait pas eu beaucoup de chance dans ses dernières relations, avait elle aussi besoin de trouver un homme qui puisse correspondre à son caractère vif et spontané. De plus, après ce qui lui était arrivé, elle devait sûrement avoir besoin de quelqu’un en permanence auprès d’elle, et qui, dans ce cas, était mieux placé que Lex ? Il y avait, bien sûr, leur notable différence d’âge, qui pouvait faire barrière et qui l’avait empêchée jusqu’à maintenant de s’imaginer la moindre aventure entre ses deux amis. Mais Lex n’était pas si âgé, et Chloé pas si jeune. Son caractère faisait d’elle une jeune fille hors du commun, qui avait besoin d’une présence plus mûre à ses côtés pour la tempérer et la raisonner. Et Lex avait, lui, besoin d’une femme de caractère, qui sache lui répondre sans gêne ni soumission.

Oui, en réalité, plus cette idée persistait dans l’esprit de Lana, plus elle lui paraissait logique et évidente. Seulement Clark ne paraissait pas du tout de cet avis, et le lui avait fait parfaitement comprendre.



< _Lana ?

La jeune fille sortit brusquement de ses pensées.



_Oui ? Excuse moi, je réfléchissais. Chloé et Lex ensemble c’est…



_Oui, moi aussi il m’a fallut de temps pour admettre que ce que j’avais vu était bien réel ! Mais ça l’était… , ajouta le jeune homme d’une voix amère.



_Je n’ai pas dit que c’était mal Clark, j’ai simplement dit que j’étais surprise.

Le ton sévère qu’avait adopté Lana et le sens même de ses paroles firent réagir Clark presque malgré lui.



_Ne me dis pas que tu approuves ce qu’ils font ?

Lana marqua un léger temps d’hésitation, mais répondit tout de même à sa question d’une voix mal assurée.



_Je… Disons que je ne vois pas vraiment où est le mal.



_Quoi ? Mais enfin Lana… C’est insensé !



_Je sais que ça en a l’air, mais après tout pourquoi pas ? Qu’est-ce qui est plus dangereux chez Lex que chez Justin ou Ian ?

La jeune brune faisait allusion aux anciens petits-amis de Chloé, qui s’étaient tous deux révélés être de dangereux criminels.



_C’est différent, s’entêta Clark.



_Pourquoi ? Clark ! Lex est ton ami et tu le connais bien, alors où est le mal ?



_Lex n’est pas quelqu’un de fiable, en tout cas pas avec les femmes.

Lana bondit.



_Quoi ? Alors maintenant tu affirmes que Lex n’est pas fiable ? Mais c’est toi qui dis à qui veut l’entendre que Lex n’est pas comme son père, qu’on peut avoir confiance en lui!



_Et c’est le cas !>, coupa le jeune homme d’une voix forte. < Mais pas en ce qui concerne les femmes.



_Et qu’est-ce qui te fait dire ça ?

La jeune femme lui tourna le dos et fit quelques pas, commençant à trouver la situation franchement désarçonnante. Elle, se disputer avec Clark Kent au sujet de Lex Luthor, et, qui plus est, prendre la défense de ce dernier ! Pourquoi tenait-elle tant à l’innocenter? La réponse vint d’elle même.



_Tout, répondit Clark à sa dernière question. Mais je ne parviens pas à comprendre pourquoi tu le défends ainsi, Lana !

Elle fit volte face.



_Et moi pourquoi tu es si aveugle ! Je n’ai jamais rien eu à reprocher à Lex, Clark, et malgré tous les bruits qui courent sur son compte, j’ai confiance en lui ! Alors ça me désole que tu ne puisses en faire autant, ajouta-t-elle tristement.



_Lana écoute m…

Mais la jeune fille ne lui laissa pas le temps de finir sa phrase.



_Non, toi écoute Clark ! Chloé va mal, elle a peut-être subit un grave traumatisme cette nuit là, et elle a besoin de soutien et de réconfort. Tu crois vraiment que c’est en te comportant de cette manière que tu vas l’aider ? Si Lex est là pour elle, tant mieux ! Je ne vois pas où est le problème ! A moins bien sûr que ça ne soit la soudaine attirance de Chloé pour un autre que toi qui te rende fou de jalousie !



Lana regretta aussitôt ces paroles, qui étaient sorties de sa bouche contre sa propre volonté et qu’elle ne pensait pas vraiment. Mais elle avait parlé, et sentait à présent que Clark en avait été blessé. Reprenant son calme, elle se rapprocha du jeune homme qui lui faisait face et lui prit doucement la main.

_Excuse moi Clark, je n’aurais pas du dire ça…

Il serra cette main fragile dans la sienne, bien décidé à ne plus la lâcher quoi qu’il advienne. Au fond de lui, il savait qu’elle ne pensait pas ce qu’elle avait dit, mais cela ne l’empêchait pas d’en être affecté. Comment pouvait-elle croire qu’une autre fille qu’elle réussirait à le rendre jaloux ? Elle était la seule, l’Unique, celle qui avait le contrôle absolu de ses sentiments et qui pouvait le blesser ou le faire rire à sa guise. Clark le savait, et il savait également qu’elle en avait conscience. Cela ne le dérangeait pas, puisqu’il n’avait aucun secret pour elle - enfin, du moins ne voulait-il pas en avoir. Au contraire, il aimait savoir qu’elle connaissait tout de lui et de ses sentiments. Peut-être était-ce ainsi une manière de compenser le lourd secret qu’il lui cachait jour après jour ? Ou bien était-ce tout simplement sa nature honnête et sincère qui s’exprimait en lui de cette façon ?



Il releva une longue mèche brune égarée sur le visage de la jeune fille, et laissa sa main s’attarder sur sa peu lisse. Plongeant ses yeux dans ceux de Lana, il s’y contempla un instant, avant de déformer l’image lorsqu’il s’approcha lentement d’elle pour l’embrasser. Le contact de ses lèvres chaudes et rassurantes le calmèrent un peu, lui faisant presque oublier leur récente altercation.

Presque, mais pas complètement.

Il ne voulait pas que leurs différents les séparent, il voulait simplement que Lana comprenne sa position. Son meilleur ami l’avait trahi, et quoi que cette dernière puisse en dire, la relation qu’il pouvait entretenir avec Chloé ne pouvait pas être bénéfique pour cette dernière. Lex était une personne de confiance, du moins c’est ce que Clark pensait quelques heures auparavant. Mais il avait été déçu par son ami, et si ce dernier était capable de le trahir lui, pourquoi pas Chloé? Il ne voulait pas qu’il arrive encore malheur à la jeune fille, et était bien loin de se douter que son attitude était certainement ce qui la faisait le plus souffrir. Son éternel besoin de protéger les autres le forçait à protéger Chloé contre tout ce qui aurait pu la blesser de nouveau, et l’empêchait de distinguer une réelle menace d’une éventuelle erreur.



Cependant, il ignorait tout cela alors qu’il embrassait la fille qui hantait ses rêves chaque nuit. Il ne pensait plus qu’au moment présent, à ce qu’il faisait et à ce qu’ils ressentaient tous les deux, ensemble. L’extase. L’immense bonheur d’être réunit, quoi qu’il advienne. Oui, c’était proche de l’extase en effet, ou peut-être même que c’était au delà. Mais quoi que ce fut, c’était bien la sensation la plus agréable qu’il n’ait jamais ressentit de toute sa vie… Même lorsque leur interminable et passionné baiser prit fin, Clark continua de serrer Lana dans ses bras puissants, comme s’il eut voulu la protéger de tous les maux de cette Terre. Et la jeune fille aimait cela, appréciait la chaleur de ses bras autours d’elle et le contact sécurisant de son corps près du sien. Le jeune homme murmura à son oreille, si doucement que Lana crut à son imagination :



<_Je suis désolé. Si tu penses qu’ils ont fait le bon choix, tu as peut être raison, mais ne me demande pas de l’accepter si vite. Laisse moi un peu de temps Lana…

Elle releva la tête vers lui, découvrant son regard d’une sincérité troublante et émouvante, déposa un rapide baiser sur ses lèvres et répondit tout aussi faiblement :



_Je te laisserais du temps Clark…

Elle sentit le jeune homme resserrer son étreinte, et se blottit légèrement contre lui. Il appuya doucement sa tête sur la sienne, et les deux jeunes gens restèrent ainsi, immobiles, durant ce qu’il leur parut être une éternité. Le touchant tableau qu’ils formaient aurait attendris le plus insensible des hommes…



Un cri d’oiseau rompit brusquement le charme, faisant sursauter les deux adolescents et effaçant du même coup toute la magie de ce moment unique. Encore sous l’effet de ces quelques minutes passées dans les bras l’un de l’autre, Clark et Lana se regardèrent un court instant sans rien dire, le silence gêné de l’après remplaçant celui, merveilleux, de l’instant. Puis la jeune fille se détourna de lui et fit quelques pas dans la grange. Elle finit par demander, d’une voix qu’elle espérait calme et assurée :



< _Et comment va Chloé ?

Surpris, Clark ne comprit pas immédiatement le sens de sa question, mais se reprit vite avant de répondre d’une voix qu’il voulut lui aussi ferme et naturelle :



_Je crois qu’elle va mieux. Et mis à part le fait qu’elle m’a clairement fait comprendre que je n’avais pas à me mêler de ses affaires, je l’ai même trouvé plutôt souriante.>



Lana parut heureuse de cette nouvelle. Car, si différente soient-elles, les deux jeunes filles s’entendaient à merveille, et Lana supportait mal l’idée qu’il soit arrivé malheur à la petite blonde. La savoir en sécurité était bien sûr rassurent, mais ce qui importait le plus était qu’elle n’ait pas perdu son éternel sourire et son caractère bien trempé, qui faisait de Chloé la jeune fille qu’elle était. Mais une crainte habitait cependant Lana. Celle de voir Chloé jouer un jeu, refoulant au plus profond d’elle même son traumatisme et ses peurs, pour ne laisser paraître aux yeux de tous qu’un façade enjouée et moqueuse. Et c’est également pour cette raison que la jeune fille acceptait avec satisfaction une possible relation entre la reporter et Lex. Car si Chloé apprenait à avoir suffisamment confiance en ce dernier, elle se confierait à lui comme à personne, libérant de cette manière ses doutes et ses appréhensions. L’amour, du moins ce qu’elle en connaissait, était d’après Lana un excellent remède, capable de détruire tout ce que ce monde avait de plus mauvais – pour un peu que le monde le désire. Et elle espérait ardemment que Chloé connaisse elle aussi l’amour, un amour aussi puissant que celui qu’elle vivait en ce moment avec Clark.

Celui ci la fit d’ailleurs presque sursauter, interrompant le fil de ses pensées lorsqu’il annonça d’une voix grave.



<_Je lui a parlé de Tom.

Lana reporta toute son attention sur ses paroles.



_Et qu’est-ce qu’elle a dit ?



_Elle a parut surprise, mais n’a pas rejeté l’idée.



_Tu crois qu’il faudrait lui parler ?



_C’est la seule chose qu’on puisse faire pour l’instant…



_Chloé ne t’a rien dit d’autre ? , insista Lana en faisant référence au soir de l’agression. Clark comprit l’allusion, et son visage se renferma.



_Non, elle n’a rien voulu me dire, répondit-il d’une voix trop grave.

La jeune fille remarqua ce changement soudain d’attitude, et ne comprit que trop bien à quoi il était dû. Elle s’approcha doucement de l’adolescent et lui prit la main, en lui adressant un regard compatissant.



_J’imagine ce que tu dois ressentir Clark, mais n’en veut pas à Chloé. Elle a besoin de temps, et quand elle se sentira prête elle te parlera, crois moi.>

Clark apprécia ce réconfort si spontané, mais avait toujours du mal à accepter que sa meilleure amie ne lui fasse pas confiance ou, en tout cas, agisse comme telle. Et cette situation faisait naître en lui un profond sentiment de frustration, car il avait parfaitement conscience qu’il adoptait la même attitude à l’égard de ses amis et – pire encore – de Lana. Mais lui n’avait pas le choix - du moins s’en persuadait-il pour s’éviter ce sentiment trop lourd à porter qu’est la culpabilité.

Il remit ces pensées pérturbantes pour plus tard, car il jugea plus utile pour le moment de se concentrer uniquement sur Tom et la manière de le rencontrer.

Il sortit machinalement de sa poche le numéro de téléphone que lui avait donné Chloé, et Lana, l’apercevant, lui demanda intriguée de quoi il s’agissait.



<_C’est le numéro d’un contact de Chloé, répondit-il. Elle me l’a donné en me disant qu’en appelant de sa part, il pourrait sûrement nous arranger une entrevue avec Tom.

Lana ne put cacher sa surprise.



_Chloé est vraiment une fille étonnante ! s’exclama-t-elle, admirative.



_Oh, on s’y habitue… , lança Clark en souriant.

Lana lui rendit son sourire avant de s’emparer du petit morceau de papier que Clark tenait toujours à la main.



_Qu’est-ce que tu comptes faire ? , demanda ce dernier.



_Qu’est ce que nous comptons faire, rectifia l’adolescente en lui jetant un regard évocateur. Si nous voulons aider Chloé, Clark nous devons le faire ensemble, même si… si nous ne sommes pas d’accord sur tout, ajouta-t-elle en le regardant en face.>



Le jeune homme saisit la remarque, et se rangea à son avis. Aider Chloé était bien plus important que ses propres états d’âmes, et, bien qu’il n’ait rien oublié de ce qu’il avait vu, il décida de faire le maximum pour aider la jeune fille , mettant ses sentiments entre parenthèse pour le moment, certain de toute façon qu’ils ressortiraient un jour ou l’autre…

Il sourit donc à Lana, et lui répondit d’une voix douce en la prenant de nouveau dans ses bras :



<_Je ferais tout pour aider Chloé. Et s’il faut pour ça que je la regarde embrasser Lex, je le ferais crois moi…



_Mais je ne fais que ça…, murmura la jeune fille, ravie de ces paroles sincères.

Elle enroula ses bras autours de son cou, et laissa de nouveau ses lèvres s’aventurer sur celles du jeune homme, sa dernière pensée lucide étant pour l’homme qu’elle aurait au bout du fil et qui lui permettrait peut être de parler à Tom…

Chapitre 12








Lex avait un instant hésité sur la conduite à adopter après le départ de Clark, quelques minutes auparavant. Mais son instinct impulsif et sa nature emportée l’avaient finalement décidé à monter directement dans la chambre de Chloé, sans vraiment prendre le temps d’examiner la situation plus attentivement. L’attitude de son prétendu ami l’avait plus qu‘humilié, elle l’avait blessé. Le manque de confiance que Clark lui avait témoigné était suffisant pour que le jeune milliardaire se rende compte de la fragilité de leur relation, basée sur des complémentarités et non des ressemblances. Bien sûr, alors même qu’il ne voulait pas l’admettre, Lex savait au fond de lui-même que leur relation n’était pas simplement superficielle, elle était beaucoup plus complexe que cela. Mais, à cet instant précis, alors qu’il gravissait rapidement les dernières marches du bel escalier en bois sculpté, il ne pensait qu’aux paroles blessantes de Clark et à son attitude désarçonnante. Il tentait de se persuader du fait qu’il n’avait de comptes à rendre à personne et que rien dans son attitude ne demandait de justifications quelconques. Et si cette tentative restait vaine, elle avait néanmoins pour effet de lui faire oublier momentanément son ressentiment envers son ami, et de lui faire penser à la toute nouvelle relation qu’il entretenait avec Chloé. Cette pensée heureuse, qui venait soudain s’imposer sur un fond de colère le fit sourire. Mais il ressentit également une pointe d’appréhension en pensant à ce que Clark avait pu dire à Chloé, et à la façon dont celle-ci avait réagit.

Il marqua un instant d’hésitation devant la porte de la chambre, mais se ressaisit presque instantanément et tourna la poignée.



Il vit avec soulagement les yeux de Chloé s’éclairer et un sourire apparaître sur son visage lorsqu’elle l’aperçut.



<_Je t’attendais. J’avais peur que tu ne montes pas.



_J’ai hésité.

L ‘expression de Chloé se modifia légèrement, dans l’attente de ce qui allait suivre.



_Mais je n’aurais pas supporté de te savoir seule là-haut.

Cet aveu si spontané surprit la jeune fille et la flatta profondément, car elle savait à quel point il était difficile pour le milliardaire de laisser s’exprimer ses sentiments.



_Et tu es rassuré ? demanda-t-elle dans un demi-sourire.



_Pas encore, répondit Lex en s’approchant.>

Feignant d’ignorer l’air surprit de la jeune fille, il s’assit près d’elle et l’attira contre lui, avant d’effleurer tendrement ses lèvres douces. Chloé se laissa faire, rendant à Lex ce qui était probablement le plus beau des baiser qu’elle n’avait jamais échangé avec un garçon. Elle n’avait jamais éprouvé de sensation semblable auparavant, et ne se lassait pas d’en découvrir de nouvelles à chaque instant. Abandonnée dans les bras de Lex, elle en venait presque à oublier la venue de Clark. Et le jeune homme voulait qu’elle l’oublie, car la visite impromptue de son ami lui faisait craindre des changements dans les sentiments pourtant sincères que la jeune fille lui témoignait. C’est pourquoi il avait besoin de la sentir près de lui, de lui avouer ce qu’il ressentait pour elle sans attendre, afin qu’elle connaisse la sincérité de ses sentiments. Et ce baiser était, pour lui, un aveu complet.



< _Maintenant je le suis, murmura Lex après s’être légèrement éloigné de Chloé.

Le sourire ravi de la jeune blonde qui lui faisait face suffit à le faire sourire lui aussi.



_Alors Clark ne t’a pas convaincu ?

Lorsqu’il vit le visage de Chloé perdre sa bonne humeur, il regretta aussitôt d’avoir mentionné le nom de Clark. Mais le mal était fait, et déjà la jeune fille commençai à parler.



_Non, Clark ne m’a pas convaincu parce qu’il n’a pas à se mêler de mes affaires. En fait, je lui ai dit de partir s’il s’avisait de prononcer un seul mot à ton sujet.

Lex ne put s’empêcher de sourire avec étonnement.



_Tu lui as vraiment dis ça ?

L’admiration perçait dans sa voix.



_Oui.

Chloé songeait aux dures paroles qu’elle avait employées contre son ami, mais savait qu’elle n’avait pas eu le choix. Si elle l’avait laissé parler, Dieu seul sait ce qu’il aurait été capable de dire… et de lui faire faire ! Non pas que la reporter songea un seul instant à mettre un terme à sa nouvelle relation, loin de là, mais Clark avait toujours eu un don inné pour employer les mots justes et touchants, si bien que cette faculté l’aurait peut-être amenée à dire ou faire des choses qu’elle aurait par la suite regrettées amèrement.



_Il n’a fait aucune objection, continua la jeune blonde. Il a simplement changé de sujet.



_Et qu’est-ce qu’il a dit ? , s’enquit Lex

Une très légère hésitation se fit sentir dans sa voix, mais elle déclara cependant fermement:



_ Il m’a parlé des soupçons qu’il avait à propos d’un garçon du lycée.



Lex n’était pas sûr d’avoir bien compris. Ainsi, Clark menait sa petite enquête de son coté ! Et lui était contraint de rester là à le regarder, impuissant à cause d’une promesse qu’il avait faîte à la jeune fille. Son argent et ses relations pourraient lui permettre de mettre rapidement la main sur l’agresseur de Chloé, du moins l’espérait-il. Mais il avait dit à la petite blonde qu’il ne tenterait rien sans son accord, et ne pouvait se résoudre à trahir sa parole. Tout comme il ne pouvait se résoudre à ignorer délibérément l’identité de l’être abjecte qui avait abusé de la jeune fille. Il se promit d’en parler à Chloé lorsque celle-ci aurait finit son récit. Mais voyant qu’elle s’était arrêtée, attendant la réaction de Lex qui tardait à venir, ce-dernier fit comme si de rien n’était et l’invita à continuer.



_Et sur quoi sont basés ses soupçons ?



_Tom Parquer – c’est le nom du garçon en question - était dans une maison de redressement avant de venir à Smallville, et il parait même qu’il aurait été arrêté il y a quelques jours pour agression. >

Lex fronça les sourcils. C’était plausible. Après tout, pourquoi pas ? Un lycéen peut être aussi dangereux que n’importe quel grand criminel, et au moins aussi perturbé. < Mais il y a autre chose, tu le sais n’est-ce pas ? > murmura doucement cette petite voix à l’intérieur de sa tête, qui l’avait abandonné depuis qu’il avait avoué ses sentiments à Chloé. Oui, il y avait autre chose, c’était vrai, mais Lex voulait éviter d’y penser. La théorie de Tom en agresseur était basée sur des faits concrets, s’accordait très bien avec la situation et était parfaitement crédible. Alors c’était elle qu’il fallait croire, elle qui avait de la valeur, et non pas une voix à peine audible qui murmurait faiblement des propos incohérents.



< _Et toi qu’est-ce que tu en penses ?

La jeune fille hésita une seconde, puis déclara d’une voix neutre:



_C’est une possibilité, mais elle n’a rien de sûr. >

Son regard se perdit un instant dans le vague, se colorant de teintes plus sombres. Mais elle se ressaisit aussitôt et se mit à sourire : < C’est dans ces moments là que mon bébé et mon précieux ordinateur me manquent cruellement !

Lex ne comprit pas immédiatement l’allusion puis se souvint du journal du lycée dont Chloé était la rédactrice en chef et qu’elle chérissait pas dessus tout. Voyant son regard amusé, elle leva les yeux au ciel et murmura presque pour elle-même :



_Tu dois me prendre pour une folle !

Lex, reprit son air grave et la regarda un court moment dans les yeux, ce qui fit s’écrier Chloé :



_Et c’est le moment où tu es censé rire, m’embrasser et me dire que je ne suis pas folle mais au contraire très intelligente…



Ce fut au tours de Lex de sourire, mais il plaça un doigt sur la bouche de la jeune fille et lui dit gravement:



_Les plus fous cachent leur folie Chlo.

Son expression si austère la désarçonna, mais il perçut son trouble et laissa échapper un léger rire avant d’ajouter.



_Tu es loin d’être folle Chlo, mais tu le sais déjà. A quoi bon te le répéter ?



_Tout dépend de la personne qui le répète, répliqua Chloé. Et je t’ai fait rire, alors ça en valait la peine, non ?

Lex ne put réprimer un nouveau sourire.



_Suis-je si sérieux ?



_A en mourir ! , répondit la jeune fille en lui adressant un regard moqueur.

Reprenant soudain son sérieux, Chloé regarda le milliardaire dans les yeux et lui annonça brusquement :



_Je sais que tu aimerais t’occuper de cette affaire Lex.

Impressionné par la perspicacité de la jeune fille, Lex se tût et préféra écouter ce qu’elle avait à dire.



_Mais je ne peux pas te laisser faire. Je ne veux pas que tu t’en mêles car celui qui a fait ça le saura.

Surpris, Lex s’apprêtait à lui répondre lorsqu‘elle ajouta, décidément très intuitive :



_Et si je laisse Clark s’en occuper, c’est tout simplement parce que s’il s’agit de Tom, je ne risque rien. Mais si ce n’est pas lui, la personne qui m’a fait ça est toujours en liberté et je ne veux pas prendre le risque qu’elle remonte à toi ou…à moi.

Le visage de Lex s’était assombrit. Il avait du mal à accepter le rôle passif que la jeune fille lui suppliait de jouer.



_Tu ne peux pas me demander ça. Ici tu ne risques rien, et si celui qui t’a fait ça est toujours libre, je le retrouverais !



_Je ne te laisse pas le choix Lex. Cela ne concerne que moi et je ne veux pas que tu t’en mêles.



_Mais enfin Chloé, pourquoi ?



_C’est trop dangereux, se borna à répondre la jeune blonde.

Interloqué, Lex effleura doucement de sa main le visage contracté de Chloé.



_Où est passée la jeune reporter intrépide que je connaissais ?

Cette remarque eut pour effet de faire briller les grands yeux bleus de la jeune fille, brusquement envahit par des larmes à peine contenues. Son regard croisa celui de Lex, et elle répondit doucement d’une voix tremblante :



_Elle s’est faîte agresser, Lex.

Conscient du mal-être soudain qu’éprouvait la jeune fille au souvenir brutal de ces insupportables moments, Lex se pencha vers elle et l’enserra dans ses bras protecteurs, sans plus se soucier – du moins en apparence – de l’enquête et de Clark.

Chloé s’appuya contre son épaule, s’imprégnant un bref instant de cette chaleur protectrice qu’elle aimait tant et chassant de sa tête les douloureuses images que les paroles de Lex avaient involontairement suscitées. Alors qu’elle commençait à peine à se laisser aller, la voix du jeune homme se fit entendre. Si elle ne l’avait pas connu, elle l’aurait presque trouvée hésitante.



_Lui as-tu tout raconté?

Sans aucune surprise, Chloé répondit d’une voix qu’elle voulut neutre:



_Je n’ai rien dit.

Lex s’écarta de quelques centimètres, son visage frôlant presque celui de le reporter.



_Pourquoi Chlo ?

La jeune fille tenta un semblant de sourire.



_ Parce que je ne voulais pas lui dire. Je ne veux personne au courant, à part toi.

« A part toi. » Lex, au-delà des souvenirs cruels et terrorisant pour la jeune fille, vit en ces trois mots une preuve irréfutable des sentiments de Chloé pour lui. Etre le seul à pouvoir partager son secret, un secret si lourd à porter qu’elle n’y serait jamais arrivée seule, mais qui aurait pu être entendu de Clark – et qui ne l’avait pas été. C’était vers lui, uniquement vers lui que Chloé s’était tournée en quête de soutien, et il en était touché du plus profond de son être. Pourtant il ne dit rien, peu habitué encore à exprimer ses sentiments de façon si sincère et spontanée.

Il s’apprêtait à s’éloigner, lorsqu’il sentit la jeune fille se raidir dans ses bras. Surpris, il n’eut pas le temps d’esquisser le moindre geste car un long hurlement strident sortit de la bouche de Chloé, qui ouvrait de grands yeux apeurés. Instantanément, il comprit ce qui était en train de se passer : Chloé avait de nouveau un étrange accès de crise. Sans même prendre le temps de réfléchir, il prit le visage de la jeune blonde entre ses mains et lui parla d’une voix ferme et forte :



<_Chloé je sais que tu peux m’entendre ! > Il l’espérait, du moins. < Ecoute-moi ! >

Mais la jeune fille ne semblait même pas avoir conscience de sa présence. Elle hurlait sans relâche, plus effrayée que jamais. Et Lex en vint à penser que le son de sa voix ne pourrait jamais lui parvenir, car il était incapable d’atteindre l’endroit où elle se trouvait malgré elle.

Les hommes en blanc parlaient, comme toujours. A croire qu’ils ne savaient faire que ça ! Chloé ne parvenait pas à saisir un traître mot de ce qu’ils disaient, et ne cherchait d’ailleurs pas à comprendre. Mieux, elle ne voulait pas comprendre leurs paroles. Elle ne savait plus qu’une chose, elle était seule dans un endroit inconnu, entourée de gens inquiétants qu’elle ne connaissait pas mais qui semblaient, eux, la connaître. La panique l’avait gagnée à une vitesse effrayante, et c’était désormais cette panique qui contrôlait le peu de lucidité que la jeune fille avait conservée.

Pourtant, de très loin, si loin que Chloé se demandait si elle ne rêvait pas, semblait venir l’écho d’une voix rassurante qui contrastait singulièrement avec l’atmosphère lugubre de la pièce blanche. Alors, malgré sa peur, Chloé se concentra sur cette voix presque inaudible, jusqu’à l’entendre distinctement. Reconnaissant soudain cette voix, Chloé crut de nouveau à un rêve, tant l’apparition même immatérielle de Lex dans ce monde sordide lui paraissait impensable. Mais elle comprit vite que ce dernier était réellement en train de lui parler, et qu’il suffisait qu’elle se concentre assez, en faisant abstraction de cette blancheur aveuglante autours d’elle, pour comprendre le sens général de ses paroles.

<Chloé, je t’en pris écoute-moi. Arrête de crier, concentre-toi sur ces hommes blancs dont tu m’as parlé. Tu m’entends ? >



<Oui Lex, je t’entends maintenant ! >, eut envie de répondre la jeune reporter, mais aucun son ne franchit ses lèvres incontrôlables.

La voix du milliardaire retentit à nouveau, plus forte et plus distincte cette fois : < Il faut que tu essaies de comprendre ce qu’ils sont en train de dire Chlo ! >

Comprendre ? Mais pourquoi ? Une pensée fugitive s’imposa sous ses yeux, si rapide qu’elle s’évanouit presque instantanément. Clark. Bien sûr ! Il fallait qu’elle les écoute pour Clark, parce qu’ils avaient parlé de lui la dernière fois. Quelle dernière fois ? Quand était-ce ? Un jour plus tôt. Une semaine. Un moi peut-être. Ou peut-être pas. Elle ne savait plus. En fait elle ne savait plus rien, elle avait trop peur.

< Chloé écoute ! Qu’est-ce qu’ils disent ? Que disent les hommes en blancs ? >

Lex ! Chloé tenta de se ressaisir. Elle était terrifiée, c’est vrai, mais elle devait se montrer forte, une fois de plus. Si ces hommes en avaient après Clark, elle devait savoir pourquoi. <Concentre-toi Chloé, > pensa la jeune fille après avoir effacé de son esprit toutes autres pensée que celle de ces hommes étranges. <Tu peux y arriver ! > Elle en doutait. <Allez ma vieille ! C’est comme une interview, sauf que tu ne poses aucune question et tu te contentes d’écouter les réponses. > Ecouter… Oui, en se concentrant, il lui semblait bien distinguer des sons qui ressemblaient étrangement à des mots, des mots intelligibles et dotés de sens !

Enfin, en se concentrant de manière surhumaine, alors qu’elle avait totalement perdu la notion du temps, Chloé finit par comprendre les propos tenus pas les hommes qui l’entouraient. Elle n’avait aucune idée de sa réaction face à Lex, si son cri perçant continuait de se percuter dans la chambre, échappant au contrôle de sa pensée ou si le jeune homme tentait toujours de lui faire entendre sa voix. Elle ne percevait plus rien, hormis les voix graves et sonores des scientifiques – s’il s’agissait réellement de scientifiques…



< _De nouveaux incidents ont eu lieu monsieur.



_Qu’entendez-vous par « incidents » ? Docteur il me semblait avoir été clair ! Je veux des faits précis, pas des suppositions !



_Monsieur, il s’agit bien d’événements particuliers cette fois, je vous assure!



_Très bien, de quoi s’agit-il ?



_Et bien…Tout d’abord nous avons le témoignage d’un policier qui certifie avoir vu Clark Kent percuter un bus de plein fouet puis s’éclipser indemne avant l’arrivée de la police.



_Ce policier est-il toujours en vie ?



_Heu…non monsieur.



_ Le contraire aurait été étonnant. Disposons-nous de son témoignage ?



_Oui monsieur, signé de sa main.



_Parfait. Quoi d’autre ?



_Un adolescent affirme avoir eu en sa possession des pouvoirs d’origine inconnue qu’il aurait contractés à la suite d’une électrocution, alors qu’il était en contact avec Clark Kent.



_Ou se trouve cet adolescent ?



_Il est en prison monsieur mais…



_De mieux en mieux docteur ! A-t-il des preuves de ce qu’il avance ?



_Et bien il y les dégâts matériels causés par l’utilisation de ces prétendus pouvoirs.



_ Ensuite ?



_Une adolescente affirme avoir vu Clark se servir des ses pouvoirs afin de la neutraliser…



_Neutraliser ? Que voulait-elle dire docteur ?



_Et bien, la jeune fille en question est internée dans un hôpital psychiatrique mais…



_Je vous demande pardon ? Internée ?



_Et bien, il s’avère que cette adolescente est atteinte de troubles physiques et mentaux qui…



_Je me fiche de savoir de quoi souffre cette fille ! Comment voulez-vous que nous disposions de preuves tangibles si vos témoins sont tour à tour mort, enfermées ou internés ? Il me faut du solide docteur, et bien que je ne doute pas de l’affaire Kent, le manque de preuve me pousse à penser que le terme de cette enquête est plus proche que l’on ne pourrait le croire…



_Mais monsieur, il nous faut simplement…



_Du temps, docteur, je le sais. Mais le temps coûte de l’argent et l’argent est rare, c’est pourquoi il est de mon devoir d’interrompre des dépenses inutiles. Si cela ne tenait qu’à moi, ce projet serait terminé depuis bien longtemps déjà, mais le patron en a décidé autrement. Cependant, vos recherches infructueuses vont certainement le décider à tout arrêter, et vous pourrez exercer vos brillantes compétences à des fins plus utiles… Sauf si, bien sûr, vous trouviez dans les plus brefs délais des renseignements utiles pouvant servir de preuve concrète et acceptable.



Chloé vit l’homme tourner les talons, tandis que son image lui apparaissait moins nette déjà, et que ses dernières paroles devenait un faible murmure.



_C’est dommage docteur, l’affaire Kent promettait d’être des plus intéressantes… >





Le décors disparut brusquement, faisant place à la grande chambre qui baignait à présent dans une douce lueur orangée. Chloé, encore sous le choc, ouvrit lentement des yeux humides et découvrit le visage anxieux de Lex qui la fixait, dérouté.

Fallait-il lui dire ? Fallait-il lui avouer ce qu’elle venait de découvrir, bien qu’elle-même douta encore de ce qu’elle avait entendu ? Le lourd secret qui entourait son ami et qu’elle venait de mettre à jour malgré elle pouvait-il être révélé, même à Lex – surtout à Lex ? Plus perdue que jamais, Chloé cherchait désespérément à se remettre de la folle découverte qu’elle venait de faire, tout en essayant de trouver la conduite à adopter la plus adéquate à la situation.

Mais Lex, lui, ne bougeait pas et continuait d’attendre la moindre réaction de sa part, inquiet de son silence soudain et de son manque de réaction.

Alors, entre le visage désemparé de Lex face à elle et celui, souriant, de Clark qui était apparu distinctement dans ses pensées, Chloé fit son choix…

Chapitre 13










Lex demeura impassible. Rien, dans son visage ou dans l’expression de ses yeux ne laissa deviner un quelconque changement face aux révélations de Chloé. Il écoutait en silence, aussi immobile et inexpressif qu’une statue de cire. Mais le calme qu’il affichait n’était qu’apparent. Car dans sa tête, des pensées confuses se bousculaient sans cesse, se heurtaient et s’entremêlaient à leur grès, libérées de tout contrôle. Les mots prononcés par Chloé semblaient perdre leur signification lorsqu’ils atteignaient son cerveau, et pourtant des images très nettes se dessinaient sous ses yeux.

Clark percuté à plus de cent kilomètres à l’heure et en parfaite santé, Clark maîtrisant un homme invisible sans la moindre difficulté, Clark remontant à bout de bras deux hommes suspendus dans le vide… Non. Tout cela ne pouvait être le fruit de pures coïncidences, et Lex avait toujours soupçonné la présence d’une surprenante explication. Cette explication, Chloé était en train de la lui donner. Et s’il avait du mal à l’accepter, il lui fallait cependant se résigner devant l’évidence des faits. Clark lui avait menti, il lui avait caché la vérité depuis le début. Ainsi il y avait bien un secret, et celui-ci promettait d’être des plus intéressant ! Mais pourquoi le lui avoir caché ? C’était avant tout ce manque de confiance qui blessait Lex. Après tout, Clark était le seul véritable ami qu’il n’ait jamais eu, et savoir que ce-dernier avait pour lui un secret de cette importance lui était insupportable. Clark savait que Lex n’aurait jamais rien tenté qui puisse lui faire du tors à lui ou à sa famille. Du moins, Lex avait été assez stupide pour croire que Clark le savait. Mais il en était apparemment autrement, puisque le garçon avait préféré se taire et laisser le milliardaire dans la plus totale ignorance. < Tu as tout de même mené ta propre enquête…> murmura la petite voix. C’était parce que je n’en savais rien ! Mais Lex savait pertinemment qu’au fond de lui, sa conscience avait vu juste. < Peut-être est-ce cela qui a effrayé Clark. Qui sait s’il n’avait pas décidé de te parler ? Mais tu lui as fait peur, avec tes détectives, tes recherches poussées et tes suppositions. > Non ! Il aurait dû me parler ! < Mais l’aurais-tu écouté ? > Oui ! Enfin peut-être…



< _Lex ?

Les yeux du jeune homme retrouvèrent instantanément toute leur lucidité. Il aperçut en face de lui la petite blonde qui le fixait d’un regard inquiet.

Il eut un sourire sans joie.



_Excuse-moi Chloé, je réfléchissais…



_Je sais, c’est difficile à accepter.



_Non. C’est pire que ça.

La reporter attira le jeune homme vers elle.



_Je comprends ce que tu ressens…

Lex se dégagea doucement.



_Je sais. Mais il faut que je parte Chlo.

Devant l’air dépité qu’affichait soudain la jeune fille, Lex ne pût s’empêcher de passer tendrement sa main sur son visage. Il s’était promis de ne pas se laisser attendrir, car malgré ses sentiments envers Chloé, il devait s’en aller au plus vite pour parler à Clark.



_Je reviens vite. Ca va aller ?

Chloé n’en était pas certaine, mais elle secoua affirmativement la tête en souriant.



_Bien sûr. Je peux survivre sans toi tu sais…



_J’en suis convaincu. C’est moi qui ne le pourrais pas.

Avant que Chloé ait le temps d’ajouter un seul mot, Lex se pencha vers elle et effleura ses lèvres. Ce baiser rappela à la jeune fille le premier geste que Lex avait fait pour lui témoigner ses sentiments. Ce souvenir la laissa pensive, si bien qu’elle entendit à peine le jeune homme se diriger vers la porte et sortir sans bruit. Ce ne fut que lorsqu'elle se retrouva seul qu'elle réalisa le départ plus que soudain de Lex. Et malgré l'envahissant sentiment de solitude qui la gagnait, elle comprenait le geste du jeune milliardaire. Il ne lui avait pas dit où il comptait aller, mais elle avait tout de suite compris ce que signifiait cette lueur sombre apparu soudainement dans ses yeux bleus. Lex s'était senti trahi, de la même façon que Clark s'était cru trompé par son meilleur ami, lorsqu'il avait découvert la relation que Chloé entretenait avec le jeune homme. C'est pourquoi Lex avait décidé de partir si subitement. Il était allé voir Clark, elle en était certaine. Mettre les choses au clair entre eux était certainement la meilleure solution, pourtant Chloé redoutait d'avance l'emportement de Lex qui pourrait lui faire dire des choses qu'il regretterait par la suite amèrement. Mais elle ne pouvait rien faire à distance, et n’avait d’autre choix que celui de souhaiter fermement une réconciliation rapide entre son petit-ami et son meilleur ami. Meilleur ami qui l'avait trompée, elle aussi... Car si Clark avait menti à Lex, il lui avait également menti à elle, et ce depuis plus longtemps encore! Mais bizarrement, elle comprenait ce geste. <Peut-être que Clark n’a rien voulu me dire à cause de mon obsessionnelle manie à tout vouloir coucher sur du papier… >, pensa-telle. Mais cela ne la convaincu pas entièrement. Il y avait une autre raison à son absence totale de rancune envers celui qui lui avait caché un si lourd secret durant tant d'années. < Moi aussi j'ai quelque-chose à cacher... Quelque-chose que pour rien au monde je ne voudrais qu'il sache. Ainsi nous sommes à égalité... > Car ce qu'elle avait dit à Lex, personne ne devrait jamais le savoir, ni Clark, ni Pete, ni Lana. Et ce secret, qui la faisait tant culpabiliser au fond d'elle, était ce qui lui empêchait d'en vouloir à Clark. < Comment en vouloir à quelqu'un de quelque-chose si vous faîtes la même erreur de votre côté? > Bien sûr, c'était absurde. Et au fond, c'était mieux ainsi. Perdre un ami tel que Clark était la dernière chose dont Chloé avait besoin, surtout en ce moment... Alors elle se contenta d'examiner les faits, faisant appel à sa conscience journalistique pour demeurer le plus objective possible et traiter "l'affaire Kent" simplement, comme n'importe quel fait divers.

Lex parcourait furieusement le manoir en direction de la sortie, bien décidé à éclaircir certains points encore sombres avec son "ami" Clark Kent. Il s'apprêtait à saisir la poigné de la grande porte, lorsqu'un domestique l'arrêta dans son geste.



< _Monsieur Luthor!

Lex se retourna brusquement.



_Quoi?! , demanda-t-il excédé.



_Et bien... Votre père est arrivé. Il souhaiterait vous parler au sujet de l'usine je crois, et il m'a chargé de vous dire qu'il vous attend dans votre bureau...



_Mon père patientera. J'ai une affaire plus importante à régler, et ça ne peut pas attendre.



_Pardon monsieur mais... Il me semble que votre père non plus.



_Et bien il apprendra.

Le domestique, la tête basse, tournait déjà les talons quand Lex le rappela moins sévèrement.



_Curtis?



_Oui monsieur?



_Dîtes à mon père que la patience est maître de toutes les vertus.

Le domestique sourit, habitué aux fréquentes répliques historiques ou moralisatrices, que les Luthor affectionnaient tant.



_Bien monsieur, je le lui dirais.

Lex regarda un instant Curtis s'éloigner et tourner à l'angle du couloir, puis franchit précipitamment la porte et se dirigea vers la voiture la plus proche.









Clark attendait patiemment que Lana revienne de son entretien téléphonique. Elle avait tenu à téléphoner seule au contact de Chloé, puis au commissariat pour savoir si une entrevue avec le détenu Tom Parquer était possible. Quand Clark avait voulu l'accompagner, elle lui avait simplement déclaré qu'elle préférait parler seule, et qu'il risquerait de le déconcentrer. Tout dépendait de ces deux appels, car ils étaient la seule piste envisageable que les deux adolescents avaient pour le moment. Il était donc hors de question de prendre le moindre risque qui puisse faire rater ces appels, et Clark avait ainsi abdiqué sans protestations. C'est pourquoi le jeune garçon était seul lorsqu'il entendit du bruit dans les escaliers, et c'est seul qu'il affronta le visage haineux de Lex qui apparut bientôt en haut des marches.



< _Lex?

Clark parut d'abord surpris de sa venue, puis se souvint des circonstances de leur dernière entrevue.



_Qu'est-ce que tu fais là? , ajouta-t-il froidement.



_Tu m'as menti depuis le début Clark.

Le jeune homme se sentit pâlir, mais n'en répliqua pas moins:



_Je ne sais pas de quoi tu parles Lex, mais si c'est une manœuvre pour me faire oublier ce que j'ai vu chez toi...



_Ca n'a absolument rien à voir avec ça, l'interrompit sèchement le milliardaire. Et vois-tu, je suis persuadé que tu sais exactement ce à quoi je fais allusion, n'est-ce pas Clark?



_Explique-toi.



_Je n'en ai pas besoin. Durant tout ce temps j'ai cru que tu étais mon ami. Tu étais la seule personne en qui j'avais confiance. Mais toi aussi tu as passé ton temps à me mentir, parce que tu ne voulais pas que je découvre la vérité! Alors que se passe-t-il maintenant, hein Clark? Quel rôle est-ce que je dois jouer? Vais-je être ce méchant sans pitié que tu crois que je suis ? Ou vais-je faire preuve de tolérance pour te montrer que je suis différent de ce que tu imagines ?



_Tu ne feras ni l’un ni l’autre, Lex. Tu m’as déjà montré ce dont tu étais capable, souviens-toi.



_Parce que ma relation avec Chloé est comparable au fait que tu m’ais caché ta véritable identité pendant plus d’un an ?

Cette fois, Clark ne cacha pas sa surprise.



_Comment…



_Peu importe comment je le sais. Je l’ai appris, et ce n’est par toi.

Le garçon lança un regard suspicieux vers le milliardaire, avant de déclarer d’une voix glaciale :



_Tu as mené une enquête, c’est ça ?



_Alors c’est vrai ? Tu as des dons spéciaux et tu ne m’en as jamais parlé ?

Clark éluda la question de Lex en répétant de sa voix glacée :



_Tu n’as pas répondu à ma question.



_Je n’ai rien fait de ce genre. Je t’ai dit que je ne menais plus d’enquête, et c’était vrai.



_Alors comment sais-tu que…



_Je ne peux pas te le dire… Mais tu dois avoir l’habitude des secrets, non ?



_Ca ne m’amuse pas Lex ! Dis-moi comment tu l’as appris !



_Ne te fatigue pas Clark, tu ne le sauras pas. En revanche, j’ai une question à te poser : est-ce que c’était facile ? De me regarder dans les yeux, et de m’assurer que tout était normal, alors que tout était faux ? Et de m’appeler ensuite par le nom d’ami ? Alors Clark, c’était facile ?

Une lueur de tristesse était apparut dans les yeux de Clark. Malgré son ressentiment envers le jeune milliardaire et l’agressivité dont ce-dernier faisait preuve, le garçon déclara tristement :



_C’est l’une des choses les plus difficiles que j’aie eu à faire dans ma vie.

Un sourire cynique apparut sur le visage de Lex :



_Et bien on peut dire que tu t’en es plutôt bien sorti… Félicitation Clark, jusqu’ici j’ai toujours cru que c’était moi le meilleur menteur, mais là je dois avouer que tu m’impressionnes !



_Lex, essaie de comprendre ! Je ne pouvais pas t’en parler. Si je l’avais fait, je t’aurais mis en danger malgré moi !



_Tu penses que je n’aurais pas été capable de me protéger ? Tu me déçois Clark, je te croyais plus perspicace…>

Le jeune homme prit une légère inspiration, avant d’ajouter en regardant Clark dans les yeux : < Je suis un Luthor, j’ai plus d’ennemi que tu ne saurais en compter et donc plus de systèmes de protections que tu ne pourrais imaginer. Crois-tu vraiment que le danger soit une excuse valable ?



_Pour moi c’en était une Lex. Et je suis désolé qu’elle ne te convienne pas. J’ai fait cela pour te protéger, et quoi que tu pense maintenant, tu es mon ami et je ne ferais jamais rien qui puisse te nuire.



_Etrange façon de traiter tes amis. En leur cachant… quoi au juste ? Qu’est-ce que tu me caches Clark ? Car je suppose que je ne sais pas tout, n’est-ce pas ?



_Pourquoi te le dirais-je ? Tu m’as trahi toi aussi !

Cette phrase, prononcée au moment opportun, fit réagir Lex. Aussi difficile que cela soit à admettre, le jeune homme réalisa soudain qu’il ne voulait pas mettre un terme aussi brutal à leur amitié. Depuis leur première rencontre, Clark avait toujours été là pour lui. Il lui avait sauvé la vie à de nombreuses reprises, et cela grâce à ses facultés exceptionnelles qu’il tenait tant à cacher. Oui, après tout il devait à Clark bien plus qu’une simple amitié, et le temps était plus que venu de rendre une partie de ce qu’il devait à son ami. < Un pardon si rapide ? > Le jeune homme commençait à s’habituer à cette petite voix si sage qui lui permettait souvent de voir plus clair en lui. Ce n’est pas un pardon, pensa-t-il. C’est un compromis.

Lex fixa de nouveau le jeune homme dans les yeux, et affirma d’une voix calme et posée :



_Je reconnais avoir fait une erreur.

Clark marqua un geste de surprise devant cette révélation soudaine et complètement inattendue de la part de jeune milliardaire, pourtant ce-dernier ne s’interrompit pas :



_J’aurais dû te parler de ma relation avec Chloé. Mais tout est arrivé très vite, moi-même j’avais du mal à réaliser.



_Tu aurais pu me demander ce que j’en pensais.



_Mais pourquoi Clark ? Il s’agit de ma vie et de la sienne, pas de la tienne !



_Chloé est mon amie ! Et…toi aussi tu l’es.



_Je sais. Et Chloé aussi le sait. Mais quoi que tu en penses, j’ai des sentiments pour elle qu’il ne me servirait à rien de cacher. Je crois qu’elle aussi ressent quelque chose pour moi Clark, et c’est la première fois qu’une chose pareille m’arrive.

Clark fronça les sourcils.



_Tu m’avais pourtant dit que tu avais aimé deux femmes dans ta vie, que l’une était morte et que l’autre t’avait abandonné.



_C’est vrai, je t’ai dit ça Clark. En fait, il s’agissait de ma mère et de ma nourrice.

Les yeux de jeune homme s’agrandirent.



_Je… Je n’avais pas compris ça.



_Je sais. C’est pour ça que je veux que tu comprennes que ce que je ressens pour Chloé n’est pas du simple désir, ni même de l’amitié… C’est plus que ça, et j’y tiens par-dessus tout. Je n’avais jamais connu l’amour avant aujourd’hui. Maintenant c’est fait et c’est avec Chloé, je n’y peux rien. >

Lex marqua une pose et ferma les yeux une seconde, avant d’ajouter : < Ce que je te dis là Clark, c’est ce que j’aurais dû te dire tout à l’heure, lorsque tu nous as surpris.



_Pourquoi ne l’as-tu pas dit ?

La voix de Clark s’était adoucie. Au fond de lui, il avait été touché par ce que son ami venait de lui dire, et ne parvenait pas à garder une profonde rancune envers lui. Après tout, Lex avait droit à sa chance lui aussi, au même titre que lui avait eu la sienne avec Lana. Ce que cette dernière lui avait dit l’avait d’ailleurs fait réfléchir, et il voyait d’un autre œil la relation de Chloé avec son ami.



_J’ai essayé, répondit Lex. Mais tu ne m’as pas écouté. A moins que tu en m’ais pas cru.



_Maintenant je te crois Lex. Ou j’essaie.

Le milliardaire sourit.



_C’est un bon début. Mais qu’en est-il de toi Clark ? Vas-tu enfin me dire la vérité, ou vais-je encore devoir la découvrir par moi-même ? Je sais que tu as des facultés physiques exceptionnelles, mais je ne sais pas pourquoi ni depuis quand. Est-ce que tu vas me laisser chercher seul ? >

Un lourd silence s’installa. Clark se tourna lentement vers l’ouverture de sa grange, à la recherche d’images familières susceptibles de lui fournir une phrase toute prête répondant à la fois à la demande de Lex et à ses propres exigences. Mais rien ne vint. Le milliardaire sentit qu’il fallait laisser au garçon le temps trouver la réponse à sa question. Mais les secondes s’écoulèrent, sans que le jeune homme obtienne la moindre réaction de la part de son ami. Résigné et déçu, il se dirigeait déjà vers les escaliers lorsque la voix forte de Clark l’interrompit.



< _Je ne sais pas d’où proviennent ces pouvoirs. Je sais seulement qu’ils ne sont pas d’origines humaines.

Le visage de Lex resta de marbre, mais de milliers de pensées tourbillonnaient déjà à l’intérieur de sa tête.



_Je suis arrivé le jour de la pluie de météorite, dans une sorte de vaisseau spatial.

En entendant ce mot, Lex arqua un sourcil, avant de laisser réapparaître sur son visage ce masque de rigidité qu’il semblait tant apprécier.



_Mes parents m’ont trouvé dans un champs, m’ont ramené à la maison et ont décidé de m’adopter. J’ai depuis mon enfance des dons hors du communs. Mais certains se sont développés plus tard, comme celui de voir à travers la matière ou de la radiographier selon ma volonté.

Lex murmura presque pour lui-même



_Stupéfiant…



_Si je ne t’en ai pas parlé, c’est d’une part parce que je ne voulais pas te mettre en danger, mais aussi parce que…

Devant l’hésitation de Clark, Lex eu un sourire amère :



_Parce que ton père n’avait pas confiance en moi ?



_Oui. Je suis désolé lex.



_Je m’en remettrais ne t’en fais pas. Du moins en ce qui concerne ton père, parce qu’en ce qui te concerne il me semble que je vais avoir beaucoup de mal.



_Oui, moi aussi ! affirma une voix provenant de l’escalier.

Surpris, Lex se retourna et les deux jeunes gens aperçurent en même temps une Lana Lang aux yeux rougis qui montait lentement les marches de la grange.

Chapitre 14









La jeune fille s’arrêta en haut de l’escalier. Son regard se posa tour à tour sur les deux hommes qui l’entouraient. L’un la fixait de ses yeux insistants, le visage impassible, tandis que l’autre ne pouvait faire obstacle à la surprise qui l’habitait, rendant au regard assassin de Lana un regard stupéfait.



< _Alors c’était donc ça, le grand secret de Clark Kent ?





_Lana ce n’est pas du tout…

Mais la jeune brune ne lui laissa pas le temps de finir :



_Non ! Plus de mensonges Clark, j’en ai assez ! Ce que j’ai entendu me suffit bien largement…



_Lana tu dois m’écouter !



_Mais à quoi bon ? Tu as déjà tout dit Clark, il n’y a plus rien à ajouter !



_Si. Je…>

Clark marqua une légère hésitation et jeta un rapide regard vers Lex, avant de déclarer d’une voix étranglée : < Je t’aime.

Lana s’esclaffa, d’un rire amère emprunt de tristesse et de déception.



_Et c’est comme ça que tu me le prouves ? En me cachant un… un secret de cette taille !



_Je ne pouvais pas t’en parler, crois moi ! Chaque jour j’ai eu envie de le faire, mais c’aurait été trop dangereux pour toi !

A ces mots, Lana ouvrit de grands yeux éberlués :



_Trop dangereux ? Mais ce n’est pas à toi de décider ce qui est dangereux pour moi ou ce qui ne l’est pas ! Clark, c’est ma vie !



_Je sais Lana et c’est pour cette raison que je n’ai rien dit. Ce secret est très lourd à porter, je ne voulais pas t’imposer ça…



_Tu ne m’en crois pas capable c’est ça? L’ex pom-pom girl que je suis n’est pas assez forte pour endosser de telles responsabilités ?



_Non ! Je n’ai jamais pensé ça de toi Lana !



_Alors pourquoi est-ce que tu ne m’as rien dit ? Je croyais que tu avais confiance en moi… Mais de toute évidence, je me trompais aussi là-dessus.

Sur ces paroles, Lana se retourna furieusement et commença à descendre les marches de bois grinçant.



_Lana ! Lana attend !

Mais le jeune fille n’écoutait plus. De grosses larmes avaient roulées sur ses joues dès qu’elle avait tourné le dos aux deux hommes, et elle ne tenait absolument pas à ce que Clark la voit ainsi, désarmée et effondrée. La seule vue du visage désorienté de son petit-ami aurait pu lui faire tout oublier, et elle tenait fermement à garder à l’esprit chacun des mots qu’il avait prononcés. Cependant, alors qu’elle posait à peine le pied sur la première marche de l’escalier, un craquement sinistre se fit entendre et l’installation de bois céda totalement. La jeune fille se sentit soudain entraînée malgré elle dans une chute vertigineuse, et poussa un hurlement terrorisé. Alors qu’elle n’était plus tout à fait consciente de ce qui se passait autours d’elle, elle sentit pourtant deux bras puissants se resserrer sur elle et amortir considérablement l’impact de sa chute.

Comprenant plus rapidement que n’importe qui la situation, Clark s’était déplacé à une vitesse fulgurante pour secourir Lana de son saut mortel. Lex, qui n’avait pas bougé durant toute leur altercation, avait à peine eu le temps de comprendre la scène qui se déroulait sous ses yeux. Cependant, il comprit bien assez vite la réelle étendue des pouvoirs de Clark, lorsqu’il s’approcha du bord de l’étage et aperçut Lana dans les bras de son ami, vivante et en parfaite santé – quoi que légèrement choquée. Il aperçut la lueur d’effroi encore présente dans les yeux de la jeune fille, et vit ses mains tremblantes s’accrocher désespérément autour du coup du garçon. Ce que Clark venait de faire, il l’avait déjà fait auparavant, lorsqu’il l’avait, par exemple, tiré de l’eau au cours de leur première rencontre. Il lui avait, à lui aussi, sauvé la vie et plus d’une fois. Lex, devant le visage apeuré de Lana et la hauteur mortelle de la chute qu’elle venait d’éviter, entrevue une infime partie de ce qu’il devait à Clark. La vie, tout simplement. Et tous les secrets du monde ne valaient pas cela, parce que rien ne valait le bonheur d’être encore en vie.

Une voix tremblante tira le jeune milliardaire de ses pensées.



< _Clark…



_Ce n’est rien Lana, c’est finis.



_Tu viens de me sauver la vie Clark ! Une fois de plus… Et moi je venais de te dire…>

Les paroles de la jeune brune se perdirent dans ses sanglots. Clark ne savait quelle attitude adopter face à cette femme en pleur qu’il aimait tant. Mais il ne pouvait pas rester là à le regarder tendrement. Tôt ou tard, il lui faudrait avoir une conversation avec elle, ainsi qu'avec Lex d'ailleurs. Et commencer à parler ici, maintenant, ne serait-ce qu'un petit peu, contribuerait sûrement à débarrasser la pièce du lourd malaise qu'il y semblait régner. Clark écarta doucement la jeune fille qui s'était réfugié contre son torse et dit doucement :



< _Je suis désolé Lana. Je n’aurais jamais dû te mentir, mais je n’avais pas le choix. Te révéler mon secret signifiait t’exposer à de nombreux danger, et pour rien au monde je en voudrais qu’il t’arrive quelque chose.

Touchée, Lana sourit légèrement mais le laissa continuer sans l’interrompre.



_Mais ce n’est pas l’unique raison pour laquelle je ne t’ai rien dit. En réalité, j’avais peur que…

Clark s’interrompit, gêné devant ce qu’il s’apprêtait à dire. Lana, cependant, ne comptait pas en rester là et l’encouragea d’une douce pression sur le bras.



_Continue Clark, je t’ai toujours affirmé que tu pouvais tout me dire…



_Oui je sais. Et bien en fait, j’avais peur que… Que tu sois effrayée par moi.

Malgré la situation, la jeune fille ne put réprimer un sourire amusé.



_Mais Clark comment pourrais-je avoir peur de toi ? Tu es toujours là lorsque j’ai besoin de toi, tu m’as sauvé la vie plus de fois que je ne saurais le dire, tu es à la fois mon ami et mon petit-ami… Et je devrais être effrayé ?

Elle s’interrompit un instant pour reprendre son souffle. Lex, qui ne quittait pas les deux adolescents des yeux, avait été frappé par le titre de petit-ami qu’avait employé Lana pour désigner Clark. Se pouvait-il que ses deux amis se soient enfin avoués leur sentiments ? Face à tout ce qu’il venait d’apprendre, la question semblait quelque peu déplacée mais Lex avait cependant pour elle un intérêt particulier. Car il était fier d’être celui qui avait influencé le timide Clark Kent, au point que ce dernier avoue enfin à celle qu’il aimait en secret depuis trop longtemps la véritable nature de ses sentiments. Il se félicitait d’avoir influencé ainsi celui qu’il considérait comme son frère, et oublia l’espace d’un instant tout ce qu’il avait entendu aujourd’hui, pour ne voir dans le jeune homme que l’ami et le confident qu’il appréciait tant. Cet instant, cette fraction de seconde qui prit fin plus vite qu’elle ne commença, le laissa perplexe devant les révélations faîtes aujourd’hui par Clark. Il se surprit même à penser « A quoi bon ? Clark reste mon ami après tout… » Mais cette pensée ne fut qu’une brève apparition qui disparut elle aussi très rapidement. Clark et Lex auraient une discussion, où le milliardaire exigerait des explications précises de la part de son ami.



_Je suis désolé d’avoir douté de toi Lana.

La voix de Clark résonnait de nouveau dans la grange, grave, forte, et pourtant teintée d’une sensibilité émouvante que Lex lui enviait depuis toujours.



_Je ne t’en veux pas Clark. Je crois que d’une certaine manière, je comprends pourquoi tu as fait ça. Et plus j’y pense, plus je réalise qu’à ta place je n’aurais jamais eu tant de courage. Tout devait être tellement difficile pour toi ! Mais je ne me souviens pas t’avoir jamais entendu te plaindre…

Clark rayonnait. Jamais il n’aurait cru entendre de telles paroles de la part de la jeune fille. Celle-ci lut d’ailleurs sur le visage du jeune homme toute la reconnaissance et le joie que lui procuraient ces mots. Encouragée, elle continua d’une voix douce :



_Lorsque je suis remontée après avoir téléphoné au contact de Chloé, j’ai entendu des voix et reconnu celle de Lex. Je en voulais pas vous espionner, ajouta-t-elle à l’adresse du jeune milliardaire. Mais je n’ai pu m’empêcher de comprendre ce que Clark disait, et c’est lorsque j’ai compris ce à quoi il faisait allusion que je me suis arrêtée de marcher et que j’ai écouté discrètement la fin de votre conversation. A en juger par votre réaction Lex, il me semble que vous non plus n’étiez pas au courant…

Mais Lex n’écoutait plus. Il avait cessé de suivre le discours de la jeune fille lorsque celle-ci avait mentionné le nom de Chloé. Avait-elle vraiment téléphoné à son contact ? Pourquoi ne l’avait-elle pas précisé avant ? Avait-elle des informations sur Tom ? Il se reprit subitement à l’appel de son nom et fit taire toutes ces envahissantes questions. Il descendit prudemment les marches encore stables de l’escalier chancelant, et une fois en bas s’approcha rapidement du jeune couple.



_Lana, qu’as-tu appris au sujet de Tom ?

Surprise devant la brusquerie de sa question, Lana se souvient subitement de la relation qu’entretenait le milliardaire avec la petite blonde. Clark la déposa doucement à terre et elle entreprit de répondre à Lex :



_Et bien… , commença-t-elle.

Seule dans sa grande chambre, une fois de plus, Chloé ne savait que faire. Lex était partis depuis maintenant un moment, et elle espérait de toutes ses forces que sa discussion avec Clark ne tournerait pas au cauchemar. Elle avait à la fois peur des paroles incontrôlées et blessantes de Lex, mais également de la réaction imprévue que Clark pourrait avoir face à une agression verbale de ce genre. Cependant, elle avait vite compris que se torturer l’esprit avec des questions auxquelles elle ne pouvait absolument pas répondre était une attitude vaine et inutile. Alors elle s’était résignée à attendre, chose qu’elle faisait beaucoup trop souvent à son goût ces derniers temps.

Soudain, elle entendit un léger bruit provenant du couloir qui longeait sa chambre. Surprise - les domestique ne se faisaient que rarement entendre et ne passaient de toute façon jamais à cette heure de la journée – elle leva la tête et écouta attentivement. Oui, il lui semblait effectivement entendre des bruits de pas tout près d’elle. Tentée par son infatigable curiosité et souffrant de sa pesante solitude, elle décida d’aller jeter un coup d’œil et, pourquoi pas, d’engager une conversation destinée à rompre le silence omniprésent. Après tout, elle pourrait toujours prétendre être une amie de Lex logeant pour un temps au manoir, cela était tout à fait plausible et n’éveillerait aucuns soupçons. Décidée, elle se leva précipitamment du lit et constata que ses membres la faisaient déjà moins souffrir. Elle ne serait bien sûr pas allé jusqu’à dire qu’elle allait parfaitement bien, mais les douleurs commençaient à s’estomper, tout comme les blessures morales qui s’éloignaient peu à peu, sombrant dans ce gouffre sans fin appelé l’oubli. Mais ces insupportables souvenirs n’iraient pas loin, elle le savait. Ils resteraient cachés à l’extrémité du gouffre, dissimulant leur apparence mais non leur présence, se tenant prêts à ressurgir au moment opportun… Ces sombres pensées firent frissonner la jeune fille, mais elle s’en débarrassa rapidement. Elle s’approcha de la porte et l’entrouvrit légèrement. Elle inspecta le couloir d’un œil et ne vit personne. Surprise, Chloé ouvrit tout grand la porte de sa chambre et fit face au long vouloir désert. Plus un bruit ne lui parvenait, le lourd silence avait de nouveau reprit possession des lieux. Confuse, elle resta un instant sur le seuil de la chambre et tendit à nouveau l’oreille. Oui, il y avait effectivement quelqu’un, et le son semblait maintenant provenir de la chambre de Lex. Sans l’ombre d’une hésitation, Chloé se dirigea vers la porte et frappa doucement. Aucune réponse ne se fit entendre. Intriguée, elle entrebâilla légèrement la lourde porte de bois, et risqua un coup d’œil à l’intérieur. De nouveau, pas un bruit. Elle s’avança lentement dans la grande chambre et s’arrêta quelques mètres plus loin, inquiète. Le son de sa propre respiration s’amplifia dans cet épais silence, et le rythme devint quelque peu saccadé. Malgré elle, Chloé sentait des frissons lui parcourir l’échine. Elle n’aurait pas dû se trouver ici, elle le savait. Elle sentait presque inconsciemment la présence d’un élément hostile tout près d’elle, mais ne pouvait expliquer cette réaction. Tous ses sens étaient en alerte, sans qu’elle sache réellement pourquoi. Soudain, un grincement presque inaudible se fit entendre dans son dos, et la jeune blonde fit brusquement volte-face. Personne. La porte entrouverte n’avait pas bougé, laissant discerner par son entrebâillement l’inquiétant filet noir du grand couloir qu’elle bordait. Faignant le soulagement, elle soupira de s’être laissée aller pour rien, comme une gamin débutante qui jouerait à se faire peur toute seule. Mais au fond d’elle, elle ressentait bien plus fort qu’elle ne l’aurait voulu cette présence terrifiante et toute proche, beaucoup trop proche…



<_Bonjour Chlo…>

La jeune file poussa un cri et se retourna, tremblante.





Chapitre 15








Lex écoutait gravement Lana. D’après elle, Tom Parquer ne pouvait pas être l’agresseur de Chloé. Celui-ci avait déjà été arrêté la nuit de l’agression pour détention illicite de drogue en voiture, et il avait passé la nuit au poste. Il avait effectivement agressé une jeune fille il y a peu de temps, mais celle-ci avait été identifiée et il ne s’agissait évidemment pas de Chloé Sullivan. Cette piste était fausse, il leur fallait tout recommencer à zéro. Dépités, Lana et Clark ne savaient que dire ou faire, face à une situation des plus désespérées. Lex, cependant, ne laissait apparaître qu’une expression songeuse, et pas une ombre de déception en passa sur son visage. A croire qu’il n’avait pas entendu ce que la jeune fille brune venait de lui annoncer, ou, ce qui était peu probable, qu’il s’en fichait éperdument.



<_Lex, ça ne va pas ? , s’enquit Lana, surprise de la réaction du milliardaire.

Interrompu dans ses réflexions, Lex leva la tête et plongea son regard bleu dans les yeux de Lana. Celle-ci fut étonnée d’y trouver ce qui ressemblait à de la peur. Elle ne l’aurait jamais cru capable d’éprouver un tel sentiment un jour. Elle y lut également de la tristesse, sentiment plus accessible pour Lex mais qui néanmoins restait inhabituel.



_Lex ? , répéta Clark.



_Je ne sais pas, répondit l’intéressé à la question de Lana. J’ai un mauvais pressentiment.



_A quel sujet ? , demanda Clark.

Lex sourit, décidé à ne pas s’étendre sur le sujet. Il ne voulait pas les inquiéter inutilement, et c’est très certainement ce qui se passerait s’il continuait à parler de cette étrange sensation qu’il avait subitement ressentie et qui l’avait mis si mal à l’aise.



_Ca n’a pas d’importance, oublie ce que j’ai dit. Je vais aller voir Chloé pour lui apprendre ce que tu viens de me dire, ajouta-t-il en s’adressant à Lana. Je l’ai laissé seule depuis un moment déjà, et je ne voudrais pas qu’elle s’inquiète.

Clark parut amusé par la réplique de lex. Il ne put s’empêcher de dire à son ami :



_Chloé n’est pas en sucre Lex, c’est même plutôt le contraire ! Je ne pense pas qu’une minute de solitude la fasse dépérir, crois-moi.

Lex sourit malgré lui, mais ne trouva rien à répondre. Comment expliquer à Clark qu’il devait absolument rentrer au manoir parce qu’une étrange sensation qu’il ne pouvait ni nommer ni expliquer lui intimer l’ordre de le faire ? C’était absurde, et pourtant le jeune milliardaire ne pouvait s’empêcher d’être inquiet, d’une peur sourde et silencieuse qui le rendait mal à l’aise et nerveux.



_Je préfère rentrer Clark. Je vous rappellerais.

Et sans laisser à ses deux amis le temps de répondre, Lex s’empressa de descendre les escaliers d’un pas ferme et rapide, évitant soigneusement de regarder en arrière.

Il s’engouffra dans sa voiture de luxe et démarra en trombe. Il avait rarement été aussi inquiet, et jamais sans en connaître les raisons. Cette impuissance face au contrôle de lui-même le rendait fou. Il aurait voulu s’expliquer sa panique, la rendre compréhensible, mais il en était incapable. Tout comme il était incapable de dire pourquoi il se dirigeait à présent vers le manoir à une allure folle, et que toutes ses pensée étaient dirigées vers Chloé, seule dans cette immense maison.

_Tu te souviens de moi ?



_Oh mon dieu ! C’était vous ?

L’homme eut un rire ironique.



_Moi ou un autre, qu’est-ce que ça change ?

Chloé faisait à présent face à l’homme debout devant elle. Elle tremblait de tous ses membres, paralysée par la peur et la stupéfaction.



_Pourquoi ?

Une lueur de terreur traversa les yeux de la jeune fille lorsqu’elle vit l’homme se rapprocher à pas lents et posés. Elle recula instinctivement, sachant pertinemment qu’il aurait le dessus quoi qu’elle fasse.

Un nouveau sourire assombrit plus qu’il n’éclaira le visage de cet homme.



_A ta place j’éviterais de poser des questions inutiles. Vois-tu…tu n’es pas vraiment en position de force.



_Les questions c’est tout ce qu’il me reste ! , répliqua effrontément Chloé.



_Si tu crois ça, c’est que tu es plus sotte que je ne le pensais ! Non Chlo, tu as quelque chose de beaucoup plus passionnant qui m’intéresse…



_Quoi que ce soit, ne comptez-pas sur moi pour vous le rendre !



_Sais-tu au moins de quoi je parle ?

La jeune fille se força à réfléchir rapidement, faisant abstraction de la situation alarmante.



_Cette chose que vous m’avez injecté ?

Un éclair d’admiration passa dans les yeux de l’homme.



_Ton intelligence ne t’a finalement pas délaissé à ce que je vois. C’est exact. Et sais-tu quelle-est cette chose ?



_Je n’en ai pas la moindre idée…



_Allons ! Réfléchis bien, n’as-tu pas eu des réactions étranges ces derniers temps, rien ne t’a pas paru bizarre ?



_Comment osez-vous me demander ça, espèce de monstre ! Après ce que vous m’avez fait subir !

L’homme ne parut pas un instant affecté par cette insulte ni par l’insolence de la jeune fille. Seule une expression lasse et agacée se peignit sur ses traits durs, avant qu’il ne réplique d’une voix forte :



_Ma question n’a rien à voir avec ça et tu le sais bien ! Cependant, je te conseille de ne pas trop aborder ce sujet-là. Tu pourrais me donner envie de recommencer…

Ouvrant de grands yeux effarés, Chloé recula de nouveau en voyant l’homme se rapprocher encore plus près d’elle. Mais au second pas qu’elle fit, son pied butta contre la descente de lit et elle perdit l’équilibre. Ses jambes, déjà fragiles sous l’effet de la peur, fléchirent et elle tomba assise sur le grand lit de Lex.

Devant l’ironie de la situation, l’agresseur de Chloé ne put s’empêcher de retrouver le sourire, sans pour autant s’arrêter d’avancer. Chloé recula doucement sur le lit, mais l’homme fit brusquement un bond en avant et lui saisit les deux bras.



_Ne me facilite pas la tâche Chlo, le jeu devient moins amusant !



_Ne me touchez-pas !



_Réponds à ma question !

Des larmes de rage et de craintes roulaient à présent sur les joues de la jeune fille. Elle réussit pourtant à répondre, dans un souffle où se mêlaient ses sanglots et sa colère :



_Oui…



_Parfait !

L’homme desserra légèrement son étreinte.



_Continue.

L’ordre ne souffrait pas de refus.



_Je ne sais pas de quoi il s’agit. C’est…des sortes de flash. Je vois des hommes, des docteurs ou des scientifiques je crois. Si je me concentre assez fort, je peux comprendre ce qu’ils disent. Ils me parlent également, comme si j’étais une des leur, et je leur réponds…parfois.



_Qu’est-ce que tu leur dis ?



_Je ne sais pas. Je ne l’ai pas compris.



_Et les scientifiques, que disent-ils ?

Chloé se mordit la langue à temps pour ne pas trahir son ami. Elle chercha un instant ses mots, puis continua d’une voix tremblante :



_Ils parlent d’une affaire. Un adolescent je crois. Je ne sais pas de quoi il s’agit, je n’ai pas tout compris. Ils font des recherches sur lui je pense.

La jeune fille s’interrompit, à cours de paroles.



_C’est tout ?

Elle hocha doucement la tête.



_Tu sais que ce n’est pas bien de mentir petite fille ?

La pression sur ses poignets se fit plus forte, au point qu’elle ne put retenir un cri.



_Tu le sais, n’est-ce pas ?



_Je ne mens pas, je vous jure !



_C’est possible…

Sus yeux se fixèrent longuement dans ceux de la jeune blonde, et une flamme vive et pressante s’y alluma lentement.



_Tu es toujours aussi belle…

Les deux mains qui retenaient ses poignets se firent caressantes. Chloé reconnu aussitôt ce contact, qu’elle avait espérait ne plus jamais ressentir durant toute sa vie. Elle se surprit à penser aux caresses si attachantes de Lex, à ses baisers si attirants. Jamais il ne permettrait que cet homme-là la touche comme il le faisait à présent. Et elle ne le permettrait pas non plus. Pas une seconde fois. Retrouvant pour un instant au moins toute sa vigueur, elle replia rapidement les jambes et dirigea un violent coup sur son agresseur. L’homme, plus surpris que blessé, se recula vivement, lâchant sa prise. Chloé en profita pour s’extraire du lit, et couru vers la porte de la chambre. Mais elle ne fut pas assez rapide. L’homme, ayant vite repris ses esprit, n’entendait pas la laisser partir ainsi. Il l’attrapa avant qu’elle n’atteigne la poignée et la retourna vivement contre la porte, lui faisant face. Dans son regard brillait une nouvelle lumière, celle de la démence qui prenait peu à peu possession du peu de lucidité qu’il lui restait.

Ne retenant pas son coup, il frappa la jeune fille au visage et l’envoya brutalement au sol.

Chloé gémi sous le choc, mais ne perdit pas connaissance. De petites gouttes de sang glissèrent lentement de sa tête avant de s’écraser platement sur le tapis de luxe, y laissant de sombre taches rouges.

Encore assommée, elle tenta de se relever mais ne parvint qu’à rouler maladroitement sur le côté.

Un sourire fou aux lèvres, l’homme se dirigea de nouveau vers elle et s’agenouilla.

Chloé, sans force, perdant courage, trouva pourtant l’audace de lui demander à nouveau :



_Pourquoi…



_Il y a tant de façon de répondre à cette simple question… Ne pourrais-tu pas être plus précise ?

Lui lançant un regard dégoûté, Chloé articula de nouveau :



_Pourquoi moi ?

Un rire contraint sortit de la gorge de l’homme.



_Mais parce que tu étais là, tout simplement… Il me fallait trouver rapidement un sujet pour tester ma nouvelle expérience, et tu t’es trouvée au mauvais endroit au mauvais moment.



_Faux !, murmura doucement Chloé. Vous connaissiez mon nom, vous saviez que j’allais rester tard ce soir là au lycée, et vous saviez que je serais seule…



_Ah, ma chère Chloé… Tu m’étonneras toujours ! Et bien puisque tu es décidée à savoir toute la vérité, je suppose que rien ne t’en empêchera…

L’ironie de ses paroles face à la situation laissa la jeune fille de marbre. Elle ne pouvait plus qu’écouter, en priant pour que quelqu’un arrive au plus vite pour la sortir des griffes de ce monstre.



_Tout bien réfléchis, je pense que t’expliquer la situation ne servirais pas à grand chose, compte tenu de ta durée de vie …comment dirais-je ? Relativement limitée à présent.

Laissant à Chloé quelques secondes pour comprendre ce que signifiaient ces paroles, il passa doucement sa main dans les cheveux blonds de la jeune fille, qui frissonna en sentant sa main la toucher.



_Je suppose que tu as compris ce que je voulais dire… Je pourrais te dire que je suis désolé, et te raconter que je n’y suis pour rien dans ce qui va t’arriver. Mais bien entendu ce serait faux et tu le sais. Tu es une jeune fille intelligente Chlo, bien plus intelligente que la plupart des autres jeunes gens que je connais. C’est d’ailleurs pour cela que je me suis intéressé à toi. Ta force de caractère et ton ambition auraient pu te mener loin…

Il réfléchit un court instant à ce qu’il venait de dire, et susurra au creux de son oreille : <Nous mener loin !>

Il se tût de nouveau, son regard se perdant encore une fois dans le vide, prenant cette allure folle et effrayante qui laissait transparaître le degré de folie atteint par son cerveau malade. Mais cette lueur disparut aussi soudainement qu’elle était apparut, et l’homme reporta toute son attention sur la jeune fille impuissante devant lui.



_Ce serait tout de même dommage de ne pas profiter une dernière fois de ce qu’il te reste à offrir, n’est-ce pas ?

Chloé cria lorsqu’elle sentit la bouche de l’homme se presser contre la sienne. Elle tenta de se débattre mais fut rapidement immobilisée, à la fois par la violence de cet homme, mais aussi par sa folie meurtrière qui décuplait ses forces et sa bestialité.

Ses cris se perdirent sous les assauts de l’homme, qui se faisait de plus en plus pressant.









Ils n’entendirent pas la porte de la pièce s’ouvrir brutalement, et ne virent pas non plus Lex apparaître sur le seuil, inquiet. Ses traits se déformèrent lorsqu’il vit ce qui était en train de se passer dans cette chambre. Sans prendre le temps de réfléchir, il se rua vers le sombre couple en hurlant d’une voix méconnaissable :



<_Papa ! Lâche-la !



En entendant l’appel de son fils, Lionel se retourna précipitamment mais n’eut pas le temps d’apercevoir le visage de Lex. Ce-dernier lui assena un coup de point au visage qui le fit reculer puis s’écrouler quelques mètres plus loin.

Se désintéressant totalement de l’état de son père, Lex se précipita vers Chloé qui gisait, à demi-inconsciente, sur le sol.



_Chloé ! Chloé répond-moi ! Est-ce que ça va?

Mais en apercevant le mince filet de sang qui coulait le long de sa tête et les bleus sur ses bras, il comprit que ça n’allait pas du tout. Jetant un rapide coup d’œil vers son géniteur pour s’assurer que ce-dernier était bien assommé, il se précipita dans la pièce la plus proche qui possédait un téléphone.

Dès qu’il eut appelé les urgences, Lex retourna précipitamment dans sa chambre et tomba à genoux devant Chloé. Il la prit délicatement dans ses bras, et ce fut seulement à ce moment précis qu’il s’aperçut qu’elle était toujours consciente.

_Chloé, c’est bon tout est fini… Parle-moi je t’en pris ! Dis quelque chose, ne pars pas !

Malgré lui, une larme avait roulé le long de sa joue. Depuis quand n’avait-il pas pleuré ? Une éternité…Mais si elle le quittait là, ce soir et dans ses bras, il passerait le reste de sa vie à pleurer. Lui qui avait enfin trouvé le bonheur, il ne supporterait pas qu’il s’en aille une fois de plus, comme il s’en était allé avec sa mère il y des années de cela. Et si ce bonheur lui était arraché par celui qu’il haïssait le plus au monde, l’homme qui s’était chargé de rendre sa vie plus détestable de jour en jour, jamais plus il ne pourrait vivre comme aujourd’hui. Lentement, à travers une vision brouillée, il vit les yeux de sa Chloé se fermer sous une grimace de douleur. Perdu, il cria une dernière fois :



_Chloé ! Ne me quittes pas ! Je t’en pris, ne me laisse pas seul ! Chloé…

Sa voix se perdit dans ses sanglots, qu’il tenta d’étouffer sans succès. Oui, Lex Luthor pleurait car il avait mal, un mal si profond qu’il semblait sortir tout droit du fond même de ses entrailles. Un mal qui le déchirait et qui était en train de le perdre, qui le rongerait entièrement si le souffle de la jeune fille qu’il berçait maladroitement s’arrêtait. Au fond, il était peut-être plus humain qu’il ne le pensait…



Un léger bruit le fit brusquement revenir à lui.



_Lex ?

Ce-dernier fit volte-face. Son père reprenait difficilement conscience.



_Si tu fais le moindre geste, je te tue.

Lionel tenta de sourire, mais ce fut un sourire crispé sous la douleur qui apparut sur son visage. Le coup de son fils l’avait sérieusement touché.



_Voyons Lex… Tu ne ferais pas de mal à ton vieux père, n’est-ce pas ?



_Tu es encore en pleine santé d’après ce que j’ai vu.

Il respira calmement pour reprendre le contrôle de lui-même, et ajouta, tremblant de colère :



_Comment as-tu pu ?



_Calme-toi mon fils, tu perds le contrôle…



_Epargne-moi tes leçons de morale ! , hurla le jeune homme. Je t’ai posé une question !



_Hum ? , grogna Lionel d’un air faussement étonné. Oh oui, bien sûr ! Le pouvoir mon fils. Et la vengeance… Deux choses essentielles en ce monde.



_Ce ne sont pas les plus importantes.



_Ce sont les dominantes !

Excédé, tenant encore le corps inerte de Chloé qui respirait de plus en plus faiblement entre ses bras, Lex dit d’un ton impérieux :



_Continu !



_Et bien et bien Lex, que d’empressement !



_La femme que j’aime agonise dans mes bras, et les autorités vont venir t’arrêter d’une minute à l’autre. Je préférerais entendre ta version plutôt que celle de tes avocats, c’est tout. Maintenant si tu ne veux pas parler, parfait. Mais je ne veux plus entendre le son de ta voix.

Sur ces paroles, Lex se désintéressa totalement de l’homme blessé derrière lui. Un silence pesant s’installa, et les secondes s’écoulèrent lentement dans la grande chambre sinistre. Soudain…



_Le but de cette opération était d’infiltrer n’importe quel projet, scientifique ou autre.

Lex ne se retourna même pas. Il se contenta d’écouter son père en silence.



_Nous avions crée un sérum capable de prendre potentiellement le contrôle d’un employé présent dans le projet, déterminé à l’avance – ce-dernier n’étant bien sûr pas au courant de l’expérience. Je passe sur les parties techniques de l’affaire pour en venir plus précisément au but de cette action : voir et entendre tout ce que l’employé voit et entend sans que celui-ci ne se rende compte de rien. Il parle, regarde et écoute comme tous les jours, si ce n’est qu’une autre personne le fait également avec lui sans aucune possibilité d’intervenir.



N’obtenant aucune réaction de son fils, Lionel continua posément :



_Pourtant, alors que l’expérience était presque au point, les dirigeants de cette opération, sur lesquels je n’ai- et je le déplore – aucun contrôle, ont préféré arrêter le projet sous prétexte de « violation du droit fondamental et privé qu’est la pensée ». Sentiment très noble de leur part mais qui me paraît déplacé si l’on reconsidère certaines de leurs expériences… Toujours est-il que j’ai décidé de tester moi-même le sérum sur quelqu’un. Seulement, il me fallait un sujet idéal que j’ai eu beaucoup de mal à trouver. J’avais besoin d’une personne jeune – et donc plus résistante. Mais je ne voulais pas n’importe qui, bien sûr… Je voulais également mettre à l’épreuve un caractère fort et voir jusqu’où pouvait aller la résistance du sujet…



_Et si au passage tu brisais une vie, ça n’avait aucune importance, n’est-ce pas ?



_Oh… Lex, Lex ! Qu’est-ce qu’une vie ? Rien si elle ne compte pas…



_Et d’après toi, quand est-ce qu’une vie compte ?



_Je t’en pris mon fils, ne commence pas avec ta morale et tes sermons sur la vie et ses bienfaits. Ne veux-tu pas savoir la suite ?

Le jeune milliardaire acquiesça d’un geste de la tête.



_J’étais donc à la recherche d’un adolescent à fort caractère, et j’ai évidemment tout de suite songé à ton ami Clark Kent. Mais tu étais si proche de lui que j’ai pensé plus sage de le laisser en dehors de cette histoire. C’est alors que je t’entends parler vaguement de cette fille de directeur, Chloé Sullivan, adepte du franc-parler. Je t’avoue qu’au début, je n’ai fait qu’effleurer l’idée car son poste de rédactrice en chef me paraissait dangereux et trop exposé pour la suite de l’expérience. Mais après avoir mené ma petite enquête et regardé évoluer cette fille, j’ai été pris d’un véritable attachement pour elle…



_Et tu ne t’es pas gêné pour l’étaler de manière odieuse !



_Epargne-moi tes bonnes paroles s’il te plaît ! Je savais ce que je faisais !

Lex cru avoir mal entendu. Il se retourna complètement et plongea ses yeux dans ceux de son père.



_Ainsi tu n’as aucun remords ?

Un fin sourire apparut sur le visage du père milliardaire.



_Je devrais ? Tu oublis mon nom et le tiens par la même occasion, fils ! Tu es un Luthor ! Ce que tu désires est un fait acquis. Je désirais cette jeune personne et je l’ai prise. C’est la loi du plus fort Lex, le monde a toujours tourné ainsi !



Une expression indéfinissable s’était peinte sur les traits de Lex. Il regardait avec incrédulité l’homme qui se tenait devant lui et qu’il avait pris un instant pour son père. Mais, il était évident que cet homme n’était pas son père, il ne l’était plus.

La vérité éclata devant Lex, limpide, transparente. Si évidente qu’il se surprenait de ne pas y avoir pensé plus tôt. L’argent rendait fou, disait-on. Et bien son père avait lui aussi, comme tant d’autre, sombré dans cette folie destructrice et maladive, apportée et entretenue par l’argent. L’étrange lumière qui luisait à présent au milieu de ses yeux ne faisait que confirmer ce que le jeune homme venait de comprendre. La démence, à l’état pur, celle qui possède et domine si vite que rien ne peut l’arrêter, avait élu domicile dans le cœur déjà froid de Lionel Luthor. Elle s’était chargée de le rendre glacé à jamais, sans aucun espoir de retour en arrière. C’était elle qui avait été la plus forte. Lionel avait été vaincu, et depuis peut-être un certain temps déjà.

Comprenant cela, Lex sourit tristement à son père et répliqua à sa dernière remarque :



_Oui, c’est la loi du plus fort qui régis le monde, papa…

A peine avait-il finit sa phrase qu’une armée de médecins et policiers débarquèrent dans la chambre. Les uns se ruèrent sur la jeune blessée, pendant que les autres su précipitaient vers le milliardaire encore à terre, blessé lui aussi au visage, là où l’avait frappé son fils. Alors que des policiers encerclaient les poignets de l’illustre Lionel avec des bracelets de fer, ce dernier se tourna vers son fils et lui dit :



_Tu seras sûrement intéressé de savoir que l’affaire dont s’occupait Chloé m’appartenait… C’est moi qui dirigeais cette enquête sur Clark Kent.

Lex fixait son père d’un œil froid. Il demanda d’une voix glaciale, connaissant déjà la réponse :



_Où était l’intérêt de faire suivre une enquête que tu dirigeais ?



_Mais vérifier la fiabilité du sérum évidemment ! , s’exclama Lionel, heureux de la question de son fils, ne prêtant même plus attention aux policiers et menottes qui lui attachaient les mains.



_Et qu’est devenue cette opération ?



_Elle a été supprimée, déclara Lionel d’une voix neutre. Pour manque de preuves.

Lex fut soulagé d’apprendre une telle nouvelle. Clark était en sécurité, du moins pour l’instant. Et si Lionel connaissait certains faits, personne ne le croirait s’il parlait. Pas là où il se trouverait, Lex y veillerais.

Lorsque les policiers emmenèrent le père de Lex, ce-dernier se retourna une dernière fois vers son fils et lui cria :



_Je suis tout puissant Lex ! Tu sais que tu ne pourras pas me retenir en prison très longtemps ! N’est-ce pas Lex, tu le sais ?



<Mais si tu allais seulement en prison…> songea le jeune milliardaire, en suivant les hommes qui emmenaient Chloé dans l’ambulance.

Deux mois plus tard…










Cela avait été la dernière fois que Lex avait vu son père. Jamais il ne s’aventura dans cet hôpital psychiatrique, à l’autre bout du pays, où il l’avait fait placer sous étroite surveillance. Il recevait les meilleurs soins, mais Lex savait au fond de lui qu’il ne guérirait jamais. Il l’avait compris lorsqu’il avait vu ses yeux déments regarder Chloé comme une victoire de plus, elle qui n’était qu’une jeune fille blessée et humiliée.



La jeune reporter se remit assez rapidement de ses blessures, peut-être plus morales que physiques. Elle n’avait souffert que de commotions moyennes, mais Lex avait insisté pour lui faire passer une série d’examen préventifs. Il fit venir pour elle les meilleures médecins de Métropolis, et resta à son chevet aussi souvent qu’il le pu – c’est à dire chaque fois que les infirmières de services ne vociféraient pas contre lui sous prétexte qu’il fatiguait la malade. Chloé fut touchée de ses attentions, qui non seulement la faisait aimer Lex plus que tout, mais qui lui permettait de se remettre plus vite et avec courage de ce qu’elle avait vécu.

Elle reçut de nombreuses visites, notamment de son père, à qui Lex avait fait dire qu’elle suivait un stage-concours au Daily Planet. Celui-ci appris avec horreur la nouvelle, et voulu tout d’abord porter plainte contre Lex, qui lui avait menti délibérément. Mais sa fille, à force d’explications et de supplications, parvint à le faire changer d’avis. L’amour que son père lui portait eut raison de ce différent.

Clark, Lana et Pete vinrent également lui rendre visite. Le secret de Clark fut dévoilé à Pete, qui se fâcha non seulement de ne pas avoir été mis au courant avant, mais aussi de ne pas avoir été prévenue de l’état de Chloé. Là aussi, beaucoup d’explications et de patience furent nécessaires pour permettre au jeune homme d’accepter les faits. Mais il y parvint, et changea même d’opinion en ce qui concernait Lex, du moins en partie. Avec le temps, il apprendrait qu’un homme ne vaut pas par son nom, mais par ses actes. Et il comprendrait peut-être que celui dont été tombé amoureuse sa meilleure amie n’était autre qu’un jeune milliardaire perturbé dans son enfance, qui ne demandait qu’à se faire aimer.



Lionel, dans sa folie, avait tout avoué - précisant même que l’effet du sérum était très temporaire, et que les visions de Chloé disparaîtraient rapidement. Ses déclarations avaient servi, en plus des accusations de Lex et de Chloé, qui avait finalement porté plainte, à le faire interner plus facilement. La LuthorCorp était désormais dirigée par Lex, à la tête d’un des empires les plus puissants du monde, depuis qu’il avait regroupé ensemble la Luthor et LexCorp. Pourtant, alors que son statut de milliardaire puissant et reconnu était à son apogée, Lex ne fut jamais aussi souvent à Smallville, près de celle qu’il aimait. Il avait vu les ravages que pouvait faire l’argent et le pouvoir dans le cœur endurci d’un homme. Et pour rien au monde il n’aurait accepté de perpétuer le cycle. La malédiction des Luthor, si malédiction il y avait jamais eu sur sa famille, ne passerait pas par lui, il le savait. Tout ce qui comptait à présent dans sa vie, Chloé, les Kent et ses - vrais - amis, se trouvaient à Smallville. Rien ne pourrait faire changer ça, plus maintenant du moins. Cette apparition blonde au beau milieu de la nuit avait changé sa vie de façon irrémédiable, c’était certain. Et si c’était un jour à refaire, il n’hésiterait pas à bondir une fois de plus sur le téléphone, et à sauter dans sa voiture en pleine nuit pour aller porter secours à son meilleur ami et à celle qui deviendrait bien plus tard sa femme…



<Oui, pensait-il alors qu’il passait son bras autours des épaules de Chloé. Tout a changé cette nuit-là. Rien ne sera comme il aurait dû être, et c’est beaucoup mieux ainsi…> Ses pensées se perdirent au milieu des rires de Clark et Lana qui s’enlaçaient, trempés, sur les marches de l’immense piscine de leur ami milliardaire…







FIN